Eglises d'Asie – Thaïlande
Premiers apôtres du Laos : le centenaire de la mort de Mgr Prodhomme et du père Guégo célébré le 10 décembre
Publié le 17/12/2020
Préparé depuis plusieurs mois, le centenaire de la mort des deux premiers missionnaires au Laos et dans la région nord-est de la Thaïlande est la plus grande cérémonie de l’année 2020 en Isan (la région du nord-est du pays en thaï). Cet événement a été organisé dans le but de commémorer la mort de Mgr Constant Jean Baptiste Prodhomme (1849-1920) et du père Xavier Guégo (1855-1918), qui ont déposé les premières semences de l’Évangile dans le pays, libéré les esclaves et réalisé de nombreuses œuvres caritatives comme l’accueil des orphelins ou des exclus. Les quatre diocèses d’Isan, à savoir Ubon Ratchathani, Udon Thani, Nakhon Ratchasima et Thare-Nongseng, ainsi que le vicariat apostolique de Savannakhet-Khammouane (Laos) ont organisé les célébrations le 10 décembre dans l’église Sainte-Anne de Nakhon Panom. Le début des commémorations a été marqué par un triduum de messes célébrées dans chaque diocèse. Environ 2 500 fidèles ont participé à cette journée, en présence du nonce en Thaïlande, des évêques des quatre diocèses et de Chiang Mai, ainsi que des représentants des Missions Étrangères de Paris (dont le père Nicolas Lefébure, supérieur du groupe Thaïlande, Laos, Birmanie) et ceux de l’autorité civile.
« Je rends grâce à Dieu qui nous a donné ces pères missionnaires »
Malheureusement, les fidèles laotiens ne pouvaient participer aux célébrations qu’en esprit, par la pensée et par la prière, du fait qu’ils habitent de l’autre côté du fleuve Mékong. En raison du Covid-19, la frontière thaïlandaise reste fermée aux visiteurs étrangers. Une retransmission en direct a donc été mise en place afin que les catholiques thaïlandais et laotiens éloignés puissent suivre l’évènement. La fête du centenaire du 10 décembre a été une véritable occasion de retracer, de relire et de méditer l’histoire des premiers missionnaires. L’homélie et les discours portaient sur la vie missionnaire de Mgr Prodhomme et du père Guégo. Un théâtre musical a révélé les moments clés de ces deux envoyés français dans l’histoire de la mission, comme les difficultés auprès des autorités locales, les défis culturels, la fondation de la congrégation des Amantes de la Croix, la libération des esclaves et la réintégration des Phi Pop (expulsés de leurs villages ou de leurs familles suite à la rupture avec le culte de leur société). « Je rends grâce à Dieu, Lui qui nous a donné ces pères missionnaires. Je suis particulièrement touchée par leur courage et leur ardeur pour la mission. Ils sont venus jusqu’à nous dans un pays autrefois dangereux, voire sauvage. Il y a eu, par ailleurs, la guerre et des répressions contre les chrétiens. Je voudrais donc exprimer toute ma gratitude à tous les pères missionnaires », se réjouit Woon, une postulante de la congrégation des Amantes de la Croix, âgée de 20 ans.
De son côté, Oak, un fonctionnaire de 24 ans, le seul catholique employé à la mairie de Nakhon Phanom, confie : « Je suis très heureux d’être ici, et très fier d’avoir accompagné le maire qui est bouddhiste. Sans moi, il n’était pas à l’aise à l’idée de venir ici puisqu’il ne connaît pratiquement pas la tradition chrétienne. Pourtant, il est maire d’une ville où la majorité de la population est catholique. » L’inauguration de statues en l’honneur de deux pionniers de la mission catholique a donné une occasion au maire et au préfet de Nakhon Panom de mieux connaître les habitants de la région, chrétiens pour la plupart. L’idée de la commémoration est née du père Robert Costet, MEP (1928-2019), qui désirait créer un événement dans le cadre du 350e anniversaire du vicariat apostolique du Siam, afin d’enflammer le cœur des baptisés du pays d’un zèle missionnaire, à travers l’histoire de ces premiers apôtres du Christ au Laos et dans le nord-est de la Thaïlande. « Quels seront les fruits des semences de ces deux pères missionnaires dans les années qui viennent ? » Telle est la question qu’ont posée de nombreux participants. Nul ne le sait, mais la réponse semble bien ancrée dans l’intimité de chaque baptisé de l’Isan.
(EDA / Tanya Leekamnerdthai)
CRÉDITS
T. L.