Eglises d'Asie

Province de Sindh : les chrétiens de Karachi victimes des inondations et des expulsions forcées

Publié le 22/07/2022




Plusieurs centaines de chrétiens de Karachi, dans le sud du Pakistan, subissent les inondations et les expulsions forcées dans le cadre de la politique anti-empiétement, mise en place l’an dernier le long des canaux étroits (nullahs) qui sillonnent la ville. L’opération, lancée en 2019 après des inondations brutales, fragilise malgré tout les habitants des bidonvilles installés sur les rives des « nullahs ». Les provinces de Sindh et du Baloutchistan ont subi les plus hauts niveaux de précipitations en trente ans ce mois-ci.

Des membres de Caritas Pakistan Karachi fournissent une bâche à des habitants après les inondations.

Plus de 500 chrétiens de Karachi, la capitale financière du Pakistan, tentent de survivre aux inondations et aux expulsions forcées du gouvernement de la province de Sindh. « Parmi eux, on compte des familles dont les logements ont été partiellement ou complètement démolis le long des ‘nullahs’ [des canaux étroits sillonnant Karachi] près des paroisses Saint-Jude, Saint-Michel et Saint-Philippe », explique Mansha Noor, secrétaire général de Caritas Pakistan Karachi (CPK).

« Ils font partie des 6 000 familles qui vivent toujours dans les bidonvilles bâtis sur trois ‘nullahs’ malgré une politique mise en œuvre l’an dernier contre l’empiétement », ajoute-t-il. Ces mesures anti-empiétement ont été régulières depuis la décision d’un tribunal qui a ordonné de retirer toutes les installations informelles qui se développent près de deux étroits cours d’eau traversant la ville, connus comme les nullahs de Gujjar et d’Orangi. La décision a été prise à la suite des inondations brutales de 2019.

La situation s’est aggravée pour les survivants des provinces de Sindh et du Baloutchistan, qui ont subi les plus hauts niveaux de précipitations en trente ans ce mois-ci. Caritas Pakistan s’efforce, aux côtés du gouvernement, de soutenir les communautés affectées alors que le bilan des victimes, à l’échelle nationale, s’élève à 238 décès et 187 blessés à ce jour, à cause d’inondations éclairs provoquées par des pluies violentes. La marine pakistanaise a également participé aux opérations de secours.

« On devrait soit nous fournir un nouveau logement, soit nous laisser vivre ici en paix »

Selon un communiqué de presse du Département météorologique national, de nouvelles perturbations sont attendues dans les régions du nord et du centre du Pakistan cette semaine. De nouvelles pluies fortes pourraient provoquer des inondations urbaines à Karachi et dans d’autres régions de la province, entre le 24 et le 26 juillet.

Du 5 au 19 juillet, CPK a distribué des repas préparés, de l’eau potable, des colis alimentaires, des kits d’hygiène et nutritifs ainsi que de bâches, à près de 300 familles affectées par les inondations. « Les pluies violentes tombées récemment ont suscité des initiatives interreligieuses, alors que l’Église du Pakistan [qui fait partie de la Communion anglicane] et le groupe musulman Jamaat-e-Islami, la plus grande organisation religieuse du pays, ont distribué de la nourriture aux survivants. »

Razia Sunny, qui vit à quelques mètres du nullah de Gujjar, dénonce l’indifférence des autorités. Son mari travaillait comme ouvrier dans une société privée quand leur maison, à moitié détruite, a été inondée ce mois-ci. « Je n’ai pas pu emporter le riz que nous avions entreposé, ni les sacs de farine. L’eau du toit s’égouttait sur nos lits et nos vêtements. La bâche, fournie par Caritas, protège notre dignité. Mais le gouvernement devrait soit nous fournir un nouveau logement, soit nous laisser vivre ici en paix », demande-t-elle.

« Nous sommes forcés d’acheter de l’eau potable en pleine inflation record. L’eau du robinet sent mauvais et laisse des taches sur les vêtements propres et sur la vaisselle. Les bulldozers ont transformé les rives des ‘nullahs’ en sables mouvants. Le passage vers le canal a été bloqué quand deux enfants ont été secourus en pleine crue », ajoute-t-elle.

Selon Amjad Gulzar, directeur général de Caritas Pakistan, les inondations mettent aussi en danger les habitants de la province du Baloutchistan. « Les membres de l’équipe nationale de gestion des catastrophes sont sur le terrain aux côtés des équipes diocésaines afin d’évaluer la situation et organiser les secours. Nous continuerons d’aider les gens vivant dans les zones inondables des provinces de Sindh et du Baloutchistan, et nous restons avec eux dans ces temps difficiles. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Mansha Noor / Ucanews