Eglises d'Asie

Pâques 2021 : le récit de conversion de jeunes catéchumènes thaïlandais en quête de sens

Publié le 07/04/2021




Depuis près de 10 ans, selon le Pew Forum Center, de plus en plus de Thaïlandais se disent « sans religion ». Par ailleurs, de nombreux étudiants thaïlandais s’opposent à tout enseignement religieux obligatoire dans le programme scolaire. Paradoxalement, cette revendication peut ouvrir certains à une quête de sens plus librement consentie et personnelle. Ainsi, Thanatos Sriyotha, un programmeur de 20 ans, a cherché quel sens donner à sa vie : « Pendant dix ans environ, j’ai été athée. » Baptisé le 4 avril, il explique que le christianisme a été pour lui « une religion de liberté ».

Baptême d’adulte durant la Vigile pascale, le 3 avril 2021 dans l’église Xavier Hall de Bangkok.

Selon les études du Pew Forum Center (un centre de recherche américain basé à Washington) le nombre des Thaïlandais estimés « sans religion » devient plus nombreux aujourd’hui qu’il y a une décennie. Cependant, récemment, parmi de nombreux exemples, certains étudiants ont tendance à s’opposer à tout enseignement religieux « obligatoire » dans le programme scolaire de l’éducation nationale. Ils réclament même que les cours de religion soient optionnels, en laissant un choix libre selon l’intérêt de chacun, afin que chaque étudiant puisse mieux connaître d’autres spiritualités dans le monde. Cette revendication, paradoxalement, pourrait ouvrir pour certains jeunes un chemin menant vers une vie plus librement consentie et plus personnelle.

À l’heure actuelle, plusieurs aumôneries catholiques comprennent autant de membres catholiques que de non-catholiques. « Les étudiants non-catholiques sont très présents. Ils sont aussi actifs et engagés que les autres », constate Chontawat Wano, jeune jésuite en formation, responsable de The Catholic Student Network of Thailand, un organisme jésuite chargé d’accompagner les étudiants catholiques en Thaïlande.

« Tout s’est bouleversé à partir de cette rencontre »

« Je cherchais », explique Chaturawit Saenchum, 17 ans, baptisé cette année, qui raconte sa vie avant sa conversion au catholicisme. Ce lycéen, en quête de sens, a cherché une raison d’être en lisant beaucoup et rencontrant des membres de diverses religions. « Je me suis renseigné sur plusieurs religions. J’ai discuté avec des imams, et lors de mes études au Japon, j’ai participé à des débats religieux entre moines bouddhistes », ajoute-t-il. Mais c’est un dialogue avec une sœur de Saint-Paul de Chartres, dans son collège catholique à Bangkok, qui fut pour lui comme un déclic. Curieux de connaître la vie chrétienne, il s’est approché de la sœur en lui disant : « Comment êtes-vous devenue religieuse ? » « Tout s’est bouleversé à partir de cette rencontre », se souvient-il. Elle l’a aidé à éclairer son choix. Pour Chaturawit, « elle est comme un guide, qui me confirme que je suis dans sur le bon chemin », en marche vers la conversion et la demande du baptême.

Thanatos Sriyotha, jeune programmeur d’une vingtaine d’années, a lui aussi cherché quel sens donner à sa vie. Il se confie : « Pendant dix ans environ, j’ai été athée. » Néanmoins, le christianisme fut pour lui « une religion de liberté ». À l’âge de 15 ans, il s’y est intéressé. Mais son choix de se rapprocher de l’Église n’a été fait qu’au jour où il a pu mener une vie autonome. « Dès que j’ai gagné ma vie, j’ai commencé à trouver le temps de lire des livres de philosophie, de religion ou de spiritualité, et j’ai alors senti que l’Église catholique m’appelait. »

Un chemin qui ouvre des horizons

Le désir de Dieu reste parfois caché durant de longues années. Un salarié de 40 ans, un peu plus âgé, qui préfère rester anonyme, partage également son histoire. Il s’était déjà posé bien des questions dès l’âge de 12 ans. Issu d’une famille bouddhiste, il lui semblait indispensable de connaître d’abord le bouddhisme avant de réfléchir à une éventuelle conversion. « Je vivais comme un véritable bouddhiste. Je me suis fait moine. J’ai aussi fait une retraite dans un temple dès que j’en ai eu le temps. » En revanche, il a toujours senti qu’il n’arrivait pas à remplir une sorte de « manque » en lui.

Pour Thanatos, la foi chrétienne bouleverse son regard : « Je reconnais mieux les valeurs humaines. Autrefois, je n’avais pas compris pourquoi on luttait contre la peine de mort, ni pourquoi il fallait prendre soin des pauvres, et beaucoup d’autres choses semblables. » Aujourd’hui, il comprend un peu tout cela « sans avoir besoin d’explications ou de théorie ». Plus important, il ajoute que son choix de devenir chrétien lui permet d’être « lui-même » et « libre à jamais ».

Pour certains jeunes thaïlandais, le chemin vers la foi chrétienne se révèle comme une route qui ouvre des horizons et qui donne à leur vie de jeunes et d’adultes un sens qu’ils recherchaient souvent inconsciemment.

(EDA / Tanya Leekamnerdthai)


CRÉDITS

TL