Eglises d'Asie

Mgr Gam à la rencontre des déplacés internes

Publié le 21/12/2018




Les combats se poursuivent dans les États Kachin et Shan, dans le nord de la Birmanie. La reprise des conflits dans la région, entre l’armée birmane et les rebelles Kachins, a déjà entraîné plus de 74 500 personnes déplacées depuis janvier 2017, qui se sont réfugiées dans les camps pour les personnes dites « déplacées internes ». À l’approche de Noël, Mgr Raymond Sumlut Gam compte aller les rencontrer afin de les soutenir, notamment dans les camps de Laiza, dans le diocèse de Banmaw.

À l’approche de Noël, un évêque catholique de l’État du Kachin, dans le nord du pays, a prévu de rendre visite aux camps des personnes « déplacées internes », réfugiées suite aux violences opposant les rebelles indépendantistes Kachins à l’armée birmane. Mgr Raymond Sumlut Gam explique qu’il veut soutenir le moral des réfugiés. « Je compte leur apporter un message de Noël les invitant à demander la sainteté et la patience, alors qu’ils désespèrent de voir la paix s’installer pour qu’ils puissent rentrer chez eux », souligne l’évêque. Mgr Gam ajoute qu’il veut leur montrer l’importance de continuer à chercher la paix intérieure malgré les événements. D’autant plus que les « déplacés internes » sont particulièrement inquiets, alors que les violences éclatent souvent avant Noël ; des tirs d’obus sont déjà tombés sur des camps à plusieurs reprises à l’occasion des fêtes dans le passé. « Après avoir entendu les coups de feu et les tirs d’obus, la joie de Noël a laissé la place à l’angoisse et à la peur », regrette l’évêque.

Le 23 décembre, Mgr Gam commencera sa visite pastorale par trois paroisses du diocèse de Banmaw, qui comprend les camps près de Laiza, à proximité de la frontière chinoise. La reprise des combats dans l’État Kachin, entre l’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA) et l’armée birmane, a entraîné plus de 100 000 réfugiés, qui ont rejoint les camps pour les « déplacés internes ». La guerre civile frappe régulièrement la région montagneuse du nord du pays depuis l’indépendance de la Birmanie contre les Britanniques en 1948. La majorité de la population de l’État (1,7 millions d’habitants) est chrétiene, dont près de 116 000 catholiques. Les civils continuent d’être touchés par les conflits armés. Ainsi, depuis janvier 2017, selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, plus de 74 500 personnes ont dû fuir les combats dans 29 communes des États Kachin et Shan. Mgr Gam, qui est également président de Karuna (la Caritas birmane), confie que l’Église joue un rôle essentiel dans l’assistance humanitaire aux camps, suite à la baisse de l’aide internationale et aux restrictions imposées sur les envois de dons.

Le gouvernement civil impuissant face à l’armée

« La situation ne s’améliore pas, et depuis trois ans, nous avons dû mal à soutenir les camps, en particulier dans les zones non contrôlées par le gouvernement », ajoute l’évêque, en précisant que des petits groupes ont commencé à quitter les camps pour retourner dans les villages où il n’y a pas de conflits, afin de pouvoir travailler. Il reste optimiste, même s’il reconnaît qu’il faudra du temps avant qu’une paix durable puisse s’installer. « J’espère que d’autres rencontres auront lieu en 2019 entre les différents acteurs du conflits, entre le gouvernement, l’armée et les groupes ethniques armés, afin de négocier une sortie de crise. » Mgr Gam est conscient que les groupes ethniques, dont beaucoup de Kachins, perdent confiance dans le gouvernement de la conseillère d’État Aung San Suu Kyi, suite à la montée des tensions. « Le gouvernement civil n’a pas le contrôle sur tout le pays, en particulier en ce qui concerne les affaires intérieures et les frontières, qui sont contrôlés par l’armée », poursuit l’évêque. De fait l’armée birmane a accéléré les combats dans l’État Kachin début avril, lançant plusieurs attaques armées contre l’armée KIA, comprenant l’intervention d’hélicoptères et d’avions de chasse. Le gouvernement s’est engagé à mettre fin aux conflits qui durent déjà depuis plusieurs décennies, mais la reprise des combats retarde les initiatives de paix dans la région.

(Avec Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

Ucanews