Eglises d'Asie – Chine
Nouveau recul de l’accès à la liberté religieuse dans le monde selon un nouveau rapport bisannuel
Publié le 22/04/2021
Selon le nouveau rapport bisannuel de l’AED (Aide à l’Église en Détresse), paru le 20 avril, l’accès à la liberté religieuse a encore reculé ces deux dernières années. Depuis 2018, les persécutions religieuses ont notamment empiré en Chine et en Corée du Nord. De même, les restrictions sur les libertés religieuses dans plusieurs dizaines de pays et les menaces de violences perpétrées par des fondamentalistes religieuses de diverses confessions se sont aggravées. Selon la fondation catholique, le droit à la liberté religieuse est en danger dans un pays sur trois dans le monde. Selon l’AED, ces régressions ont été exacerbées par la pandémie de Covid-19. « Les États ont profité de l’insécurité pour accroître le contrôle de leurs citoyens, et les acteurs non étatiques ont profité de la confusion pour recruter, étendre et provoquer des crises humanitaires plus larges », affirme le rapport bisannuel, qui souligne également que « quatre milliards de personnes vivent dans les 26 pays qui sont considérés comme subissant les violations les plus graves de la liberté religieuse. Cela représente un peu plus de la moitié [51 pourcents] de la population mondiale. » En Asie, cette liste compte plus d’une dizaine de pays dont la Chine, la Corée du Nord et la Birmanie (notamment en raison des violences et répressions contre la minorité Rohingya, majoritairement musulmane, dans un pays majoritairement bouddhiste).
Progrès du dialogue interreligieux
Malgré ce constat général alarmant sur la situation de la liberté religieuse dans le monde, le rapport indique toutefois que « la période de deux ans qui fait l’objet du présent rapport a également révélé des progrès significatifs, en particulier dans le dialogue interreligieux, ainsi que le rôle de plus en plus important des chefs religieux dans la médiation et la résolution des conflits et des guerres ». La fondation internationale a ainsi salué le pape François pour d’importants efforts consacrés à « l’amélioration des relations de l’Église avec le monde arabo-musulman ». Le rapport évoque aussi « une relation personnelle avec le Grand Imam de l’Université Al-Azhar d’Égypte, Ahmed Al-Tayeb, concrétisée par la signature commune de la déclaration d’Abu Dhabi en février 2019 ». L’organisation espère également que la visite historique du pape François en Irak – à majorité chiite –, du 5 au 8 mars dernier, « permettra d’approfondir le dialogue interreligieux et contribuera à mettre en lumière la situation désastreuse des chrétiens et des autres minorités en Irak et au-delà ».
L’impact de la pandémie sur la liberté de culte
Par ailleurs, pour le rapport, concernant le contexte de la pandémie, la réaction des gouvernements à l’urgence médicale a profondément affecté les droits fondamentaux, « y compris le droit à la liberté de réunion et à la liberté religieuse, déclenchant des débats sur les implications des décisions politiques prises ». La fondation ajoute que « la difficulté d’évaluer dans quelle mesure le droit à la liberté religieuse a été menacé universellement est due au fait que les différents pays, et parfois les différentes régions, ont réagi différemment à cet événement mondial ». Et bien que les gouvernements aient agi dans le but de protéger le bien commun, la fondation souligne qu’il est clair qu’il y a eu « des cas d’abus et d’atteintes à la liberté religieuse, en partie en raison d’une application disproportionnée des restrictions entre activités religieuses et activités commerciales, ainsi que de l’agressivité de la police et de l’armée dans la lutte contre les violations des restrictions liées aux pratiques religieuses ».
Le rapport cite notamment des exemples de disproportion mis en évidence « où la fréquentation des offices religieux était très restreinte, tandis que les centres commerciaux ou de loisirs étaient autorisés à accepter un plus grand nombre de participants ». La fondation souligne également que des régimes particulièrement autoritaires, comme la Chine, « ont utilisé l’épidémie pour imposer de plus grandes restrictions à la pratique religieuse et fermer les sites web diffusant des offices religieux ». En Inde, des allégations ont aussi été portées contre les minorités musulmanes, tandis que dans plusieurs pays dont la Chine, la pandémie « a été reprochée aux chrétiens ». Le rapport souligne également que sur une population chinoise de près 1,4 milliard d’habitants, alors que « près de 900 millions de personnes s’identifient comme adeptes d’une spiritualité ou d’une religion », le contrôle de l’État est implacable. « La surveillance de masse, notamment grâce aux technologiques sophistiquées de l’intelligence artificielle, un système de crédit social qui récompense et punit les comportements individuels, et la répression brutale des groupes religieux et ethniques renforcent la suprématie de l’État. »
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
chinacatholic.cn / Ucanews