Eglises d'Asie – Pakistan
Mgr Joseph Arshad, archevêque d’Islamabad-Rawalpindi, demande un ministère pour les Affaires des minorités
Publié le 24/06/2021
Mgr Joseph Arshad, de l’archidiocèse d’Islamabad-Rawalpindi, a appelé le gouvernement pakistanais à récréer l’ancien ministère des Affaires des minorités. « Il y avait autrefois un ministère pour les minorités, et c’était une expérience excellente et réussie. Actuellement, les questions liées aux minorités sont gérées par le ministère des Affaires religieuses et de l’harmonie interconfessionnelle, qui s’occupe généralement de diverses questions religieuses et de la promotion de l’harmonie interreligieuse au Pakistan », a confié Mgr Arshad, qui est également président de la Conférence épiscopale pakistanaise. « On peut faire beaucoup pour les minorités, pour qu’elles se sentent plus en sécurité dans le pays », a souligné l’archevêque, en ajoutant que les mariages et les conversions forcés sont des questions particulièrement alarmantes pour les minorités religieuses au Pakistan. Le ministère fédéral pour les Minorités a été créé pour la première fois dans le pays en novembre 2008. Shahbaz Bhatti, un catholique nommé ministre fédéral pour les Minorités en 2008, a été assassiné en mars 2011. En 2011, le ministère fédéral pour les Minorités a été remplacé par le ministère pour l’Harmonie nationale et les affaires des minorités.
Controverses autour de la nouvelle Commission nationale pour les minorités
De retour au pouvoir en 2013, la Ligue musulmane du Pakistan (PML) a rattaché le ministère pour l’Harmonie nationale et les affaires des minorités au sein du ministère pour les Affaires religieuses et l’harmonie interconfessionnelle. Le parti Pakistan Tehreek-e-Insaf (Mouvement du Pakistan pour la Justice), au pouvoir depuis 2018, a également nommé plusieurs ministres pour les Affaires des minorités au sein des gouvernements locaux. En mai 2020, le gouvernement a aussi créé une Commission nationale pour les minorités (NCM), dont fait partie Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore. Certaines organisations, dont la Commission nationale Justice et paix, de la Conférence épiscopale pakistanaise, ont pourtant critiqué le processus qui a abouti à la mise en place de du NCM.
Ainsi, pour la Commission nationale Justice et Paix, pour qui la nouvelle commission NCM aurait dû être formée à travers un processus équitable, les minorités religieuses n’ont pas été consultées. D’autres ont reproché la présence de « responsables musulmans connus » qui pourraient empêcher de véritables échanges en toute liberté. De son côté, Peter Jacob, catholique et directeur du Centre pour la Justice sociale au Pakistan (CSJ), estime que le ministère pour les Affaires des minorités est une tentative du passé. « Je ne vois pas qui pourrait reprendre ce poste. Ce ne serait pas un problème d’avoir davantage d’institutions qui nous représentent, mais la création d’un ministère purement symbolique me paraît inutile et inefficace. Il faudrait plutôt donner davantage d’influence à la commission NCM, avec de nouvelles nominations politiques et avec plus de ressources, à travers un acte du Parlement pakistanais », ajoute-t-il.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Kamran Chaudhry / Ucanews