Eglises d'Asie

L’opposition et les responsables religieux réagissent à la crise au Sri Lanka

Publié le 16/03/2022




Le 15 mars au soir à Colombo, les principaux représentants de l’opposition ont appelé à organiser une manifestation massive afin de dénoncer la gestion de la crise économique qui s’aggrave au Sri Lanka. Des longues files d’attente de plusieurs heures sont observées devant les stations-service, et les habitants subissent des pénuries de gaz, de lait, de carburant et de ciment. « Les défaillances s’accumulent de jour en jour, et les gens subissent une situation plus catastrophique que jamais », alerte le vénérable Muruttetuwe Ananda Thera, chancelier de l’Université de Colombo.

Une station d’essence à Habarana, dans la province du Centre-Nord. De nombreux Sri-Lankais subissent une pénurie de gaz et de pétrole, entre autres.

On peut voir de longues files d’attente devant les ventes de bonbonnes de gaz et les stations-service au Sri Lanka, alors que le pays subit également des coupures de courant quotidiennes de plusieurs heures. Le Royaume Uni a averti les citoyens britanniques résidant au Sri Lanka sur la situation économique difficile du pays, avec une pénurie de biens essentiels comme du carburant, des médicaments et de la nourriture. Riddley Nugasinghe, un étudiant de Colombo, explique qu’il y a des pénuries de gaz, de lait, de carburant et de ciment.

« Les gens doivent faire la queue pendant plusieurs heures pour pouvoir emporter des bonbonnes de gaz, et certains sont même forcés de rentrer les mains vides », raconte Riddley, qui a lui-même fait la queue pendant deux jours pour pouvoir acheter du gaz dans la capitale sri-lankaise. « L’augmentation massive du prix de l’essence a entraîné un choc énorme que les gens ne peuvent pas supporter. L’une des principales raisons à cela vient du fait que les opérations de change n’ont pas été gérées correctement. »

Le Sri Lanka est en difficulté et peine à payer ses importations, notamment de gaz, de médicaments, de carburant et de biens alimentaires. La roupie sri-lankaise a chuté de 30 % depuis la semaine dernière, quand le gouvernement a laissé sa monnaie flotter librement. Les autorités ont sollicité les conseils du Fonds monétaire international (FMI) face à l’aggravation de la crise économique.

« Les défaillances s’accumulent de jour en jour »

Le vénérable Muruttetuwe Ananda Thera, moine bouddhiste et chancelier de l’Université de Colombo, assure que les moines bouddhistes sri-lankais sont prêts à faire davantage pression sur le gouvernement. « Nous avons travaillé dur pour former ce gouvernement. Mais les défaillances s’accumulent de jour en jour, et les gens sont forcés de subir une situation plus catastrophique que jamais », déplore-t-il.

Le 3 mars à Negombo, des prêtres et des évêques ont manifesté aux côtés des pêcheurs afin de demander la protection de leurs revenus face à la hausse des prix et à la pénurie de carburant. Un prêtre catholique souligne par ailleurs que les coupures de courant et les pénuries de carburant ont également affecté les activités liturgiques et autres de l’Église locale en ce début de Carême. « Nous manquons de bus pour emmener les enfants à l’école, et avec l’augmentation des tarifs des transports, beaucoup de gens ont du mal à se rendre au travail », ajoute le prêtre, basé à Negombo et qui souhaite rester anonyme.

Il précise que les jeunes étudient à l’aide de lampes à pétrole, que les pêcheurs ne vont plus en mer et que les usines limitent leur production. Udaya Gammanpila, un parlementaire mis à l’écart la semaine dernière, affirme que si les gens sont forcés de faire la queue, ce n’est pas pour une raison valable. Il assure que c’est une tactique délibérée du gouvernement qui entraîne l’effondrement de l’économie. « Ce n’est pas une situation qui est simplement subie mais qui a été provoquée. Actuellement, le gouvernement gagne plus de 750 millions de roupies par jour grâce aux taxes sur les carburants », insiste-t-il. De leur côté, les autorités ont fait appel au FMI afin de demander un soutien technique face à la crise économique. Le 15 mars au soir, les principaux représentants de l’opposition ont également organisé une manifestation massive pour dénoncer la gestion des crises multiples qui frappent le pays.

(Avec Ucanews)