Eglises d'Asie

Nouvel an lunaire : les habitants de Wuhan offrent des chrysanthèmes en mémoire des décès du Covid

Publié le 27/01/2023




La veille du Nouvel an lunaire, de nombreux habitants de Wuhan, épicentre de la pandémie au début de l’année 2020, ont acheté des chrysanthèmes en vue de les offrir le lendemain, le premier jour de l’année, en mémoire de leurs proches décédés durant la crise sanitaire. La Chine a célébré le Nouvel an sans confinement pour la première fois depuis trois ans, et les résidents ont pu rentrer dans leur ville d’origine pour les fêtes familiales. Cependant, selon les experts, la situation économique et sanitaire reste préoccupante dans le pays.

« La veille du Nouvel an, des chrysanthèmes [qui représentent le deuil] étaient vendus partout dans les rues », selon un habitant de Wuhan.

Le premier jour de la Nouvelle année lunaire, une famille de Wuhan s’est rendue au temple de Baotong afin de souhaiter des vœux de prospérité et de bonheur pour l’année à venir. Selon un membre de la famille, le temple était rempli. Il raconte que la vie à Wuhan est revenue à la normale, suffisamment pour que les gens puissent célébrer le festival du Nouvel an chinois. Il confirme cependant que beaucoup de résidents de la ville sont décédés durant la pandémie. « La veille du Nouvel an, des chrysanthèmes [qui représentent le deuil] étaient vendus partout dans les rues », confie-t-il.

À Wuhan, où le virus du Covid-19 a été découvert pour la première fois il y a trois ans, les gens ont tiré des feux d’artifice afin de fêter la Nouvelle année. Selon la tradition, beaucoup d’habitants ont offert des bouquets et brûlé de l’encens le premier jour de l’année lunaire, afin de commémorer des proches décédés durant la pandémie.

La Chine a célébré cette année le premier Nouvel an lunaire sans confinement, depuis le début de la pandémie il y a trois ans. Durant les vacances, les gens ont pu rentrer dans leurs villes d’origine pour les rassemblements familiaux, et les transports publics étaient aussi chargés qu’avant la crise sanitaire.

Le PIP chinois n’a augmenté que de 3 % en 2022

Wu Zunyou, épidémiologiste en chef au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies estime qu’environ 80 % de la population du pays a été infectée par le Covid, que la Chine a dépassé un pic et que les infections sont en baisse. Il reconnaît que les nombreux déplacements durant le festival risquent de les augmenter à nouveau. Toutefois, il assure que la possibilité d’une nouvelle vague durant les deux ou trois mois à venir reste faible. Les médias officiels chinois disent que le nombre de patients dans un état grave décline également, mais que les hôpitaux sont toujours surchargés.

Les autorités chinoises semblent avoir décidé d’adopter une nouvelle stratégie en projetant l’immunité collective le plus tôt possible avec un maximum de personnes infectées, dans le but de relancer l’économie. Les principaux dirigeants chinois ont annoncé qu’ils mettraient avant tout l’accent sur la croissance après trois ans de politique « zéro-Covid ».

Le PIP chinois n’a augmenté que de 3 % en 2022, soit 5,5 % de moins que l’objectif fixé par les autorités au début de l’an dernier. Liu He, un Vice-Premier ministre chinois qui devrait bientôt prendre sa retraite, a donné récemment un discours à Davos en signalant que la Chine est de retour et que le pays est prêt à reprendre toutes ses activités commerciales.

Selon le groupe Bloomberg, les investissements directs étrangers (IDE) en Chine ont baissé de 29 % en décembre dernier, après une chute de 33 % en novembre 2022. En février 2020, quand Wuhan avait annoncé son premier confinement, les IDE chinois avaient déjà diminué de 26 %. Il semble que les entreprises étrangères perdent foi et confiance vis-à-vis de leurs activités en Chine, et qu’il faudra encore davantage de temps avant la reprise.

Les autorités chinoises ont renforcé leur censure en ligne avant le Nouvel an lunaire

Pour les autorités, le nombre de décès est un autre sujet sensible depuis la levée des confinements. En général, concernant ceux qui sont morts durant la pandémie, la raison donnée sur leur certificat de décès n’est pas liée à l’infection au Covid. Au début, les autorités chinoises ont affirmé que seules quelques dizaines de personnes sont décédées du Covid, avant d’annoncer plus tard près de 60 000 décès dans les hôpitaux. Ce chiffre n’inclut pas ceux qui sont morts à domicile.

Les spécialistes estiment que le virus peut se répandre dans les régions rurales où le système médical est faible, ce qui risque de menacer davantage les groupes vulnérables et les plus âgés. Étant donné le fait que le système médical chinois est surchargé et que les centres funéraires sont submergés à travers le pays, le nombre réel de décès risque d’être bien plus élevé que celui qui a été officiellement annoncé.

De son côté, la société britannique d’analyses médicales Airfinity estime que le nombre de décès s’élevait à près de 674 000 au 19 janvier. Selon une estimation du journal Science en décembre dernier, par ailleurs, plus d’un million d’autres décès pourraient encore avoir lieu à cause du Covid en Chine durant les prochains mois.

De fait, les informations et les vidéos circulant en ligne montrent que les sociétés funéraires sont débordées et de nombreux corps attendent d’être pris en charge. Le coût des crémations a grimpé en flèche. L’agence Reuters indique que beaucoup de funérariums fonctionnent au maximum de leur capacité tout en achetant des sacs mortuaires, des fours de crémation et des cellules réfrigérantes.

Par ailleurs, les autorités ont renforcé leur censure en ligne avant le Nouvel an lunaire. Une répression a notamment été annoncée contre les « fausses informations » sur la pandémie et contre les discours alarmistes durant le festival. Cette décision est considérée comme une tentative d’empêcher une panique sociale concernant les infections et les décès.

(Avec Asianews)