Eglises d'Asie

Près d’un foyer sur trois menacé par l’insécurité alimentaire au Sri Lanka

Publié le 05/01/2023




Selon un rapport récent du Programme alimentaire mondial (PAM), 36 % des foyers sri-lankais font face à l’insécurité alimentaire à cause de la crise. Selon le rapport du PAM, « trois foyers sur dix font face à une consommation alimentaire insuffisante et beaucoup ont un régime alimentaire moins varié ». Le PAM estime que près de 6,3 millions de Sri-Lankais font face à des niveaux d’insécurité alimentaire modérés à graves.

Récolte de riz, Sri Lanka (archive, 2010).

Un nouveau rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) indique que la crise économique au Sri Lanka a aggravé le risque d’insécurité alimentaire dans le pays. Au total, 36 % des foyers y sont exposés, tandis que 76 % d’entre eux doivent recourir à différentes méthodes de résilience pour s’adapter à la situation.

Bien que les niveaux d’insécurité alimentaire se soient stabilisés au cours des trois derniers mois, ils restent élevés. Ainsi, plus de la moitié des foyers sri-lankais sont forcés de mettre en gage de l’or ou des bijoux, ou encore d’emprunter de l’argent pour pouvoir acheter de la nourriture.

Selon le rapport du PAM, « environ trois foyers sur dix font face à une consommation alimentaire insuffisante, et beaucoup d’entre eux ont un régime alimentaire beaucoup moins varié ». La crise économique actuelle affecte certaines catégories sociales de manière disproportionnée, tandis que les contraintes financières ont forcé le gouvernement à renoncer à ses programmes de nutrition, y compris concernant les repas dans les écoles et les aliments enrichis pour les mères et les enfants malnutris.

6,3 millions de Sri-Lankais affectés par l’insécurité alimentaire

Le PAM et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estiment que près de 6,3 millions de Sri-Lankais (soit plus de 30 % de la population) font face à des niveaux d’insécurité alimentaire modérés à graves, et que leur situation devrait s’aggraver en l’absence d’une assistance adéquate pour sauver des vies et soutenir les moyens d’existence. Une situation aggravée par deux saisons consécutives de mauvaises récoltes qui ont entraîné une chute de près de 50 % de la production, sans compter une réduction des importations de céréales alimentaires en raison des contraintes de change.

Certains économistes expliquent que plus de la moitié des foyers achètent de la nourriture à crédit à cause de leur manque de moyens ; il leur est donc difficile de s’alimenter correctement, d’autant plus que les prix alimentaires restent un problème pour neuf foyers sur dix. De plus, l’insécurité alimentaire a augmenté de 4 % en octobre dernier par rapport aux mois précédents.

La moitié des foyers (48 %) de la province du Sud seraient affectés, suivis de la province de Sabaragamuwa (45 %). La situation est similaire dans d’autres provinces du pays, en particulier dans celles d’Uva et du Nord-Ouest, et les choses ne devraient pas s’améliorer en 2023. En revanche, les habitants de l’est et du nord du pays ont enregistré les niveaux les plus faibles d’insécurité alimentaire en octobre, avec 26 et 25 % respectivement.

« Les programmes d’aide visant les petits producteurs restent une priorité »

Les experts agricoles estiment que cette catastrophe est due à un manque de programme à long terme depuis l’introduction de l’agriculture biologique par l’administration Rajapaksa. Selon eux, bien que le gouvernement ait fourni des graines aux fermiers, ainsi que du matériel agricole et des engrais, les décisions de l’administration précédente ont « ruiné tout le secteur agricole ». « Afin d’éviter une aggravation des conditions alimentaires et de soutenir la restauration de la production agricole, les programmes d’aide visant les petits producteurs restent une priorité », souligne une source au sein de la FAO.

Ainsi, « le fait d’améliorer la capacité de ces derniers devrait soutenir la résilience du secteur agricole, réduire les besoins d’importations face aux pénuries de devises étrangères et éviter l’aggravation de l’insécurité alimentaire ». Pour certains chercheurs, la situation actuelle dans le pays prouve que malgré ses efforts, le gouvernement n’a pas su limiter l’impact de l’augmentation du coût de la vie sur les classes moyennes et pauvres, malgré l’introduction d’un Programme national de sécurité alimentaire comprenant la réduction des dettes des producteurs de riz.

(Avec Asianews)