Eglises d'Asie – Thaïlande
Mendicité : un ministre thaïlandais s’en prend aux réseaux lucratifs exploitant les plus vulnérables
Publié le 15/02/2022
Le ministre thaïlandais du Développement social, Anukul Peedkaew, a suscité la polémique en appelant ses concitoyens à ne pas donner d’argent aux mendiants, en affirmant que ceux-ci gagnent jusqu’à plus de 20 fois le salaire minimum journalier. Selon lui, certains mendiants de Bangkok gagnent jusqu’à 7 000 bahts (190 euros) par jour, soit 20 fois plus que le salaire minimum officiel de 336 bahts (9,13 euros), avec une moyenne entre 1 000 et 2 000 bahts (entre 27 et 54 euros).
Le ministre thaïlandais a ajouté que le fait de leur faire l’aumône ne fait qu’encourager l’exploitation des personnes vulnérables, dont celle des enfants qui peuvent être forcés par d’autres à faire la manche. Anukul Peedkaew a donc appelé les Thaïlandais à éviter de leur donner de l’argent, et à rapporter les faits aux autorités pour que celles-ci puissent enquêter sur les raisons poussant des enfants à mendier.
La traite des êtres humains est accusée depuis longtemps d’utiliser les enfants et les personnes handicapées, entre autres, comme mendiants dans le cadre d’opérations lucratives autour de Bangkok et dans tout le pays. Toutefois, certains Thaïlandais contestent les propos du ministre, en soulignant que la crise sanitaire, qui a fortement affecté l’économie nationale, a plongé plusieurs millions d’habitants dans la détresse financière, poussant certains d’entre eux à faire la manche pour survivre.
« Si je pouvais gagner ma vie autrement, je le ferais »
« Dans mon quartier, je vois beaucoup plus de mendiants qu’avant », assure Bussaba Prakew, une femme qui dirige un petit restaurant dans le centre de la capitale. « Je leur donne de la nourriture et de quoi boire. Ils sont reconnaissants. J’ai de la peine pour eux. » Dans la région de Bangkok, le nombre de personnes démunies et dormant dans la rue a assurément augmenté, mais peu d’entre elles semblent prêtes à mendier ouvertement. En revanche, elles semblent survivre grâce aux aides alimentaires et matérielles offertes par des résidents.
Un homme fortement handicapé, qui se déplace en fauteuil roulant et qui survit comme vendeur ambulant à côté d’une supérette, explique qu’il ne gagne que quelques centaines de bahts par jour, tout au plus. « Parfois plus, parfois moins. Je ne ferais pas ça si je pouvais gagner ma vie autrement, mais à cause de mon handicap, ce n’est pas possible », confie-t-il. Ici et là, des enfants, souvent avec leurs parents, peuvent aussi être vus en train de faire la manche dans la rue.
Appel du Mercy Center au bidonville de Klong Toey
« Le gouvernement sait très bien que ces enfants sont souvent exploités par des gangs. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des gens bien en Thaïlande, toujours prêts à aider comme le père Joe, qui dirige le Mercy Center à Klong Toey », a réagi un internaute en commentaire, en évoquant le père Joseph Maier, un rédemptoriste d’origine américaine, qui dirige un orphelinat et plusieurs écoles maternelles accueillant des enfants défavorisés, dans un bidonville de Bangkok et dans plusieurs autres communautés locales démunies.
Le prêtre âgé, qui vit en Thaïlande depuis un demi-siècle, en a fait sa vocation, en servant les enfants démunis, quelle que soit leur religion. « S’il vous plaît, aidez les enfants et les plus pauvres affectés par la pandémie de coronavirus, dans la communauté Klong Toey et dans les quartiers alentour, avec le père Joe Maier », a publié le Mercy Center le week-end dernier sur les réseaux sociaux. Le centre collecte de l’argent pour financer trois repas complets et des fruits frais pour 120 enfants accueillis au centre, sans compter 21 écoles maternelles. L’organisation est également engagée dans plusieurs projets caritatifs dans d’autres bidonvilles comme Klong Toey.
(Avec Ucanews)