Eglises d'Asie

Préfecture apostolique de Xinxiang : Mgr Zhang Weizhu, sept prêtres et dix séminaristes arrêtés

Publié le 27/05/2021




Le 21 mai dans la préfecture apostolique de Xinxiang, dans l’est de la Chine, l’évêque, Mgr Giuseppe Zhang Weizhu, a été arrêté par la police de la province de Hebei. La veille, le 20 mai, sept prêtres et dix séminaristes ont également été arrêtés. Aujourd’hui, l’évêque et les prêtres arrêtés sont toujours détenus dans un hôtel où ils ont subi des « sessions politiques ». Les séminaristes ont été remis à leurs familles et interdits de poursuivre leurs études théologiques. Le séminaire a été dissous.

Une procession mariale à Shantou, dans la province de Guangdong, en mai 2017.

En seulement deux jours, presque tout le personnel ecclésiastique de la préfecture apostolique de Xinxiang a été arrêté lors d’une opération des forces de police de la province de Hebei. Le 21 mai, Mgr Giuseppe Zhang Weizhu a été arrêté, ainsi que sept prêtres et dix séminaristes la veille. Le 20 mai dans l’après-midi, au moins 100 policiers de la province de Hebei – de Cangzhou, Hejian et Shaheqiao – ont encerclé le bâtiment utilisé comme séminaire diocésain à Shaheqiao (Hebei). La préfecture de Xinxiang utilise en fait une petite usine appartenant à un catholique du Hebei comme séminaire. La police est entrée dans le bâtiment et a arrêté quatre prêtres enseignant dans le séminaire, et trois autres prêtres qui ont diverses activités pastorales dans la préfecture. Avec eux, dix séminaristes qui suivaient des cours dans l’usine ont été arrêtés. Selon les directives des Nouvelles régulations sur les activités religieuses, l’usine a été fermée et le directeur de la société a été arrêté. La préfecture apostolique de Xinxiang n’est pas reconnue par le gouvernement chinois. Par conséquent, les activités des prêtres, des séminaristes et des fidèles sont considérées comme « illégales » et « criminelles ». Après le raid des forces de l’ordre, les policiers ont confisqué tous les effets personnels des prêtres et des séminaristes.

« L’accord a été trahi »

Vu l’ampleur de déploiement des forces de l’ordre, le raid aurait été planifié depuis quelque temps. Les autorités civiles, qui estiment que d’autres séminaristes ont pu s’échapper, continuent de les chercher dans le secteur. Les agents de sécurité et les policiers vont de maison en maison dans ce but. S’ils découvrent des signes attribués à la foi catholiques (croix, statues, images pieuses, photos du pape…), les propriétaires reçoivent une amende et les objets sont saisis et détruits. Selon de nombreux observateurs, depuis la signature de l’accord provisoire entre la Chine et le Saint-Siège, la persécution des catholiques – en particulier les « non officiels » – s’est intensifiée. Selon l’accord, qui concerne seulement la nomination des nouveaux évêques, toutes les autres questions liées à la vie de l’Église sont censées rester en attente avant d’être traitées plus tard, dans le cadre de nouvelles négociations entre les deux parties. Pourtant, les forces de l’ordre ont placé des évêques en résidence surveillée, imposé de lourdes amendes aux fidèles, chassé des curés de leurs paroisses, et arrêtés des prêtres et des séminaristes. Pour beaucoup de fidèles, « l’accord a été trahi ». Mgr Giuseppe Zhang Weizhu, 63 ans, a été ordonné évêque en 1991. Il a subi plusieurs périodes d’emprisonnement. La préfecture apostolique de Xinxiang compte près de 100 000 fidèles.

Nouvelles régulations sur les activités religieuses

Quelques jours après leur arrestation, l’évêque de Xinxiang et les prêtres arrêtés sont toujours placés en confinement solitaire dans un hôtel. Ils ont déjà subi des « sessions politiques » que les fidèles définissent comme du « lavage de cerveau », organisées pour leur inculquer les principes de liberté religieuse garantis par le Parti communiste chinois. Mgr Zhang, bien que reconnu par le Saint-Siège, ne l’est pas par le gouvernement chinois. De même, les dix prêtres arrêtés sont également considérés comme « criminels » car ils refusent de se soumettre au Parti communiste chinois et d’adhérer à l’Église « indépendante », selon les Nouvelles régulations sur les activités religieuses. Outre les dix séminaristes arrêtés, trois autres étudiants en fuite ont été retrouvés par la suite. Les jeunes ont été remis à leurs familles et interdits de poursuivre leurs études théologiques. En Chine, les Nouvelles régulations autorisent les activités religieuses (y compris les études théologiques) seulement dans des institutions contrôlées et enregistrées auprès du gouvernement ; le personnel religieux peut assurer ses fonctions seulement à condition d’adhérer à l’Église « indépendante » (du Saint-Siège) et de se soumettre au Parti.

L’accord entre le Vatican et la République populaire de Chine n’a pas modifié la substance de ce contrôle : le Saint-Siège a signé l’accord avec le ministère des Affaires étrangères chinois, qui considère le Vatican comme un État étranger. Mais les activités des Églises et des religions en Chine dépendent du Front uni et du ministère des Affaires religieuses. L’accord avec le ministère des Affaires étrangères n’a donc aucun impact sur le contrôle imposé à l’Église locale. Pour cette raison, bien que l’accord reconnaisse le pape comme chef de l’Église catholique universelle (et donc également de l’Église catholique en Chine), cela ne garantit aucun changement ni davantage de libertés pour les communautés locales.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Ucanews