Eglises d'Asie

Plus de 500 musulmans pakistanais rassemblés contre le radicalisme

Publié le 09/01/2019




Plus de 500 responsables musulmans ont publié ensemble, le 6 janvier à Islamabad, une déclaration condamnant le radicalisme et le terrorisme qui menacent la diversité ethnique et religieuse du pays au nom de la religion. Les musulmans évoquent notamment le sort d’Asia Bibi, dont l’acquittement le 30 octobre 2018 a provoqué de nombreuses émeutes à travers le pays et les protestations du groupe extrémiste Tehreek-i-Labbaik Pakistan. Le père dominicain James Channan, directeur du Centre pour la paix à Lahore, se réjouit de l’initiative.

Plus de 500 théologiens musulmans se sont rassemblés à Islamabad afin de condamner le terrorisme et le radicalisme, à l’occasion de la conférence « Seerat-i-Rehmatul Aalameen » organisée dans la ville pakistanaise le 6 janvier. Les responsables musulmans rassemblés ont publié une déclaration en sept points dont une partie condamne les meurtres commis « au nom de croyances religieuses », affirmant que de tels actes sont contre les enseignements de l’islam. La déclaration d’Islamabad publiée par les religieux déclare également que tout groupe islamique extrémiste sera considéré comme infidèle. « Personne, musulman ou non musulman, ne peut être condamné à mort sans jugement », souligne la déclaration. « Seuls les tribunaux peuvent prononcer une condamnation à mort. » La déclaration reconnaît également la diversité ethnique et religieuse du Pakistan, et affirme que le gouvernement a le devoir de poursuivre ceux qui menacent les lieux de culte des non musulmans.

Le document cite en particulier Asia Bibi, une mère de famille catholique acquittée des accusations de blasphème le 30 octobre 2018 après des années d’emprisonnement. La libération d’Asia Bibi a provoqué les émeutes de nombreux musulmans radicaux dans les rues à travers le pays. Ainsi, les militants du groupe extrémiste Tehreek-i-Labbaik Pakistan (TLP) ont déclaré que le chef de la justice du pays était désormais « susceptible d’être tué », tout en appelant à se rebeller contre le chef de l’armée pakistanaise. Il y a deux mois, la police de Lahore a arrêté le chef du TLP, Khadim Hussain Rizvi, en « détention provisoire ». Moulana Tahir Ashrafi, président du Conseil des Oulémas du Pakistan (PUC), a rappelé qu’aucune secte ni aucun responsable religieux n’étaient au-dessus de la loi. « C’est à cause d’eux que les gens associent le terrorisme avec l’islam », dénonce Moulana Ashrafi.

« Maintenant que l’armée et le gouvernement sont d’accord, les conditions sont idéales pour défendre la tolérance au sein de la société pakistanaise », ajoute Moulana, qui est à la tête du Conseil des Oulémas depuis plus de cinq ans, et qui assure que la déclaration d’Islamabad est un grand succès. « Nous avons essayé de publier une déclaration similaire en 2002, mais à l’époque, le gouvernement repoussait ce genre d’initiative. Les gens avaient peur de parler d’harmonie », explique-t-il. Le père dominicain James Channan et directeur du Centre pour la paix de Lahore, a salué la déclaration. « De telles initiatives favorisent le sentiment de sécurité au sein de la communauté chrétienne », se réjouit le père Channan.

(Avec Ucanews, Lahore)


CRÉDITS

Ayyaz Gulzar / Ucanews