Eglises d'Asie

Pendjab : Mgr Yousaf Sohan, nouvel évêque de Multan, insiste sur l’accès à l’éducation

Publié le 14/12/2022




Le vendredi 9 décembre dans le sud de la province pakistanaise du Pendjab, le père Yousaf Sohan, curé de la cathédrale du Saint-Rédempteur de Multan, a été nommé par le pape François comme nouvel évêque du diocèse, qui compte environ 80 000 catholiques pour 1,9 million d’habitants. Alors que son ordination épiscopale et son installation auront lieu d’ici le Carême 2023, l’évêque nommé insiste sur l’accès à l’éducation des communautés catholiques locales et sur le soutien au développement de la région.

Le 10 décembre à l’évêché de Multan, lors d’une rencontre du Conseil de l’éducation catholique avec le nouvel évêque nommé du diocèse, le père Yousaf Sohan.

Le 9 décembre, le pape François a nommé le père Yousaf Sohan comme nouvel évêque du diocèse de Multan, dans le sud de la province du Pendjab, dans une des régions les plus défavorisées de la province. Le père Sohan, curé de la cathédrale du Saint-Rédempteur de Multan, a confié qu’il voulait mettre l’accent sur l’accès à l’éducation pour les communautés catholiques locales.

Son ordination épiscopale et son installation auront lieu avant le Carême 2023, a indiqué l’évêque nommé, âgé de 64 ans. « Ma devise repose sur l’évangélisation et l’éducation. La plupart de nos jeunes sont encore sans éducation. Nous avons besoin de plus d’écoles. Il y a aussi d’autres priorités dont des programmes de développement pour les familles démunies sans domicile », a-t-il ajouté.

Le diocèse de Multan compte environ 80 000 catholiques sur une population de près d’1,9 millions d’habitants, majoritairement musulmans. Au moins la moitié d’entre eux travaillent comme balayeurs, éboueurs, domestiques ou agents d’entretien. La majorité de leurs enfants sont en décrochage scolaire à cause de discriminations sociales qu’ils subissent, selon différents rapports.

« Sept écoles survivent seulement grâce aux aides diocésaines »

Mgr Sohan a également souligné qu’il aimerait relancer au moins trois foyers catholiques, fermés depuis une décennie. « Ce sera une grande aide pour les étudiants issus des communautés défavorisés des régions rurales. Malheureusement, seules quelques écoles secondaires anglophones ont un bon niveau. Les autres souffrent encore depuis 2004, quand le gouvernement nous a rendu des établissements en mauvais état », poursuit-il.

Seuls 35 % des chrétiens pakistanais sont alphabétisés selon l’organisation chrétienne Pakistan Partnership Initiative, basée à Islamabad. Il y a 19 ans, le Pakistan a rendu 59 établissements éducatifs à l’Église locale, après avoir nationalisé toutes les écoles privées du pays en 1972. Les chrétiens affirment que c’est la nationalisation qui a entraîné niveau élevé d’illettrisme au sein de leur communauté, et qui a affaibli les institutions ecclésiales locales.

Asher Javed, directeur général du Conseil de l’éducation catholique du diocèse, souligne que les écoles locales sont aussi contraintes par des questions de budget. « Sept écoles survivent seulement grâce aux aides diocésaines. Nous essayons d’améliorer la situation des écoles dans les paroisses rurales, mais cela progresse lentement. Nous espérons que le nouvel évêque poursuivra cet élan afin de les rendre autonomes », ajoute-t-il.

31 % de la population du sud du Pendjab vit sous le seuil national de pauvreté

Le Conseil diocésain gère 27 écoles pour plusieurs milliers d’élèves, dont près de 8 000 jeunes chrétiens du sud du Pendjab. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (UNDP), près de 50 % des habitants des villages de la région vivent avec un revenu de seulement 8 dollars US par jour environ, soit la moitié du revenu moyen par habitant au Pakistan. Le rapport, publié, en février dernier, indique que « 31 % de la population du sud [du Pendjab] vit sous le seuil national de pauvreté, tandis que la proportion est plus faible dans le centre et le nord de la province ».

Les catholiques du diocèse de Multan, majoritairement des descendants d’hindous de caste inférieure et convertis durant la période coloniale britannique, vivent sur une quinzaine de paroisses où servent 16 prêtres diocésains et 14 prêtres religieux. L’évêque nommé, qui est devenu prêtre du diocèse de Multan en 1985, compte près de 35 ans d’expérience pastorale dans la région. Après ses premières années de travail comme vicaire puis curé, il s’est rendu à Rome pour étudier la théologie biblique à l’Université pontificale urbanienne (en 1991-1992).

De retour au Pakistan en 1992, il a servi plusieurs paroisses avant d’être nommé curé de la cathédrale du Saint-Rédempteur. Au moment de sa nomination, il était également enseignant au Petit séminaire Saint-Joseph de Multan. Le père Ataa Sultan (OMI), qui a été curé de la paroisse de Derekabad, dans le désert de Thal, durant quatre ans (jusqu’en 2021), s’est réjoui pour la communauté catholique de Multan. « C’est un beau cadeau de Noël que nous fait le Saint-Père, en particulier pour les quelque 700 habitants catholiques du désert de Thal, qui ne peuvent couvrir les coûts éducatifs. La plupart d’entre eux sont des fermiers et des ouvriers », précise-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Kamran Chaudhry / Ucanews