Eglises d'Asie

Mgr Figaredo, préfet de Battambang : « C’est un âge d’or pour l’Église cambodgienne »

Publié le 28/10/2022




Depuis Bangkok où se poursuit la Conférence générale des 50 ans de la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie), Mgr Enrique Figaredo Alvargonzález, préfet apostolique de Battambang, l’une des trois juridictions catholiques cambodgiennes, explique que malgré une petite minorité (35 000 catholiques pour 17 millions d’habitants, majoritairement bouddhistes), la communauté locale vit en ce moment un « âge d’or » : « L’Église au Cambodge grandit et devient capable de se gérer elle-même », souligne Mgr Figaredo.

Mgr Enrique Figaredo Alvargonzález, préfet apostolique de Battambang.

Le préfet apostolique de Battambang, Mgr Enrique Figaredo Alvargonzález, s’est fait connaître comme « l’évêque des fauteuils roulants » dès 1985 en raison de son travail comme volontaire jésuite pour les personnes handicapées et réfugiées au Cambodge. En 2000, il a été nommé à la tête de la préfecture apostolique, l’une des trois juridictions catholiques dans le pays, les deux autres étant le vicariat apostolique de Phnom Penh et la préfecture apostolique de Kampong Cham.

L’Église cambodgienne est petite et compte seulement 35 000 catholiques pour une population de 17 millions d’habitants, majoritairement bouddhistes. Mais Mgr Figaredo explique que l’époque actuelle est la meilleure pour l’Église locale, parce que les chrétiens cambodgiens jouissent d’une paix relative, qu’ils sont libres de travailler et que les vocations augmentent.

Interrogé le 22 octobre à Bangkok durant la conférence générale de la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie), il affirme même que « nous vivons actuellement un âge d’or ». « Le gouvernement nous aide. Nous sommes libres de travailler et nous avons aussi la liberté de religion. Nous n’avons pas de problèmes avec le gouvernement », insiste-t-il. Tout en rappelant que l’Église locale est sortie de la période sombre de la tyrannie Khmer Rouge, il note que les chrétiens cambodgiens sont dans une meilleure situation que dans les pays voisins. « Nous n’avons pas de conflits majeurs et nous sommes en paix. »

« Ils nous acceptent et ils apprécient notre engagement »

Le préfet de Battambang souligne que le gouvernement reconnaît la présence de l’Église et qu’il apprécie ses activités humanitaires au service des pauvres. « Nous seulement ils nous acceptent, mais ils apprécient notre engagement, d’autant plus que nous ne sommes pas comme des ONG qui créent des problèmes, nous nous sommes vraiment engagés pour le peuple. »

Il précise aussi que le gouvernement collabore avec l’Église locale pour l’accompagnement des malades, notamment avec Caritas qui dirige deux établissements – un hôpital ophtalmologique et un hôpital psychiatrique. « Nous avons le Dr Bhoomi Kumar originaire d’Inde. Il est arrivé au Cambodge il y a plus de 30 ans. Il dirige l’hôpital psychiatrique », explique-t-il. L’hôpital ophtalmologique de Takéo, qui appartient au gouvernement, est dirigé en partenariat avec Caritas. Les pères de Maryknoll l’ont fondé dans le but de lutter contre la pauvreté en réduisant les problèmes de vue pouvant être évités. « C’est le meilleur hôpital ophtalmologique du pays », souligne Mgr Figaredo.

« Nous sommes une petite communauté, le processus synodal est plus facile »

Interrogé sur la possibilité d’un processus synodal dans une aussi petite Église, l’évêque souligne justement que « comme nous sommes une petite communauté, le processus synodal est plus facile qu’ailleurs ». « En fait, nous avons déjà eu cette mentalité et cet esprit synodal depuis longtemps. Les pères MEP ont lancé beaucoup de petits synodes dans les années 1990. Nous avons eu des synodes chaque année, parfois même deux fois par an. Donc ce n’est pas nouveau pour nous », explique-t-il.

Il ajoute qu’en 1998, quand la situation au Cambodge a commencé à changer, l’Église locale a cherché à tout réorganiser. « Ils cherchaient des leaders. Les responsables MEP ont réalisé qu’ils n’avaient pas assez de monde et ils ont commencé à solliciter des partenaires. Ils ont frappé à la porte des salésiens, des PIME, des Maryknoll et des jésuites », raconte Mgr Figaredo. Il précise qu’il a aujourd’hui la nationalité cambodgienne et un passeport cambodgien. « C’est le cas de la plupart des missionnaires comme Mgr Olivier Schmitthaeusler [vicaire apostolique de Phnom Penh, MEP]. Je suis heureux d’être reconnu comme Cambodgien. Les gens me considèrent comme l’un des leurs. »

« Je pense que nous avons un grand avenir »

L’Église cambodgienne a commencé à renaître seulement dans les années 1990, après la fin du régime Khmer Rouge (1975-1979) qui a presque détruit la petite communauté catholique. Depuis, les trois juridictions catholiques du pays se sont attelées à reconstruire l’Église locale. Les catholiques représentent aujourd’hui environ 0,2 % de la population. Outre le préfet de Battamgang, on compte aussi un Cambodgien, Mgr Pierre Suon Hangly, qui a été installé comme nouveau préfet de Kampong Cham le 1er octobre dernier. L’ensemble des trois juridictions catholiques du pays compte seulement neuf prêtres cambodgiens ; l’Église locale a aussi trois nouveaux diacres cette année. « Ce sont les premières vocations locales après la guerre et c’est donc historique, c’est très important. Cela montre que l’Église au Cambodge grandit et qu’elle devient capable de se gérer elle-même », poursuit Mgr Figaredo.

Ce dernier estime par ailleurs que la pandémie a aussi créé de nouvelles opportunités pour l’Église locale qui a pu explorer de nouvelles activités. « Cela nous a permis de rejoindre les gens, de tendre la main aux pauvres. Nous étions là durant la crise sanitaire pour aider, donc les gens nous connaissent tout comme le gouvernement. » Mgr Figaredo ajoute que le Cambodge aime la paix et que le gouvernement a placé partout des slogans qui disent : « Merci, paix. » « Je pense que nous avons un grand avenir », assure-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews