Eglises d'Asie

Pendjab : le pèlerinage annuel de Saint-Thomas rassemble plusieurs milliers de pèlerins sur le site de Taxila

Publié le 07/07/2022




Du 1er au 3 juillet, le pèlerinage de Saint-Thomas, organisé tous les ans au site archéologique de Sirkap, Taxila (Pendjab), a rassemblé un nombre record de pèlerins depuis le début de la pandémie au Pakistan, en mars 2020. « Des foules immenses sont venues des provinces du Pendjab et de Khyber Pakhtunkhwa », se réjouit le père Nasir William, directeur de la Commission pour les communications sociales du diocèse d’Islamabad-Rawalpindi. Sur le site de Sirkap se trouvent notamment les ruines de la première église chrétienne du sous-continent, datant du IIe siècle après Jésus-Christ.

Le 4 juillet, le père James Shamaun aux côtés de Mgr Christophe Zakhia El-Kassis, nonce apostolique au Pakistan, lors de sa venue dans l’église Saint-Thomas l’Apôtre de Taxila.

Parkash Aslam, un volontaire du groupe Saint-Thomas de l’église Saint-Gerard de Faisalabad, a organisé 14 séminaires sur saint Thomas avant un pèlerinage annuel dédié à l’apôtre, organisé tous les ans au site archéologique de Sirkap, Taxila, dans la province du Pendjab. « Beaucoup de fidèles ne savent toujours rien de saint Thomas l’Apôtre. Les prêtres et les catéchistes se préoccupent surtout de célébrer les messes quotidiennes. Mais une série de séminaires sur les saints catholiques, en particulier sur saint Thomas l’incrédule, peut aider à renforcer la foi des minorités chrétiennes », estime-t-il.

Depuis le mois de mai, il a donc organisé des sessions sur l’un des douze apôtres dans des églises catholiques de Faisalabad, en invitant les fidèles à se joindre au pèlerinage de Saint-Thomas du 3 juillet à Sirkap, où se trouvent les ruines de la première église chrétienne du sous-continent indien, datant du deuxième siècle après Jésus-Christ. Taxila est connu comme le centre de l’ancien royaume bouddhiste de Ghandara (500 avant J-C. à 200 après J-C.). Les archéologues ont découvert l’emplacement de plusieurs monastères bouddhistes à Sirkap, ainsi que des temples appartenant au jaïnisme, à l’hindouisme et au zoroastrisme.

Selon la tradition, saint Thomas serait passé par Taxila sur sa route vers l’Inde. Il y aurait prêché devant la cour du roi Gondophares. Un ouvrage datant du début du IIIsiècle après J-C., connu comme les Actes de saint Thomas, a été découvert en 1822 en Syrie. Le texte affirme qu’au passage du saint, le roi lui donna de l’argent en lui ordonnant de construire un palais royal ; saint Thomas, en revanche, aurait donné tout l’argent en aumône. Selon le texte, quand le roi le découvrit, ce dernier aurait ordonné que le saint soit brûlé vif. Mais le frère du roi, nommé Gad, serait mort peu après puis revenu à la vie par miracle. Le roi pardonna alors au saint et se convertit au christianisme, avec tous les habitants de sa capitale.

« Des foules immenses sont venues des provinces du Pendjab et de Khyber Pakhtunkhwa »

Aujourd’hui, le site de Sirkap est protégé depuis une loi votée par le Parlement pakistanais en 1975. Sirkap est également classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Alors que le pèlerinage a grandi au fil des années dans le nord du Pakistan, la tradition des pèlerinages du 1er au 3 juillet s’est transformée en festival annuel dès 1992.

Cette année, des volontaires du groupe Saint-Thomas ont accompagné huit bus de Faisalabad, en chantant des hymnes et en distribuant des rafraîchissements le long des quelque 320 km qui séparent la ville du site de Taxila, au nord. Le groupe a demandé une participation de 2 500 roupies (11,80 euros) à chaque pèlerin. Ils ont ainsi rejoint plus de 3 000 pèlerins qui sont venus prier et allumer des cierges devant ce qui est considéré comme le « trône de saint Thomas », au milieu des ruines de Taxila. Les pèlerins ont ensuite visité le musée de Taxila qui expose aussi une relique du saint apôtre.

Selon le père Nasir William, directeur de la Commission pour les communications sociales du diocèse d’Islamabad-Rawalpindi, il n’y a jamais eu autant de pèlerins depuis le début de la pandémie au Pakistan, en mars 2020. « Des foules immenses sont venues, en particulier depuis les différentes paroisses des provinces du Pendjab et de Khyber Pakhtunkhwa. L’église catholique Saint-Thomas l’Apôtre, située derrière le musée de Taxila, a aussi attiré les pèlerins cette année », se réjouit-il.

« Les sites de pèlerinage sont considérés comme le cinquième évangile par saint Jérôme »

De son côté, Mgr Christophe Zakhia El-Kassis, nonce apostolique au Pakistan, est venu pour la première fois visiter les catholiques de Taxila le 4 juillet. Les paroissiens comblés ont jeté des pétales de roses à la venue du nonce, au son des dhols (des tambours à double face) en lui offrant un turban, symbole d’honneur dans la culture pendjabi. Il a également planté un arbre sur le terrain de l’église, consacrée le 2 mai dernier. Le nonce a confié avoir écouté un jour un guide musulman lui parler du saint patron du Pakistan. « Il m’a parlé de Jésus-Christ et de saint Thomas l’Apôtre. Il ne savait pas qui j’étais et je ne l’ai pas interrompu. C’était fascinant d’entendre un non chrétien parler du Christ », a-t-il raconté.

Mgr Joseph Indrias Rehmat, évêque de Faisalabad, a également raconté comment le pape Jean-Paul II a embrassé le sol du Pakistan à son arrivée dans le pays en février 1981. « C’était aussi une façon de vénérer l’apôtre. Les sites de pèlerinage sont considérés comme le cinquième évangile par saint Jérôme. Nous devons continuer de rendre notre histoire vivante », a-t-il insisté durant un rassemblement à Saeedabad, le 1er juillet dernier.

Fondé en 2016 à Faisalabad, le groupe Saint-Thomas soutient également l’éducation des enfants déscolarisés ou ayant peu accès à l’éducation, tout en faisant la promotion du pèlerinage annuel de Saint-Thomas à Taxila. L’an dernier, des volontaires catholiques ont ainsi rassemblé 36 000 roupies afin de payer l’inscription scolaire de 22 enfants.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Father James Shamaun / Ucanews