Eglises d'Asie

Plusieurs centaines de bangladais rendent hommage au père Young, pionnier du microcrédit

Publié le 19/11/2019




Le père Charles Y. Young, missionnaire américain (1904-1988), est considéré comme le pionnier du microcrédit au Bangladesh. Le 14 novembre dernier, 31 ans après sa mort, plusieurs centaines de personnes lui ont rendu hommage à Dacca, dans la paroisse de Tejgaon, lors d’une messe célébrée en sa mémoire. Le père Young a fondé la première banque de microcrédit du pays, la CCCUL (Christian cooperative credit union limited), en 1955. Le 14 novembre, de nombreux bénéficiaires comme Sabaj Gomes, un homme d’affaires catholique, sont venus prier sur sa tombe et y déposer des fleurs : « Je dois ma réussite à cet emprunt. Je cherchais du travail à Dacca depuis longtemps, mais personne ne voulais m’embaucher. Aujourd’hui, mon entreprise marche bien. »

Le 14 novembre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la paroisse de Tejgaon, à Dacca, pour honorer la mémoire du père Charles Young, missionnaire américain, décédé il y a 31 ans dans un accident de la route. Le prêtre a introduit le microcrédit au Bangladesh, et fondé la CCCUL (Christian cooperative credit union limited), la première banque prête à prêter de petites sommes aux plus pauvres. Aujourd’hui, dix millions de personnes ont bénéficié des avantages du modèle de crédit créé par le père Young. Ce dernier est mort tragiquement le 14 novembre 1988 ; 31 ans après le père Subrato Boniface Gomes a célébré une messe en son honneur. À l’issue de la célébration, plusieurs centaines d’employés de la CCCUL lui ont rendu hommage en allant prier devant sa tombe, située dans le cimetière à côté de l’église, et en y déposant des fleurs. Le père Gomes, curé de la paroisse de Tejgaon, a souligné l’importance de l’implantation du mouvement de microcrédit au Bangladesh. « Le succès de l’opération a entraîné d’autres succès. Après lui, des gens de différentes confessions religieuses ont ouvert d’autres banques de microcrédit. Ainsi, il a apporté une contribution décisive au développement socioéconomique du pays », a salué le prêtre.

Né à New-York en 1904, le père Young est entré au séminaire de la Sainte Croix en septembre 1923. Il a été ordonné en 1928 et l’année suivante, il est sorti diplômé de l’université Notre Dame (aux Etats-Unis, dans l’État d’Indiana), où il est devenu aumônier en 1933. Il a ensuite été envoyé au Bengale oriental (devenu plus tard le Bangladesh), en tant que missionnaire, pour servir à Dacca et à Mymensingh. En 1953, Mgr Lawrence Leo Graner, alors archevêque de Dacca, l’a envoyé au Canada pour y étudier les coopératives de microcrédit. En 1955, il est retourné à Dacca pour y fonder la première banque chrétienne de microcrédit. Sa philosophie d’aide des plus démunis, en leur accordant de petits prêts, s’est tellement répandue qu’aujourd’hui, on compte 250 banques de microcrédit similaires dans le pays – souvent associées à des paroisses, des écoles et des universités. « Au nom des 42 000 membres de la banque, je rends hommage à notre fondateur », a déclaré le président de la coopérative de microcrédit, Babu Markus Gomes. « La plupart d’entre nous ont pu changer de vie grâce à lui. » Sabaj Gomes, un homme d’affaires catholique, le reconnaît. « Je dois ma réussite à l’emprunt que la banque m’a accordé. Je cherchais alors du travail à Dacca depuis longtemps, mais personne ne voulais m’embaucher. J’ai finalement demandé un emprunt, que j’ai investi dans l’industrie du textile. Aujourd’hui, mon entreprise marche bien », ajoute-t-il. Nirmol Gomes était lui aussi sans travail quand il a demandé un prêt. « Je l’ai investi dans des cours de conduite. Grâce à cela, j’ai trouvé du travail. » Aujourd’hui, 600 employés travaillent pour la banque, qui détient un capital de 7 milliards de takas (74,8 millions d’euros). Le jour de l’anniversaire de la mort du père Young, le 14 novembre dernier, la banque a créé une fondation en son nom, chargée de faire de la recherche sur le microcrédit, d’offrir des bourses d’études et des services d’assistance sociale.

(Avec Asianews, Dacca)


CRÉDITS

Asianews