Eglises d'Asie

Plus de 3 000 civils tués depuis le coup d’État de la junte il y a deux ans

Publié le 23/02/2023




Selon l’organisation AAPP (Association pour l’assistance des prisonniers politiques), qui suit le bilan des victimes civiles et des personnes arrêtées par la junte birmane depuis le coup d’État du 1er février 2021 il y a deux ans, le nombre de civils tués a atteint 3 000 ce vendredi 17 février. La dernière victime enregistrée est une religieuse appelée Sate, âgée de 70 ans, tuée dans la région centrale de Sagaing. Selon le rapport de l’AAPP, au moins 1 229 personnes, soit 41 % des victimes, ont été tuées dans la région de Sagaing.

Une manifestation après le coup d’État en février 2021, Hpt-An, État Kayin, Birmanie.

Le nombre de civils tués par la junte depuis le coup d’État du 1er février 2021 a atteint 3 000 personnes le 17 février, selon l’organisation AAPP (Association pour l’assistance des prisonniers politiques), qui enregistre le nombre de décès et d’arrestations depuis le début de la crise il y a deux ans. La dernière victime enregistrée est une religieuse appelée Sate, qui a été tuée dans la région centrale de Sagaing. Âgée de 70 ans, elle a été brûlée vive dans sa maison et n’a pas pu sortir de chez elle quand l’armée a incendié son village de Let Pan Hla, dans la municipalité de Khin-U.

Selon le rapport de l’AAPP (qui n’inclut pas les combattants des groupes rebelles armés, seulement les civils), au moins 1 229 personnes, soit 41 % des victimes, ont été tuées dans la région de Sagaing par les militaires et par une milice affiliée au régime appelée Pyu Saw Htee. Les Nations unies estiment qu’au moins 39 000 maisons ont été incendiées au cours des deux dernières années.

Après le coup d’État, qui a renversé le gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi, un conflit interne violent a été rapidement déclenché, entre l’armée et les forces de résistance. Celles-ci sont composées des Groupes de défense populaires, affiliés au Gouvernement d’unité nationale en exil, et des milices ethniques du pays (dont certaines se battent pour l’autonomie depuis l’indépendance de la Birmanie face aux Britanniques).

19 739 personnes arrêtées depuis le 1er février 2021

De plus, l’AAPP note que depuis le coup d’État, au moins 19 739 personnes ont été arrêtées, dont 15 882 sont toujours en prison. Selon des sources locales, des prisonniers politiques sont torturés et maltraités quotidiennement dans la prison d’Obo, à Mandalay. Des militants et d’anciens prisonniers politiques affirment que toutes les prisons du pays violent les droits des détenus.

Par ailleurs, ces dernières semaines, selon l’Armée nationale Chin (CNA), une milice ethnique locale affiliée au Front national Chin (CNF), la junte militaire a mené une série des frappes aériennes dans l’État Chin, dans l’ouest du pays, où est concentrée une partie de la communauté chrétienne. L’opération aurait été lancée afin de tenter de reprendre le contrôle de la ville de Thantlang. Selon des porte-parole de la CNA, les militaires ont lâché au moins 20 bombes en une seule attaque la semaine dernière ; la junte a également déployé des hélicoptères Mi-35.

Le soir du 9 février, des guérillas de la CNA avaient attaqué un commissariat de police à Thantlang, où des membres de l’armée et des policiers étaient positionnés, afin de prendre le contrôle de la ville. Les habitants (environ 10 000 personnes) ont abandonné le centre qui est aujourd’hui en première ligne entre les soldats et les résistants.

Au final, le poids des combats est supporté par la population civile : selon les chiffres des Nations unies, trois enfants sur dix de moins de 5 ans sont atteints de rachitisme en raison de la malnutrition, et au moins 5 millions d’enfants ont besoin d’assistance humanitaire en Birmanie aujourd’hui. Par ailleurs, on compte au moins 1,5 million de personnes déplacées internes à cause des conflits à travers le pays.

(Avec Asianews)