Eglises d'Asie

Près de 460 000 Cambodgiens poussés dans la pauvreté à cause de la crise sanitaire

Publié le 29/11/2022




Selon un nouveau rapport publié le 28 novembre par la Banque mondiale, les conséquences économiques de la pandémie ont affecté plus de 460 000 habitants au Cambodge, avec une hausse du taux de pauvreté de 2,8 %. La situation s’est inversée après une décennie de croissance économique, alors que le taux de pauvreté est passé de 33,8 % à 17,8 % entre 2009 et 2019. « Malgré cette progression, beaucoup de foyers sont restés vulnérables », selon le rapport.

La pandémie de Covid-19 a mis fin à une décennie de croissance économique et de réduction de la pauvreté sans précédent au Cambodge, en poussant près de 460 000 habitants dans la pauvreté, selon la Banque mondiale. Dans un nouveau rapport d’évaluation publié le 28 novembre, intitulé « Vers un Cambodge plus inclusif et résilient », l’organisation note que le taux de pauvreté a chuté presque de moitié entre 2009 et 2019, alors que l’économie mondiale bénéficiait de forts taux de croissance.

Ainsi, le taux de pauvreté est passé de 33,8 % à 17,8 % en dix ans, et ce sont presque 2 millions d’habitants qui ont échappé à la pauvreté durant cette période. Mais la Banque mondiale souligne que la crise sanitaire, qui a éclaté fin 2019, a inversé la tendance en augmentant le taux de pauvreté de 2,8 %, soit environ 460 000 nouveaux habitants dont les revenus sont passés sous le seuil de pauvreté.

« Les efforts pour accélérer la transformation structurelle du Cambodge ont contribué à réduire la pauvreté », explique Maryam Salim, directrice de la Banque mondiale pour le Cambodge. « Toutefois, malgré cette progression incroyable, beaucoup de foyers sont restés vulnérables, avec peu d’économies et de réserves. C’est pourquoi le Covid-19 a fait reculer le pays dans son combat contre la pauvreté, face à la crise de l’emploi et à la diminution des salaires. »

« L’augmentation des revenus non agricoles a contribué à la réduction de la pauvreté »

Par Selon le site de la Banque mondiale, le Cambodge a revu son seuil de pauvreté d’après la dernière Enquête socio-économique sur le Cambodge pour 2019-2020. Le seuil national de pauvreté est aujourd’hui de 10 951 riels par jour et par personne, soit environ 2,53 euros. L’économie cambodgienne, comme ailleurs, a été affectée par la pandémie ; mais les difficultés économiques ont été exacerbées par un exode d’entreprises occidentales qui a suivi une répression du gouvernement, initiée dès 2017 contre les partis politiques de l’opposition, les médias, les syndicats et les ONG. Les investissements chinois ont alors émergé comme les principaux contributeurs étrangers à l’économie nationale, mais cela aussi s’est fragilisé durant la crise sanitaire.

La Banque mondiale a ajouté que durant cette phase de croissance d’une dizaine d’années, « l’augmentation des revenus non agricoles, comme le tourisme, le textile et le bâtiment, a particulièrement contribué à la réduction de la pauvreté ». Par ailleurs, la croissance a soutenu une transformation structurelle de l’économie locale, avec des secteurs plus productifs. La création d’emplois industriels et tertiaires mieux rémunérés a permis à de nombreux habitants de renoncer à des emplois agricoles peu payés afin d’améliorer leurs revenus.

Selon le rapport, « durant la même période, les conditions de vie et l’accès à des services de base comme l’électricité, l’eau courante, la santé et l’éducation se sont améliorés pour des pans entiers de la population ; cette évolution a réduit les différences de niveau de vie entre les foyers ruraux et urbains ».

Alors que l’économie chute à nouveau, le Cambodge a été salué pour une campagne de vaccination efficace, et le pays a été l’un des premiers d’Asie du Sud-Est à assouplir les restrictions sanitaires et à rouvrir ses frontières. Dans son rapport, la Banque mondiale estime que le Cambodge devrait envisager une série d’actions politiques afin de soutenir une reprise plus inclusive et résiliente face aux conséquences économiques de la pandémie. « Cela comprend les transferts en espèce, des mesures pour renforcer la protection sociale et des investissements dans la santé et l’éducation », poursuit le rapport.

(Avec Ucanews)