Eglises d'Asie – Birmanie
Naung Kan, la léproserie des sœurs de Maria Bambina, un refuge pour les lépreux
Publié le 03/04/2019

Aujourd’hui, Carmello, de l’ethnie Shan, considère fièrement Naung Kan comme son village. Il a dû quitter son village d’origine il y a 35 ans, après avoir été rejeté par sa communauté. Il a alors marché durant plusieurs jours avant d’atteindre la léproserie. « J’ai été accueilli chaleureusement et avec amour par les religieuses, et je ne retournerai pas dans mon village où je subirais à nouveau la discrimination », explique ce père de quatre enfants de 55 ans, qui s’est converti du bouddhisme au catholicisme. Sœur Na Po confie que le nombre de résidents dans la léproserie de Naung Kan diminue, mais une jeune patiente a récemment rejoint la communauté. Une fille de 18 ans de Rangoun, qui travaillait dans l’État Shan, montrait des symptômes de la lèpre, dont des ulcères au pied droit et sa main droite engourdie. « Elle voudrait rejoindre la léproserie, et nous l’accueillerons une fois que nous aurons reçu une recommandation du personnel médical de Kengtung », explique sœur Na Po.
Encore 3 000 nouveaux cas de lèpre par an
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la lèpre est affection de longue durée mais pas très contagieuse. Sans traitement, la peau, les nerfs, les yeux et les membres peuvent être sérieusement atteints. Grâce aux traitements médicaux, le nombre de malades à travers le monde a fortement diminué. Pourtant, la Birmanie fait partie des seize pays au monde enregistrant encore plus de mille nouveaux cas de lèpre chaque année. Le pays a atteint l’objectif fixé par l’OMS d’éradication de la lèpre en 2003, c’est-à-dire que moins d’une personne sur mille est affectée. Mais au moins 3 000 nouveaux cas de lèpre sont rapportés chaque année en Birmanie. Sœur Lucia Marcellina, supérieure des sœurs de la Charité de Naung Kan, explique que ses tâches quotidiennes passent par la préparation des repas et l’enseignement de l’anglais aux enfants des patients. Six religieuses de la communauté s’occupent également d’une école maternelle, qui compte quelques orphelins. Pour les sœurs, la recherche de fonds reste un défi majeur, malgré les dons locaux et l’aide du diocèse de Kengtung. « Nous leur donnons autant que nous le pouvons, entre les soins, la nourriture et un soutien moral », assure sœur Marcellina.
La congrégation des Sœurs de la Charité de sainte Bartolomea Capitanio et sainte Vincenza Gerosa a été fondée en Italie en 1832. En 1923, les sœurs ont ouvert l’hôpital Saint-Joseph de Kengtung, qui compte 146 lépreux. En 1934, la léproserie de Naung Kan a été ouverte par le Dr R. S. Bucker, de la mission baptiste américaine. En 1939, le Dr Bucker a dû quitter le pays à cause de la Deuxième Guerre mondiale, et les religieuses ont pris le relais. En 1946, l’hôpital Saint-Joseph et la léproserie de Naung Kan ont été réunis sous la charge du père Cesare Colombo, des missionnaires PIME, avec l’aide des sœurs de la Charité. Le père Colombo a fondé trois autres villages à Tar Lay et Mong Phyak, pour les malades soignés à Naung Kan. Dans la léproserie, un mémorial montre quelques photos, vêtements et équipements ayant appartenu au missionnaire. Le père Colombo a été emprisonné par l’armée japonaise durant la guerre, mais le prêtre a survécu. Il a continué de travailler avec les religieuses jusqu’à sa mort, en 1980. La Birmanie compte aujourd’hui 196 sœurs de la Charité, qui travaillent dans six diocèses à travers le pays. Leur mission compte notamment l’accompagnement des personnes handicapées, des personnes âgées et des lépreux. Elles gèrent également quelques internats et orphelinats.
(Avec Ucanews, Kengtung)
CRÉDITS
Ucanews
