Eglises d'Asie

Nouvelle crise politique à Colombo

Publié le 30/10/2018




Le président Maithripala Sirisena a renvoyé le premier ministre Ranil Wickremesinghe, provoquant une nouvelle crise politique dans le pays. Il a également nommé Mahinda Rajapaksa, l’ancien dictateur et président qui fait l’objet d’enquêtes pour des abus durant la guerre civile sri-lankaise, comme nouveau premier ministre. Sirisena a également renvoyé le cabinet de l’ancien premier ministre et a suspendu le Parlement jusqu’au 16 novembre. Les relations économiques avec l’Inde et la Chine subissent les conséquences de ce revirement politique.

Le Sri Lanka est plongé dans une nouvelle crise politique depuis que le président Maithripala Sirisena a renvoyé le premier ministre Ranil Wickremesinghe et qu’il a nommé Mahinda Rajapaksa, l’ancien président dictateur qui est accusé d’abus durant la guerre civile sri-lankaise, au gouvernement. Sirisena a également renvoyé le cabinet du premier ministre et suspendu le Parlement jusqu’au 16 novembre. Les motivations de sa décision sont encore incertaines. Les ministres du gouvernement ont dénoncé l’initiative en affirmant que le fait de renvoyer un premier ministre élu démocratiquement était « inconstitutionnel » et « illégal ». De leur côté, les puissances indienne et chinoise gardent un œil sur la situation du pays où elles se battent pour conserver leur influence. L’Église anglicane du Sri Lanka a déclaré que la décision du président était inconstitutionnelle et craint « une plus grande dégradation de notre économie qui risque de rendre la vie quotidienne encore plus difficile pour la population ». Pour cette raison, l’Église anglicane a appelé le président à « préserver la Constitution et respecter le mandat ». Selon le Comité national de paix, un éventuel « transfert de pouvoir […] doit être fait conformément à l’État de droit, faute de quoi les conséquences à long terme pourraient être catastrophiques ».

La situation s’est précipitée durant les trois derniers jours, entraînant la mort d’un homme victime, dimanche 28 octobre, d’un coup de feu tiré par le garde du corps du premier ministre renvoyé. La décision est survenue vendredi soir, le président accusant Wickremesinghe de népotisme et de liens excessifs avec la Chine. En août 2017, le gouvernement sri-lankais avait loué le port de Hambantoa à une société chinoise pour un bail de 99 ans. Ces derniers mois, les relations entre le président et le premier ministre se sont tendues jusqu’à ce que les membres du parti du président déposent une motion de censure contre le premier ministre. La semaine dernière, Sirisena a affirmé qu’il avait déjoué un complot d’assassinat contre lui impliquant un ministre ainsi que l’Inde. La crise s’est aggravée d’autant plus avec la nomination de Rajapaksa comme nouveau premier ministre. Sirisena avait remporté les élections de 2014 contre Rajapaksa aux côtés du Parti national uni (UNP) de Wickremesinghe.

Pourtant, Rajapaksa ne peut certainement pas être considéré comme s’opposant à des liens avec la Chine. C’est durant son mandat que l’ambitieux projet de Colombo Port City a été lancé grâce aux investissements chinois, contre l’avis des écologistes et des habitants. Enfin, durant sa campagne électorale de 2014, Sirisena a remporté les élections en s’appuyant sur la réconciliation nationale, sur le soutien des principes démocratiques et en s’engageant à faire justice aux victimes des atrocités commises durant la guerre civile et durant le mandat de son prédécesseur, Rajapaksa. Aujourd’hui, sa nouvelle décision remet en question sa volonté de respecter ses promesses.

(Avec Asianews, Colombo)

Photo Damith Wickramasinghe