Eglises d'Asie

Pour Mgr Chow, évêque de Hong-Kong, la loi sur la sécurité nationale doit avoir des limites claires

Publié le 18/11/2022




Dans une interview donnée récemment à une publication du Wah Yan College, un institut jésuite basé à Kowloon, Mgr Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong-Kong, a déploré « la confusion sur ce qui peut être dit ou non » face à la loi sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en juin 2020. En évoquant une société « profondément blessée » et divisée, y compris au sein de la communauté catholique locale, il a également appelé chacun à jouer un rôle « en faveur de la réconciliation ».

Mgr Stephen Chow Say-yan, évêque de Hong-Kong.

L’ambiguïté causée par la façon dont les autorités pro-Pékin de Hong-Kong utilisent la loi sur la sécurité nationale a semé « la confusion sur ce qui peut être dit ou non », selon Mgr Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong-Kong, qui estime qu’une telle situation est un obstacle pour ceux qui veulent guérir les blessures de la société hongkongaise.

Les remarques de l’évêque ont été publiées dans une interview récente réalisée par une publication d’anciens élèves du Wah Yan College, une université jésuite basée dans le quartier de Kowloon, où Mgr Chow a servi comme directeur avant sa nomination comme évêque de Hong-Kong par le pape François.

Le South China Morning Post, le principal quotidien de Hong-Kong, a mentionné l’interview, qui couvre de nombreux sujets dont les conséquences de la loi controversée imposée par Pékin en juin 2020 contre « la sécession, le terrorisme et la collusion avec l’étranger ou des forces extérieures ».

Pour l’évêque, « la difficulté de la loi sur la sécurité nationale vient du fait qu’on ignore où se trouve la ‘ligne rouge’ ». « Les enseignants, les travailleurs sociaux et même les professions juridiques rencontrent des barrières », a-t-il souligné, en ajoutant que « les experts et les législateurs ont peut-être un autre regard sur la loi » mais que « tout le monde doit pouvoir connaître les limites pour que les gens puissent savoir comment s’exprimer ».

« Nous devons tous nous écouter et communiquer »

Concernant la façon dont la répression qui a suivi les manifestations anti-gouvernement de 2019 a divisé la population, y compris au sein de la communauté catholique hongkongaise, Mgr Chow a invité chacun à jouer un rôle en faveur de la réconciliation d’une société profondément blessée. Sans se montrer trop critique, il a également appelé les Hongkongais à ne pas baisser les bras. Il a aussi recommandé de « s’asseoir et attendre que s’élèvent les nuages », en soulignant que « le temps est plutôt au discernement qu’à l’action ».

Quant à l’Église catholique à Hong-Kong, Mgr Chow a assuré qu’elle ne s’est pas contentée d’assister aux événements sans rien faire, face aux tensions sociales et à l’introduction de la loi sur la sécurité nationale. Les institutions catholiques locales et les fidèles ont notamment renforcé leur soutien aux jeunes emprisonnés en offrant une aide à l’éducation et pour leur réhabilitation.

En appelant à la patience pour guérir les blessures des divisions politiques et de la profonde méfiance qui s’est creusée dans la société, l’évêque a appelé la population locale à ajuster les attitudes des uns envers les autres. « Aujourd’hui, la plus grande crise que traverse Hong-Kong vient du fait que différents groupes ne pensent qu’à leurs propres intérêts », a-t-il affirmé, en estimant que pour permettre cette guérison, « nous devons tous nous écouter et communiquer avec les autres ».

Créer un lien entre la communauté catholique chinoise et l’Église universelle

Interrogé sur les relations avec Pékin et sur le renouvellement de l’accord avec le Saint-Siège sur les nominations épiscopales, Mgr Chow a confié qu’il espère visiter les évêques de Chine continentale et établir des liens. Il a ajouté que la tâche qui a été confiée à Hong-Kong par saint Jean-Paul II est de créer un lien entre la communauté catholique chinoise et l’Église universelle. « Nous espérons avoir davantage d’occasions d’échanger et d’écouter », a-t-il expliqué.

L’évêque a également évoqué le projet de la première université catholique hongkongaise, un souhait qu’il avait déjà quand il était à la tête du Wah Yan College. Une demande avait été déposée pour un site basé à Fanling, près de la frontière avec la Chine continentale, mais les autorités ont refusé, officiellement parce que le terrain devait être utilisé pour des logements. Pourtant, le diocèse n’a pas renoncé à l’idée et espère transformer le Caritas Institute of Higher Education, un établissement basé à Tseung Kwan O, en une université privée qui doit être baptisée Université Saint François.

Enfin, Mgr Chow a souligné que des dispositions avaient été prises en vue de rencontrer John Lee Ka-chiu, chef de l’exécutif hongkongais et ancien étudiant du Collège jésuite de Wah Yan, mais que tout a été annulé parce que l’évêque a été contaminé par le Covid-19 durant son passage à Rome en septembre. « J’espère qu’il a acquis l’esprit et la largesse de vue à Wah Yan », a-t-il ajouté. « Je comprends qu’il soit soumis à beaucoup de contraintes politiques, mais c’est bien qu’il soit prêt à communiquer. »

(Avec Asianews)