Eglises d'Asie

Mgr Marco Tin Win détenu avec des fidèles durant plusieurs heures dans la cathédrale de Mandalay

Publié le 12/04/2022




Le 8 avril à Mandalay, une centaine de militaires ont envahi la cathédrale du Sacré-Cœur avant une célébration, à l’occasion du 5e vendredi de Carême. Selon une source ecclésiale locale, les soldats « ont prétendu avoir reçu des informations à propos d’armes dissimulées ». Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, ainsi que plusieurs prêtres et fidèles, sont restés dans l’enceinte de la cathédrale durant l’intervention, mais personne n’a été blessé ou détenu. L’intervention serait liée à une tentative de répression contre des groupes liés à l’opposition.

Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay.

Les institutions chrétiennes continuent d’être ciblées par la junte birmane, malgré les nombreux appels à la fin des violences et de l’oppression à travers le monde. Presque une centaine de militaires ont envahi la cathédrale du Sacré-Cœur de Mandalay et l’archevêché, ce vendredi 8 avril dans la deuxième plus grande ville du pays.

Mgr Marco Tin Win, plusieurs prêtres et salariés étaient présents durant l’intervention militaire, mais tous sont sains et saufs et aucun n’est détenu actuellement, selon des sources ecclésiales. Les soldats sont arrivés vers 14h30 et sont restés dans l’enceinte de la cathédrale, tandis que d’autres militaires armés ont entamé une fouille dans tous les bâtiments dépendant de la cathédrale. « Ils ont prétendu avoir reçu des informations à propos d’armes dissimulées », a révélé une des sources.

Selon un contributeur de la Catholic News Agency, qui a assisté à la scène, les soldats auraient également demandé « où l’or et l’argent se trouvaient », en empêchant quiconque de s’échapper. Le père Dominique Jyo Du, vicaire général de l’archidiocèse, a tenté en vain d’expliquer que le seul argent disponible vient des dons destinés aux pauvres. Durant l’attaque, des paroissiens ont pu avertir d’autres fidèles de rester éloignés de la cathédrale. Les soldats sont partis après presque trois heures, sans avoir trouvé d’armes.

Plus de 100 édifices bouddhistes et chrétiens détruits

Les nouvelles se sont rapidement répandues au sein de la communauté catholique de Mandalay qui compte cinq paroisses, causant de vives inquiétudes. « Nous avons été soulagés d’apprendre que personne n’a été blessé ou arrêté, et que nous pourrons reprendre les services liturgiques normalement », a réagi un paroissien qui a rejoint le Chemin de Croix après le départ des militaires, vendredi soir. Mgr Tin Win a annoncé une heure d’adoration eucharistique, le lendemain soir et le premier dimanche de chaque mois, pour la paix en Birmanie.

L’évêque est l’une des principales voix au sein de l’Église locale à avoir ouvertement soutenu les militants pro-démocratie, en allant jusqu’à manifester devant l’archevêché en février 2021. Durant les premiers jours des manifestations pro-démocratie, il est descendu dans la rue avec les manifestants, puis une nouvelle fois au moment de Noël, en dénonçant la situation tragique affectant le pays : « Le sort des Birmans est similaire à celui qu’ont vécu Marie et Joseph durant le premier Noël : loin de chez eux, en fuyant dans la jungle, les forêts et les grottes du pays. »

Les catholiques birmans forment une petite minorité à Mandalay, une ville majoritairement peuplée de bouddhiste et de l’ethnie Bamar dominante, qui a été relativement épargnée par les conflits internes entre les militaires et les forces de défense populaires (PDF). Toutefois, trois villages catholiques de la région de Sagaing, dépendant de l’archidiocèse de Mandalay, ont subi des attaques et des raids militaires, tuant quatre personnes et forçant la fuite de milliers d’autres loin de chez eux.

Selon The Irrawadi, « le régime militaire birman a détruit plus d’une centaine d’édifices religieux bouddhistes et chrétiens dans les principaux bastions de la résistance anti-junte, dans le nord-ouest, le centre et le sud-est du pays, depuis le coup d’État de l’an dernier ». Le journal évoque des frappes aériennes et d’artillerie dans l’État Chin et l’État Kayah, ainsi que dans les régions de Sagaing et de Magwe. Il semblerait que l’attaque des militaires soit liée à une tentative de répression contre des groupes liés à l’opposition.

(Avec Ucanews et Asianews)


CRÉDITS

Asianews