Eglises d'Asie – Thaïlande
Plusieurs milliers d’étudiants thaïlandais manifestent en soutien au parti du Nouvel avenir, dissous le 21 février
Publié le 27/02/2020
Plusieurs jours après la dissolution du parti du Nouvel Avenir (Futur Forward), pourtant particulièrement populaire aux élections nationales de mars 2019, notamment auprès des jeunes, plusieurs milliers d’étudiants ont manifesté contre la décision de la Cour constitutionnelle dans plusieurs universités du pays, notamment à l’université Mahidol, dans la province de Nakhon Pathom en périphérie de Bangkok. Le 25 février, plusieurs centaines d’étudiants y ont organisé un « flash mob » pour défendre leurs droits démocratiques. Les jeunes ont notamment chanté « nous sommes le peuple » et « ce pays nous appartient », en tenant des affiches en soutien au parti dissous. Les étudiants ont élevé leurs smartphones en allumant les flashs à la tombée de la nuit, en chantant un hymne plaintif évoquant un oiseau blessé qui doit encore faire un long voyage – allusion claire au sort de la Thaïlande après plusieurs décennies de crise politique entre transitions démocratiques et coups d’État. Dans plusieurs autres universités, dont celles de Chulalongkorn et de Kasetsart, institutions prestigieuses de Bangkok, plusieurs centaines d’autres étudiants se sont rassemblés en organisant des manifestations similaires et en appelant à renforcer les droits démocratiques dans le pays. « Notre pays est dans une situation difficile. C’est comme si nous étions bloqués dans le passé », dénonce un étudiant de quatrième année en communication, de l’université Chulalongkorn, qui a participé à une manifestation dans le centre de Bangkok. L’étudiant évoque les diverses décisions judiciaires de ces dernières années, qui ont vu plusieurs autres partis d’opposition dissous pour des infractions mineures.
En mars dernier, lors des élections parlementaires nationales, plus de six millions d’électeurs, dont de nombreux jeunes thaïlandais, ont voté pour le nouveau parti, qui proposait notamment de réduire l’influence de l’armée thaïlandaise dans la politique nationale. La décision, qui est décrite par de nombreux observateurs comme une manœuvre politique sournoise et intéressée, est un coup dur pour les aspirations de nombreux électeurs, qui continuent de militer pour leurs droits démocratiques depuis le dernier coup d’État militaire il y a six ans. Le gouvernement actuel est dirigé par le général Prayut Chan-o-cha, ancien chef de l’armée à l’origine du coup d’État de 2014 ; il dirige aujourd’hui une coalition composée de plusieurs partis conservateurs. Ce 25 février, de nombreux étudiants ont également appelé à la démission du général Prayut, en reprenant un geste emprunté à la série Hunger Games (trois doigts levés en signe de protestation et de symbole prodémocratie). Depuis plusieurs jours, de nombreux étudiants se mobilisent également sur les réseaux sociaux, appelant à rejoindre les rassemblements organisés en soutien au parti dissous et aux autres forces prodémocratie thaïlandaises. D’autres manifestations pacifiques étaient prévues hier et aujourd’hui dans plusieurs universités à travers le pays.
(Avec Ucanews, Bangkok)
Crédit : Sirakorn Lamyai (CC BY-SA 4.0)