Eglises d'Asie

Plusieurs milliers de migrants birmans cherchent à entrer en Thaïlande en quête d’emploi

Publié le 04/11/2021




En octobre, 250 migrants birmans ont été arrêtés à la frontière, alors qu’ils étaient entrés illégalement en Thaïlande. Tous les mois, plusieurs milliers d’entre eux cherchent à traverser la frontière en quête d’emploi. « La situation est très mauvaise dans mon pays », confie Win Htet Kyaw, qui vit en Thaïlande depuis 2017. « Beaucoup de gens cherchent à partir. » Depuis le coup d’État du 1er février, l’économie birmane s’est fortement dégradée, et d’autant plus avec la crise sanitaire. Même si la Thaïlande a également souffert, le pays a mieux résisté comparé à son voisin occidental.

Une organisation locale (MKLDO) engagée auprès des migrants, à Kengtung dans l’est de l’État Shan.

Plusieurs milliers de migrants birmans, désespérés et démunis, cherchent chaque mois à entrer en Thaïlande en quête d’emploi. Selon les autorités locales, le mois dernier, 250 migrants ont été arrêtés avec huit guides thaïlandais (qui les avaient aidés à entrer illégalement en Thaïlande), le long de la frontière entre les deux pays, dans le nord de la Thaïlande. Toutefois, le nombre de migrants birmans ayant traversé cette frontière poreuse en octobre pourrait être bien plus élevé, beaucoup d’entre eux ayant pu échapper aux contrôles. Les réseaux de contrebande continuent d’agir dans les régions frontalières du nord et de l’ouest de la Thaïlande, en aidant les migrants à traverser la frontière depuis la Birmanie. Le mois dernier, le long de la frontière occidentale thaïlandaise, plusieurs centaines de migrants birmans ont également été détenus. Les travailleurs migrants présents en Thaïlande viennent majoritairement de Birmanie, du Cambodge et du Laos, et ils forment une grande partie de la main-d’œuvre dans les secteurs de l’industrie, de l’agroalimentaire, de l’agriculture et de la pêche.

« Beaucoup de gens cherchent à quitter le pays »

« La situation est très mauvaise dans mon pays », confie Win Htet Kyaw, un travailleur migrant venu de Birmanie, qui travaille dans un centre commercial de Bangkok en vendant des smartphones dans un petit étal. « Beaucoup de gens cherchent à quitter le pays et à vivre ailleurs », ajoute Win Kyaw, qui habite en Thaïlande depuis 2017. « En Birmanie, tout ne fait qu’empirer [sous la junte actuelle]. » La Birmanie est l’un des pays les plus pauvres d’Asie du Sud-Est, tandis que la Thaïlande est l’un des plus développés de la région. Depuis le coup d’État militaire du 1er février, l’économie birmane a été fortement affectée, sans compter les conséquences de la crise sanitaire. Bien que l’économie thaïlandaise ait également souffert de la pandémie, le pays reste relativement fort comparé à son voisin. Des experts s’attendent à ce qu’à long terme, on assiste à un grand nombre de personnes, issues de pays en proie à la guerre et à la crise économique comme la Birmanie, qui chercheront à tenter leur chance en Thaïlande.

Travail illégal et exploitation

L’an dernier, la Thaïlande comptait officiellement près d’un million de travailleurs migrants venus de Birmanie, selon le ministère du Travail, bien que le pays compte sans doute encore bien davantage de migrants sans papiers, employés illégalement. Toutefois, malgré les promesses d’emplois en Thaïlande, beaucoup de migrants finissent par être exploités, en particulier ceux qui sont sans papiers et qui travaillent dans des secteurs particulièrement exposés comme l’agroalimentaire et la pêche. Ainsi, nombre d’entre eux sont forcés à travailler jusqu’à 16 heures par jour, pour des salaires largement inférieurs à la moyenne nationale, et dans des conditions de travail souvent dangereuses et insalubres. « De plus en plus, les droits des travailleurs birmans en Thaïlande sont violés », dénonce Ko Ye Min, porte-parole d’une organisation locale défendant leurs droits (Aid Alliance Committee for Myanmar Workers), interrogé par le Myanmar Times. « Même les employés qui ont des contrats officiels ne sont pas épargnés. Les violations ont empiré durant la pandémie, depuis que les entreprises thaïlandaises ont commencé à avoir des problèmes financiers. »

(Avec Ucanews)