Eglises d'Asie

Pendjab : les jeunes chrétiens pakistanais invités à réagir face à la crise de l’emploi lors d’un congrès diocésain

Publié le 08/10/2021




Du 29 septembre au 3 octobre à l’Académie Sainte-Marie de Rawalpindi, dans le nord du Pakistan, le diocèse d’Islamabad-Rawalpindi organisait un Congrès diocésain pour la jeunesse en présence de plus de 300 jeunes. À cette occasion, le père Sarfraz Simon, secrétaire exécutif de la Commission nationale Justice et paix dans le diocèse, a encouragé les jeunes à se prendre en main malgré la situation de l’emploi pour les minorités religieuses dans le pays. Pour Sabir Michael, professeur à l’université de Karachi, « les organisations sociales peuvent aider et guider nos jeunes ».

Lors d’un congrès organisé début octobre, le diocèse d’Islamabad-Rawalpindi a encouragé les jeunes catholiques pakistanais à se prendre en main malgré les difficultés d’emploi.

Le père Sarfraz Simon, secrétaire exécutif de la Commission nationale Justice et paix du diocèse d’Islamabad-Rawalpindi, s’est adressé à plus de 300 jeunes catholiques pakistanais rassemblés lors d’un Congrès diocésain pour la jeunesse, organisé du 29 septembre au 3 octobre à l’Académie Sainte-Marie de Rawalpindi. À cette occasion, le prêtre a appelé les jeunes à éviter de se plaindre de la situation de l’emploi qui affecte la minorité pakistanaise. « Nous avons des écoles pour l’éducation formelle et technique. Le second tournoi diocésain de cricket a eu lieu hier. Le diocèse d’Islamabad-Rawalpindi a même lancé des cours préparatoires aux examens CSS [Central superior services] en 2019, mais nos jeunes n’ont pas suffisamment confiance en eux pour ces tests si compétitifs », a-t-il déploré, en évoquant les examens CSS, prestigieux, qui permettent d’accéder à la fonction publique.

« Ne vous plaignez pas de ce que l’Église fait ou ne fait pas pour vous. Cessez de dépendre de vos parents ou de vos proches qui gagnent de l’argent. Construisez votre carrière, sinon ils [la majorité musulmane] continueront de vous tuer au nom de la religion. Des lois seront votées contre vous », a-t-il martelé. « Un nombre record de filles mineures ont été converties en seulement trois ans, depuis que le gouvernement est au pouvoir. Nous ne bénéficions pas des droits fondamentaux dans ce pays. Ceux qui l’affirment mentent », a-t-il poursuivi. « Autrefois, nous étions connus comme une communauté anglophone. Aujourd’hui, le taux d’alphabétisation a chuté et le taux de divorce [chez les chrétiens pakistanais] a triplé. Notre communauté se sent faible, sans-défense et humiliée. La frustration finit par étouffer nos jeunes. Le quota prévu pour les minorités pour les emplois de fonctionnaires est également toujours plus obsolète d’année en année. »

Intervention de la Cour suprême pakistanaise

Des jeunes chrétiens venus de 23 paroisses du diocèse, situé dans le nord du pays, ont participé à diverses sessions au cours du Congrès diocésain. Parmi les intervenants, on comptait notamment des fonctionnaires chrétiens spécialisés dans l’orientation professionnelle et dans l’entreprenariat. Les cinq jours étaient également ponctués de temps festifs et spirituels. La rencontre s’est conclue avec une exposition présentée par une quinzaine d’entreprises, disposant de stands pour accueillir les participants. Le père Simon a également évoqué, durant son intervention, un ordre de la Cour suprême au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux, exigeant une réaction rapide sur les problématiques des minorités liées à l’emploi et la remise d’un rapport. Le 28 septembre, la Cour suprême a également exprimé sa préoccupation face à plus de 30 000 emplois vacants, pourtant réservés aux minorités dans le cadre des quotas du gouvernement.

La Cour a précisé avoir appris que les gouvernements fédéraux et des provinces du Pendjab, de Khyber-Pakhtunkhwa et de Balochistan, ne recrutaient pas les minorités selon le quota prévu. En 2009, le gouvernement national a alloué un quota de 5 % aux minorités pour les emplois de fonctionnaires. Toutefois, plusieurs ONG affirment que la plupart des minorités religieuses ont toujours des emplois précaires. Selon les médias locaux, les minorités religieuses ainsi que les femmes pakistanaises ne remplissent pas les quotas réservés lors des examens CSS, ce qui entraîne des postes vacants. Lors des derniers examens CSS, seule une femme chrétienne est parvenue à réussir l’examen. Sur le nombre total de postes vacants, 43 % sont réservés aux minorités.

« Les organisations sociales peuvent aider et guider nos jeunes »

Le 4 octobre, le secrétariat de l’Assemblée nationale a publié un avis sur l’annulation des quotas pour les minorités au Cachemire, à Islamabad et dans deux autres provinces. Suneel Shehzad, président de la branche des minorités au sein du Parti du peuple pakistanais, basé à Lahore, a dénoncé cette mesure. « C’est une violation de nos droits », a protesté Suneel, qui a aidé une quinzaine de chrétiens à accéder à des emplois publics depuis 2016. « Les nôtres doivent prendre conscience qu’une lettre d’une paroisse ou une copie de l’avis sur les quotas réservés aux minorités peuvent aider dans le processus de recrutement. Nous avons de nombreux emplois vacants, y compris dans le domaine médical. » Sabir Michael, professeur à l’université de Karachi, appelle les autorités catholiques à le faire savoir. « Les organisations sociales peuvent aider et guider nos jeunes. Mais les écoles catholiques sont dépassées par les autres instituts. Dans l’archidiocèse de Karachi, aucune école catholique n’est dans le top dix du classement. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Cathédrale Saint-Joseph de Rawalpindi / Ucanews