Eglises d'Asie – Sri Lanka
L’ex-président Sirisena devra payer une compensation aux victimes des attentats de 2019
Publié le 14/01/2023
La Cour suprême sri-lankaise a ordonné à l’ex-président Maithripala Sirisena, 71 ans, ainsi qu’à d’anciens hauts responsables des renseignements et du ministère de la Défense, de verser une compensation totale de 310 millions de roupies (environ 783 115 euros) aux familles des victimes des attentats du dimanche de Pâques 2019.
Dans sa décision, annoncée le 12 janvier, la Cour a souligné un échec « irresponsable » des services secrets, selon The Hindu. « Un Fonds pour les victimes doit être établi au Bureau des réparations [une instance créée par l’ancien gouvernement en 2018], qui doit formuler un plan afin de remettre les sommes demandées en compensation aux victimes et aux familles de manière juste et équitable », a souligné la décision de la Cour.
Pujith Jayasundara, ancien inspecteur général de police (IGP), Hemasiri Fernando, ancien secrétaire du ministère la Défense, ainsi que Nilantha Jayawardene et Sisira Mendis, anciens responsables des renseignements nationaux, font partie des autres personnalités visées. Tous ont été jugés coupables de ne pas avoir déjoué le massacre, par leur négligence en ne prenant pas de mesures appropriées malgré de sérieuses alertes des renseignements (dès le 4 avril, trois semaines avant les attaques).
Maithripala Sirisena devra payer 100 millions de roupies (252 700 euros), tandis que les autres devront verser un total de 210 millions de roupies (530 675 euros). Les compensations financières devront être payées à partir de leurs fonds personnels. La Cour suprême a également demandé au gouvernement fédéral de verser un million de roupies en compensation à chacune des victimes (un peu plus de 2 500 euros).
« Comme prêtre, j’ai essayé de me battre pour rendre justice aux victimes »
Le verdict a été annoncé par un panel de sept juges sur la base de 13 pétitions déposées par des victimes des attaques, des prêtres catholiques et l’Association sri-lankaise du barreau (Sri Lankan Bar Association).
Les juges ont reconnu que l’État devait payer une compensation pour la souffrance, l’agonie, la peine et la destruction subies par les victimes et leurs familles. Les sommes demandées s’ajouteront aux compensations que l’État a décidé de verser de lui-même et à propos desquelles un rapport a été demandé par le Bureau du procureur général. Le juge Jagath Gamini Perera, qui représentait les plaignants, a salué une décision historique.
Le père Sarath Iddamalgoda, qui fait partie des plaignants, a réagi en soulignant que cette décision est un juste rappel que même si des dirigeants pensent pouvoir agir à leur guise en toute impunité, personne n’est au-dessus de la loi. Le père Iddamalgoda, interrogé le 12 janvier, a ajouté qu’il n’aurait pas pu rêver mieux pour son 78e anniversaire. « Comme prêtre, j’ai essayé de me battre pour rendre justice aux victimes. Mais le cerveau derrière les attaques n’a toujours pas été identifié. Nous attendons qu’il soit enfin capturé », a poursuivi le prêtre.
De son côté, Brito Fernando, un militant sri-lankais pour les droits de l’homme, a salué l’ordre de la Cour comme « une grande victoire » pour les victimes du 21 avril 2019 et pour tous ceux qui luttent comme lui pour leurs droits. Le père Jude Chrisantha, directeur des communications sociales de l’archidiocèse de Colombo, espère également qu’avec cette décision de justice, les dirigeants politiques et hauts fonctionnaires du pays ne se soustrairont plus à leurs responsabilités.
La pire attaque terroriste depuis la fin de la guerre civile sri-lankaise
Durant les attaques de Pâques 2019, une série d’attentats suicide a entraîné un total de 279 personnes tuées (dont 45 étrangers) dans trois églises et trois hôtels de la capitale, près de Negombo et dans la ville de Batticaloa. Près de 500 personnes ont été blessées dans les attaques qui ont ébranlé et choqué toute la population de l’île durant les fêtes pascales. Il s’agit de la pire attaque terroriste à avoir frappé l’État insulaire depuis la fin de la guerre civile (1983-2009).
L’ordre de la Cour suprême est significatif pour les survivants et les familles des victimes décédées dans les attentats, alors que les enquêtes se poursuivent toujours. L’Église catholique locale s’est justement montrée très critique contre le manque de progression des investigations.
Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a défendu cette cause continuellement depuis les attaques, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger, y compris au Vatican et auprès du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, en soutenant que ces attentats ne sont « pas simplement l’œuvre d’extrémistes » mais qu’elles font partie d’un « vaste complot politique ».
(Avec Ucanews et Asianews)
CRÉDITS
Ucanews