Eglises d'Asie

Plus de 450 participants au 80e congrès de Serra International sur les vocations à Chiang Mai

Publié le 29/06/2023




Du 22 au 25 juin à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, plus de 450 personnes ont participé au 80e congrès Serra International, un mouvement laïc au service des vocations comptant plus de 20 000 membres dans 46 pays à travers le monde. Parmi les participants, le cardinal Bo a reconnu un « tournant » de la situation des vocations en Asie. De son côté, le cardinal Tagle a invité à témoigner afin de susciter de nouvelles vocations : « Une crise vocationnelle est souvent enracinée dans une crise missionnaire. »

Le cardinal Bo, président de la FABC, le 23 juin à Chiang Mai, en Thaïlande, durant le 80e congrès de Serra International.

« Au cours des dernières décennies du XXe siècle, les vocations ont augmenté en Asie, mais depuis le début du nouveau millénaire, la tendance a changé », a déclaré le cardinal Charles Maung Bo, président de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques (FABC), à l’occasion du 80e congrès de Serra International (un mouvement laïc qui œuvre pour les vocations à travers le monde). L’événement a eu lieu à Chiang Mai, en Thaïlande, du 22 au 25 juin. Durant sa principale intervention au cours du congrès, le cardinal Bo a évoqué les épreuves auxquelles l’Église est confrontée à travers le monde et en Asie.

Près de 450 personnes, dont des prêtres, des religieux, religieuses et laïcs de différents pays, ont participé à la rencontre. Pour les participants au sommet de Serra International, des actions collectives sont nécessaires afin de faire face aux différents enjeux qui contribuent au déclin des vocations sacerdotales et religieuses en Asie, comme le développement économique, les changements au sein des structures familiales, les impacts technologiques et idéologiques, la pauvreté et les migrations.

Selon le cardinal Bo, archevêque de Rangoun, le nombre de vocations en Asie a augmenté durant les années 1970 et au cours des trente années suivantes. Ce phénomène n’a pas été observé partout en Asie, mais plusieurs pays comptant des populations catholiques plus importantes, comme l’Inde, le Vietnam, le Timor oriental et les Philippines, ont plus encouragé les vocations que les autres, selon l’évêque. Il a ajouté que depuis le début du siècle, le nombre d’hommes et de femmes répondant à l’appel de Dieu a diminué dans le monde entier, y compris en Asie, en soulignant que même les pays qui enregistraient autrefois de nombreuses vocations suivent une tendance à la baisse.

« Peut-être sommes-nous à un tournant »

« Nous recevons des nouvelles de diocèses qui peinent à remplacer des prêtres âgés et dont les maisons de formation se réduisent faute de nouveaux candidats pour poursuivre la mission », a-t-il poursuivi. « À travers l’histoire de l’Église, il y a eu des périodes de déclin et de renouveau des vocations. Peut-être sommes-nous à un tournant, où même le fait de maintenir les effectifs actuels devient de plus en plus difficile. »

L’évêque birman a présenté cinq défis majeurs qui affectent les vocations sacerdotales et religieuses. Il a tout d’abord fait le lien entre un développement économique rapide en Asie et un déclin des vocations dans de nombreux pays en développement, en estimant que les habitants de ces pays deviennent plus matérialistes et attirés par le pouvoir de l’argent et de la cupidité. « Un tel état d’esprit rend les individus moins enclins à la générosité et au don de soi », a-t-il assuré.

Il a également cité le passage de structures familiales traditionnelles à de nouvelles formes de familles, ce qui exerce une influence sur l’évolution des vocations : des mères célibataires, des couples non mariés, des familles dont les deux parents travaillent à plein temps, des couples sans enfants, des familles interculturelles et interreligieuses… De tels changements entraînent notamment une chute du taux de natalité, a-t-il noté. « Ce que nous considérions autrefois comme la norme est aujourd’hui ébranlé. »

« Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre que cela arrive »

Outre la pauvreté et les migrations qui forcent des populations à se déplacer d’un lieu à l’autre, le cardinal Bo a également déploré le manque de « modèles » parmi les prêtres et les religieux, ce qui heurte aussi la situation des vocations. Selon lui, les scandales sexuels, les malversations financières, les abus de pouvoir, le cléricalisme et la corruption, dénoncés si souvent dans les médias, ne présentent pas la vie sacerdotale ou consacrée comme attractive.

Durant les prochaines années, il a ajouté qu’il pourrait bien y avoir un déclin encore plus important des vocations étant donné les contextes socioéconomiques et politiques actuels, mais pour le cardinal, « nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre que cela arrive et agir seulement ensuite ».

De son côté, le cardinal Luis Antonio Tagle, pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation et ancien archevêque de Manille, a appelé les catholiques à partager des récits vocationnels et à témoigner afin d’inspirer les autres. « Une vocation chrétienne est toujours une mission au cours de laquelle nous sommes appelés à partager avec les autres notre expérience de Jésus. C’est à nous de poursuivre l’histoire des vocations à travers notre mission. Une crise vocationnelle est souvent enracinée dans une crise missionnaire », a-t-il affirmé.

Serra International est un mouvement laïc apostolique reconnu par Rome est engagé au service des vocations dans le monde. Fondé en 1935, il compte environ 20 000 hommes et femmes laïcs qui sont membres de 1 109 « Clubs Serra » dans 46 pays.

(Avec Ucanews)