Eglises d'Asie – Cambodge
Province de Pursat : des sœurs missionnaires sud-coréennes au service de l’éducation des enfants
Publié le 01/12/2021
Sœur Kim Bun-seon, lors d’une visite pastorale récente dans un village de la province de Pursat, dans l’ouest du Cambodge, a été choquée de constater que dans plusieurs familles, les enfants travaillent avec leurs parents aux champs ou en participant à d’autres travaux ou tâches domestiques.
« Les parents emmènent leurs enfants travailler. Ici, ils privilégient les corvées ménagères à l’éducation de leurs enfants. C’est triste, mais inévitable à cause de leur pauvreté », confie la religieuse sud-coréenne, de la congrégation des Sœurs de l’éducation chrétienne, fondée en France en 1817. Sœur Kim a visité le village à moto en accompagnant un enseignant cambodgien, et en s’arrêtant à chaque maison.
Elle a finalement rencontré Mooney, un jeune garçon cambodgien. Il était occupé par des tâches domestiques, ses parents ne pouvant pas l’envoyer à l’école, pour la même raison que la plupart des autres villageois – leur pauvreté. Mooney a répondu à sœur Kim, devant ses parents, qu’il serait effectivement heureux d’aller à l’école. Mais la religieuse a été surprise de constater qu’il n’avait plus aucun des manuels scolaires qu’elle lui avait confié lors d’une précédente visite. Avant de partir, elle lui a donné un nouveau livre et l’encourageant à étudier.
Les visites de sœur Kim aux villages de la région font partie d’une mission qu’elle a commencée avec ses consœurs en 2010, afin de tenter de développer l’accès à l’éducation des villageois. Sœur Kim et sœur Kwak Jeon-hae sont venues dans la région, couverte par la préfecture apostolique de Battambang, afin de soutenir les enfants de cette province rurale, où les habitants continuent de faire face à la pauvreté et à l’illettrisme.
97 % des enfants cambodgiens inscrits en école primaire en 2017-2018
En raison de la pandémie, tous les établissements scolaires ont été fermés durant plusieurs mois, laissant la plupart des élèves sans éducation et les exposant au décrochage scolaire. Le Cambodge a pourtant fait de réels progrès ces dernières années avec de forts taux d’inscription scolaire. Selon l’Unicef, près de 97 % des enfants cambodgiens étaient inscrits en école primaire en 2017-2018. Toutefois, l’organisation remarque que beaucoup d’enfants prennent du retard et finissent par décrocher pour plusieurs raisons, notamment parce qu’ils ne sont pas suffisamment préparés à l’environnement éducatif à cause de la pauvreté, de la malnutrition et d’une fréquentation scolaire irrégulière.
Par conséquent, l’Unicef explique que beaucoup d’enfants ne parviennent pas à acquérir un niveau scolaire suffisant pour leur âge. En primaire, presque 25 % des enfants en CE2 ne savent pas écrire un seul mot lors des dictées. Seuls 27 % des élèves âgés de 3 à 5 ans sont suffisamment préparés pour apprendre à lire, écrire et compter, et une fois atteint l’âge de 17 ans, 55 % des adolescents ont déjà quitté l’école.
Face à ces difficultés, les missionnaires coréennes ont créé l’école maternelle Notre-Dame de Miséricorde dans la paroisse de Pursat, ainsi qu’une salle d’étude pour les élèves en primaire, au collège et au lycée, venant de sept villages de la région – des services dont bénéficient près de 800 enfants chaque semaine. Outre l’éducation générale, les religieuses organisent des sessions de lecture, des cours d’anglais et diverses autres activités comme la danse, les arts plastiques et le sport. Elles sont aidées par le curé de la paroisse de Pursat.
Avant l’arrivée des religieuses coréennes à Pursat, beaucoup d’enfants n’allaient pas à l’école, beaucoup de parents étant illettrés. Aujourd’hui, ils manquent toujours d’enthousiasme à l’idée de les envoyer à l’école, et il est courant de voir les enfants travailler dans les stations d’essence ou dans les champs. Sœur Kwak fait part de la tristesse qu’elle ressent à chaque fois qu’un enfant se retrouve en décrochage scolaire. « Chaque fois qu’un élève abandonne son éducation, à cause de la pauvreté, ça fait vraiment mal. Tout ce que je veux, c’est les aider à grandir dans la dignité reçue de Dieu », confie-t-elle.
Environ 2 % de chrétiens sur 16 millions d’habitants
Sœur Kwak Jeon-hae explique que la crise financière provoquée par la pandémie est une véritable épreuve pour leur mission. Leurs services auprès des enfants dépendent largement des parrainages et des dons des bienfaiteurs. À cause de la crise sanitaire, la générosité des donateurs a fortement diminué, les mettant à l’épreuve. « Nos enfants ont besoin d’aide. C’est dur de les voir renoncer par manque de moyens. Nous les aidons comme nous le pouvons, mais nos capacités sont limitées et nous sommes parfois impuissantes. »
À Pursat, sœur Kwak reste pourtant déterminée à poursuivre leur mission éducative auprès des communautés vulnérables. « J’appelle de tout cœur tous ceux qui le peuvent à participer au programme de parrainage. »
Au Cambodge, les chrétiens forment une petite minorité, soit environ 2 % de la population sur plus de 16 millions d’habitants, majoritairement bouddhistes. Selon des sources ecclésiales, on compte près de 20 000 catholiques dans le pays, divisé en trois juridictions ecclésiastiques – un vicariat apostolique et deux préfectures apostoliques.
(Avec Ucanews et Catholic Times of Korea)
CRÉDITS
Sisters of the Religious of Christian Education / Ucanews