Eglises d'Asie – Chine
« Maranatha ! Viens, Seigneur Jésus » : lettre pastorale du cardinal John Tong Hon pour l’Avent 2019
Publié le 03/12/2019
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Parce que les premiers chrétiens ont cru que le Christ était le seul vrai Dieu et qu’ils ont refusé de reconnaître également César comme un dieu, les Romains les ont considérés comme des traîtres, comme des sujets déloyaux envers l’État, et ils les ont soumis à l’exclusion et à la persécution. Cela a duré trois cents ans. Chaque fois qu’ils se rencontraient, les chrétiens se saluaient les uns les autres avec le mot araméen « Maranatha » (« Viens, Seigneur Jésus ! »), en signe d’encouragement et de mémoire. Parce que les chrétiens croient que le Christ Roi n’est pas qu’un pouvoir temporel, mais qu’il révèle et rend présent le Royaume des Cieux sur la terre. Le Seigneur a promis qu’il reviendrait pour établir le Royaume de Dieu. C’est pourquoi « Maranatha » est le cri des chrétiens en détresse, qui recherchent force et consolation. C’est aussi leur prière alors qu’ils attendent la venue du Prince de la Paix dans la foi. Plus tard, à chaque période de l’Avent, l’Église a commencé à utiliser ce mot, « Maranatha », en signe d’encouragement mutuel. L’idée étant de renforcer sa foi, de rester vigilant, et de discerner les signes des temps alors que nous avançons vers l’avènement du Royaume.
En tant que catholiques de Hong-Kong, durant ce temps de l’Avent, nous ressentons plus que jamais l’urgence de cette prière. Depuis mi-juin, le projet de loi sur l’extradition a conduit de nombreux citoyens hongkongais à se rassembler et à manifester dans la rue. Mais les événements se sont aggravés au cours des derniers mois, malgré le retrait officiel du projet de loi : la suspicion mutuelle, le rejet et l’hostilité entre les groupes de diverses positions politiques ne sont pas apaisés. La situation s’est tendue même entre amis et au sein des familles. L’Église est un microcosme de la société hongkongaise. Ainsi, beaucoup de catholiques souffrent de cette crise sociale, et connaissent le stress, l’anxiété, la dépression ou même la colère ; même leur foi se trouve ébranlée. Comment faire face à cette situation ? Prenons exemple sur les premiers chrétiens, et crions : « Viens, Seigneur Jésus ! Viens nous délivrer des épreuves et des difficultés, viens nous apporter la tranquillité intérieure et la paix durable. » L’expérience des premiers chrétiens nous dit quand ils étaient en prière, ils faisaient l’expérience de la venue du Sauveur. Ils étaient touchés par la consolation, la libération, la guérison et la conversion qu’apporte le Christ Ressuscité.
Accompagner et écouter, raviver l’espérance
Voici des récits bibliques que nous pouvons méditer. Le chapitre 24 de l’Évangile selon saint Luc nous parle de deux disciples qui, après l’échec apparent de Jésus sur la Croix, avaient quitté Jérusalem dans la tristesse, troublés face à l’avenir. Ils ont rencontré Jésus sur la route, en lui racontant leur peine et leur désespoir. Jésus les a écoutés avec patience, avant de leur demander : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24, 26) Les disciples se sont dit plus tard : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32) Parce que Jésus les a écoutés et qu’il a marché avec eux, parce qu’il les a éclairés sur le mystère de la Passion, ils ont reconnu le Christ ressuscité. Ils ont retrouvé espoir et ils sont retournés à Jérusalem pour raconter aux apôtres ce qu’il s’était passé sur la route.
Le chapitre 20 de l’Évangile selon saint Jean raconte la façon dont le Christ ressuscité est apparu à ses disciples. Thomas n’était pas avec eux. Plus tard, quand ce dernier a entendu leur récit, il a refusé de croire. Il fallait qu’il vérifie la vérité par lui-même : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Jn 20, 25) Jésus lui est apparu plus tard avec les apôtres, et l’a invité à examiner ses blessures. Dans le mystère de la Résurrection, Jésus a non seulement montré à Thomas la réalité de la violence, mais il lui a aussi montré comment la Résurrection change la cruauté et la destruction en sacrifice et en don par amour. Finalement, Thomas a cru que même s’il est mort, Jésus est ressuscité et qu’il est toujours vivant aujourd’hui. En mars 2019, le pape François écrivait, dans son exhortation apostolique post-synodale Christus Vivit adressée « aux jeunes et à tout le peuple de Dieu » : « Ton sauveur vit. S’il vit, c’est une garantie que le bien peut se faire un chemin dans notre vie, et que nos fatigues serviront à quelque chose. Nous pouvons cesser de nous plaindre, et regarder en avant parce que, avec lui, on le peut toujours. C’est la sécurité que nous avons. » (Christus Vivit, section 127)
Prier pour Hong-Kong
C’est pourquoi j’annonce que durant cette nouvelle année liturgique, le diocèse utilisera l’expression « Viens, Seigneur Jésus ! » comme thème pastoral pour l’année. Pour cela, je lance cet appel à tous nos frères et sœurs dans l’Église. En plus des prières ferventes demandant au Seigneur de nous donner force et consolation dans la souffrance, aidons les nombreuses communautés, organisations, paroisses et bureaux diocésains, aidons chacun d’entre nous, à reconnaître le Seigneur Jésus qui vit toujours parmi eux. Il marchera toujours avec nous dans les épreuves, afin de raviver notre espérance. Il chassera les préjugés de nos cœurs pour que nous voyions avec les yeux du Père aimant, et pour que nous nous reconnaissions les uns les autres comme frères et sœurs. Et il touchera les blessures de nos cœurs et de nos esprits, pour les changer en sources de joie et de miséricorde. Prions les uns pour les autres, et continuons de prier avec ferveur pour le bien-être de la société hongkongaise.
(Sunday Examiner / Cardinal John Tong Hon)
Crédit : T1NH0 / CC BY-SA 3.0