Eglises d'Asie

Nouvelles routes de la soie : les pays en développement piégés par la dette

Publié le 01/10/2021




Un nouveau rapport du laboratoire de recherche AidData, publié le 29 septembre, évoque l’endettement des pays en développement dans le cadre des prêts et aides de la Chine à l’étranger. L’étude porte sur 13 427 projets entrepris par Pékin entre 2000 et 2017, dans 165 pays, pour une valeur totale de 843 milliards de dollars US. Le rapport remarque que la dette de 42 pays envers la Chine représente plus de 10 % de leur PIB. Dans le cas du Laos, son exposition à la dette est la plus élevée au monde, suivi par le Sri Lanka et le Cambodge.

Entre 2000 et 2017, le dernier rapport d’AidData note que les prêts et aides chinoises aux pays en développement s’élèvent à 843 milliards de dollars US.

Les pays à moyens et faibles revenus ont des dettes envers la Chine qui s’élèvent à plusieurs centaines de milliards de dollars US, selon une étude publiée le 29 septembre par AidData, un laboratoire de recherche et d’innovation situé au Collège de William et Mary, aux États-Unis. Le rapport analyse les financements chinois à l’étranger, dont le vaste projet d’infrastructures BRI (Belt and Road Initiative), également appelé les « Nouvelles routes de la soie », lancé en 2013 par le président chinois Xi Jinping afin de soutenir le rôle géopolitique et commercial du pays. L’étude porte sur 13 427 projets entrepris entre 2000 et 2017 dans 165 pays, avec des prêts et des aides chinoises d’une valeur totale de 843 milliards de dollars US. Au moins 300 institutions gouvernementales et entités d’État ont financé ces projets, faisant de la Chine le premier pays prêteur pour beaucoup de pays en développement.

Ce qui ressort de tout cela reste flou, beaucoup de projets étant entourés de secret, un facteur qui a empêché plusieurs pays pauvres de peser les pour et les contre d’une association avec le BRI. Si, avant le lancement des Nouvelles routes de la soie, la Chine et les États-Unis ont dépensé des sommes similaires en matière de prêts internationaux et financements étrangers, un fossé s’est creusé depuis 2013. Depuis, Pékin a investi près de 85 milliards de dollars US par an dans des projets de développement à l’étranger, contre 37 milliards par an pour Washington. La plupart de ces financements sont sous la forme de prêts plutôt que d’aides. Par comparaison, l’Union européenne fournit près de 58,3 milliards de dollars par an, ce qui fait de l’UE le plus gros donateur international pour les pays pauvres.

La dette de 42 pays représente plus de 10 % de leur PIB

Pour beaucoup d’observateurs les partenaires du projet BRI chinois sont aujourd’hui piégés par l’endettement, au risque de devoir vendre des actifs à la Chine, en particulier des infrastructures comme des ports, à défaut de payer les intérêts ou de rembourser les prêts. Selon AidData, 40 des 50 plus gros prêts accordés par les prêteurs officiels chinois, comprennent des garanties collatérales imposées aux gouvernements clients. De plus, les aides chinoises sont plus chères que celles qui sont versées par les pays occidentaux. En moyenne, les prêts accordés par Pékin ont des taux d’intérêt de 4,2 % et sont remboursables en moins de dix ans ; ceux venant d’Allemagne, du Japon et de France ont des taux d’1,1 %, avec une période de remboursement de 28 ans. Le rapport AidData remarque que la dette de 42 pays envers la Chine représente plus de 10 % de leur PIB. Dans le cas du Laos, son exposition à la dette souveraine est de 29,4 % du PIB, soit le taux le plus élevé au monde, suivi par le Sri Lanka, le Kenya, l’Éthiopie, le Venezuela, Djibouti, les Maldives, le Cambodge, la Mongolie, le Sénégal et la Biélorussie.

Problème des dettes « cachées »

En plus des dettes « officielles », on compte des dettes « cachées », des emprunts non déclarés par la Chine et par les gouvernements concernés au système de notification des pays débiteurs de la Banque mondiale. Ces dettes sont estimées à près de 350 milliards de dollars. La « dette cachée » du Laos s’élèverait à près de 35,4 % de son PIB. AidData ajoute que 35 % des projets BRI sont liés à des problématiques majeures comme la corruption, les violations des droits du travail, les problèmes environnementaux et les manifestations publiques. Face à la stratégie chinoise, les États-Unis et l’Union européenne ont lancé récemment leurs propres initiatives aux Nouvelles routes de la soie : le projet B3W (« Build Back Better World ») américain et le projet GGI (Global Gateway Initiative) européen. Ces initiatives se concentrent sur la « stabilité », en imposant certaines normes financières et environnementales en exigeant le respect des droits du travail. Des exigences dont l’absence est la base de la critique occidentale des Nouvelles routes de la soie chinoises. Cette réponse États-Unis/Union européenne a pour but de contrer l’offensive commerciale chinoise à l’échelle mondiale. Toutefois, il ne sera pas facile, pour les Américains et les Européens, de délier Pékin de ses débiteurs, dont les relations se sont construites sur une période conséquente. Des experts expliquent que beaucoup de pays en développement choisissent les prêts et projets chinois car Pékin n’impose pas, justement, des conditions fiscales, financières, environnementales et humanitaires, ni de systèmes de contrôle du management et de la transparence.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Chris (CC BY-SA 2.0)