Eglises d'Asie

Plusieurs centaines de travailleurs migrants birmans détenus en Chine

Publié le 20/11/2021




Malgré l’absence d’accords officiels entre la Birmanie et la Chine sur les travailleurs migrants, plusieurs centaines de milliers de Birmans vont chercher du travail en Chine chaque année. En l’absence de véritables accords, beaucoup d’entre eux sont considérés comme illégaux, arrêtés et exploités. Selon l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), on compte environ 230 000 ouvriers birmans qui ont tenté leur chance en Chine face aux conflits armés, aux catastrophes naturelles et aux destructions environnementales.

Plus de 400 travailleurs migrants birmans ont été détenus en Chine durant plus d’un an, après avoir été accusés d’être entrés illégalement dans le pays et d’y travailler sans documents officiels, selon les signalements de plusieurs migrants récemment libérés. Selon la radio RFA (Radio Free Asia), près de 300 migrants ont été détenus dans une prison de Dongguan, une ville côtière du Sud, et les autres dans une usine de transformation de produits de la mer de la ville de Weihai, dans la province de Shandong. Selon l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), on compte environ 230 000 ouvriers birmans qui ont tenté leur chance en Chine face aux conflits armés, aux catastrophes naturelles et aux destructions environnementales.

Les travailleurs sans papiers sont les plus exposés à l’exploitation des entrepreneurs et des autorités locales. Aye Lwin Than, originaire du canton de Kyauktaw, dans l’État de Rakhine, est arrivé en Chine en mars 2018 afin de travailler dans une usine de câbles électriques. Arrêté en septembre 2020, il a été libéré un an plus tard. « J’étais dans un grand dortoir. Il y avait 19 ou 20 salles par étage, et toutes étaient pleines », a-t-il déclaré après sa libération, interrogé par l’antenne birmane de RFA. « Quand nous sommes arrivés après l’arrestation, il y avait déjà 27 ou 28 détenus par cellule. Ils étaient comme nous, ils avaient été arrêtés en travaillant. Nous ignorions combien de mois ou d’années nous resterions là, ou quand nous serions libérés », a-t-il souligné, décrivant cette situation comme « sans espoir ».

Aye Lwin Than faisait partie d’un groupe de 21 Birmans travaillant dans l’usine de câbles. Neuf hommes et huit femmes ont été arrêtés ; lui et cinq autres se sont retrouvés dans une prison de Dongguan, mais il ignore ce qui est arrivé aux autres. En prison, la police leur a demandé comment ils étaient entrés dans le pays, depuis combien de temps ils y séjournaient, où ils avaient travaillé et combien ils gagnaient, mais on ne leur a jamais dit quelles étaient les accusations portées contre eux. Aye Lwin Than confie que parmi ses cinq codétenus venus de la même usine, un était originaire de Rangoun, un autre de l’État Kachin et trois de Rakhine. Comme lui, tous ont été libérés et renvoyés en Birmanie en septembre.

Aucun accord officiel existant sur les migrants birmans en Chine

Les proches de plusieurs migrants birmans toujours détenus dans la prison de Dongguan, interrogés par RFA, ont expliqué avoir besoin d’aide pour assurer leur libération. Selon plusieurs organisations, la plupart des migrants birmans en Chine travaillent dans l’industrie, le bâtiment, l’agriculture, la restauration et comme employés domestiques. Étants considérés comme indésirables dans le pays, ils restent sujets aux abus, notamment au travail forcé, aux retenues de salaires, à l’extorsion, à la servitude pour dette et autres trafics. Certains accusent les autorités chinoises de collaborer de temps en temps avec les chefs d’entreprise en exploitant les migrants.

De son côté, Aung Myat Min s’est enfui d’une usine de produits de la mer de Weihai (Nishi Haitai Marine Food Co.). Il y travaillait avec au moins 90 autres migrants. Quand la police chinoise l’a arrêté avec 45 autres ouvriers birmans, on leur a dit qu’ils pouvaient éviter la prison en travaillant pour le propriétaire de l’usine sans être payés. Avec cinq autres, Aung Myat Min s’est tourné vers l’ambassade birmane et ils ont été libérés avec son intervention, mais ils signalent que les autres ouvriers sont toujours en situation d’esclavage dans l’usine.

Le frère d’Aung Myat Min, anonyme pour raisons de sécurité, est toujours dans une usine du district de Wendeng. Selon lui, la plupart des usines de Weihai collaborent effectivement avec la police, en retenant et en exploitant près de 300 migrants birmans sans les payer. « Sur ceux qui ont été arrêtés avec mon frère, seuls quatre ou cinq ont été libérés. J’ignore où sont les autres. Parfois, on les emmène travailler pour d’autres entreprises. »

La Chine et la Birmanie n’ont signé aucun accord officiel sur les travailleurs migrants, mais certains observateurs affirment que plusieurs centaines de milliers de Birmans vont travailler en Chine chaque année. En l’absence de véritable accord, les migrants birmans sont considérés comme illégaux et souvent arrêtés et exploités. L’ambassade chinoise en Birmanie affirme de son côté que Pékin reconnaît les droits et les intérêts des étrangers dans le pays. « Si des étrangers rencontrent des difficultés ou des litiges en Chine, ils peuvent demander l’aide de l’agence de sécurité publique la plus proche, ou encore celles de leur ambassade ou de leur consulat en Chine », a déclaré l’ambassade chinoise.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Radio Free Asia / Ucanews