Eglises d'Asie

L’opposition birmane dénonce la visite de Hun Sen, Premier ministre cambodgien et président actuel de l’Asean

Publié le 08/01/2022




Le 7 janvier, le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, a entamé une visite officielle en Birmanie, devenant le premier chef d’État à visiter le pays en crise depuis le coup d’État du 1er février, alors que le Cambodge assume actuellement la présidence de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est). Une décision qui se démarque des décisions précédentes de l’Asean, qui a écarté le général Min Aung Hlaing, chef de la junte, de ses dernières rencontres.

Hun Sen (ici à gauche lors d’un sommet de l’Asean en avril 2021) s’est rendu en Birmanie le 7 janvier.

La visite du Premier ministre cambodgien Hun Sen en Birmanie a provoqué la colère de la population locale, toujours en proie aux conflits, en suscitant des manifestations de la part des opposants à la junte et de plusieurs ONG. Le 6 janvier, un jour avant la visite, des groupes de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs villes et villages et à Mandalay, afin de brûler des affiches à l’effigie du Hun Sen et en lançant des slogans comme « nous ne voulons pas du dictateur Hun Sen ». Ils ont également affiché des pancartes disant « nous n’avons pas besoin de Hun Sen, vous n’êtes pas le bienvenu en Birmanie ».

L’opposition birmane et plusieurs organisations engagées sur le terrain craignent que la visite du chef d’État cambodgien, qui débutait ce vendredi 7 janvier, ne légitimise la junte militaire et son dirigeant, le général Min Aung Hlaing, responsables du coup d’État du 1er février 2021 et du renversement du gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi.

Le groupe GSCB (General Strike Coordination Body), rassemblant plus de 260 organisations à travers la Birmanie, s’est opposé au coup d’État et a accusé Hun Sen de soutenir la junte militaire. Plusieurs ONG ont également appelé Hun Sen à annuler sa visite. « Le peuple de Birmanie a vraiment envoyé un message fort en soulignant que Hun Sen n’est pas le bienvenu en Birmanie. Ils sont en colère car ils craignent qu’il n’apporte une légitimité à cette junte qui terrorise le pays tout entier », a déclaré Khin Ohmar, du groupe Progressive Voice, dans une conférence de presse organisée en ligne le 6 janvier.

« Cette diplomatie provocante risque de faire plus de mal que de bien »

De son côté, Emerlynne Gilhas, directrice régionale adjointe d’Amnesty International, a appelé le Premier ministre du Cambodge à annuler son voyage et à préférer les actions pour les droits de l’homme aux gestes vides de sens. Le Cambodge assume actuellement la présidence de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), et Hun Sen devient le premier chef de gouvernement à visiter la Birmanie, dont le régime militaire est resté isolé du monde depuis le début de la crise politique. L’Asean a tenté des efforts diplomatiques pour résoudre la crise birmane. Min Aung Hlaing n’a pas pu prendre part aux derniers sommets, après avoir échoué à appliquer un consensus de paix en cinq points adopté en avril 2021.

« La diplomatie provocante de Hun Sen risque de faire plus de mal que de bien en se démarquant des réponses de l’Asean à la crise birmane, et en envoyant un message confus au général Min Aung Hlaing, responsable du coup d’État, qui a pourtant été écarté des dernières rencontres de l’Asean », a souligné Emerlynne Gilhas. Elle a ajouté que « si Hun Sen veut vraiment aider, il faut annuler son voyage et amener l’Asean à entreprendre une action forte afin de pousser le pays à faire face à la situation déplorable des droits de l’homme ». La junte birmane a été accusée d’atrocités, de tortures et d’assassinats contre des civils, ainsi que des arrestations arbitraires, des églises et des habitations visées. Presque 1 400 personnes sont décédées en plus de onze mois.

(Avec Ucanews)