Eglises d'Asie – Thaïlande
Province de Tak : une nouvelle chapelle inaugurée au village de Sohelou
Publié le 01/02/2022
Inaugurée le 30 octobre 2021, la chapelle Saint-Marc, dont le père Camille Rio, MEP, est chef du projet et aumônier, est lauréate du prix d’architecture américain Faith & Form. Elle se situe à Sohelou, un village Karen de 300 habitants, au milieu des vallées, près de la frontière avec la Birmanie. Le village de Sohelou se trouve dans la province de Tak, à environ 650 kilomètres au nord-ouest de Bangkok. Pour s’y rendre, il faut environ quatre heures de route depuis Mae Sot, la ville la plus proche. En revanche, le trajet peut durer toute une journée durant la saison des pluies.
Le village, qui compte environ une vingtaine de familles chrétiennes, avait besoin d’un nouveau lieu de culte. Il s’avère que l’ancienne chapelle, en très mauvais état, n’était pas réparable. Sa structure en matériaux naturels, comme le bois et le bambou, ne pouvait plus être reconstruite à l’identique.
Chayaluck Peechapat et Runn Charksmitthanont, cofondateurs du cabinet d’architecture Only Human, basé dans la capitale thaïlandaise, n’ont pas hésité à s’engager dans un tel projet, malgré la situation géographique du village, dans une zone lointaine et difficilement accessible. Pour les deux architectes, c’était une véritable opportunité, les occasions de concevoir un lieu de culte pour les chrétiens restent bien rares dans le pays.
Peechapat et Charksmitthanont se sont renseignés et informés auprès de leurs collaborateurs et auprès des villageois de Sohelou, afin de trouver un concept de construction correspondant à la foi chrétienne ainsi qu’à la culture locale. Le fait de ne pas être croyants eux-mêmes n’a donc fait aucun obstacle concernant la conception et la construction de la chapelle.
Une fierté pour les villageois
Le « Chemin de Croix » est la source d’inspiration principale de la nouvelle chapelle. Aux yeux des deux architectes, cela fait le lien entre le lieu de culte et la contemplation de chaque croyant, sur le mystère de l’amour du Christ pour toute l’Humanité, signifié par sa mort et par sa Croix.
Le premier objectif du projet, terminer avant la saison des pluies, imposait une certaine contrainte. Le père Nonchai Suwan, responsable du centre de formation Ponouaipou, explique : « D’une part, c’est lié aux problèmes de déplacement. Les routes vers le village sont en terre battue et se transforment en bourbier à la saison des pluies. D’autre part, il aurait manqué de main-d’œuvre. En effet, durant la saison des pluies, les travailleurs retournent aux champs, l’agriculture étant le métier principal des villageois. »
À cause de la pandémie, Peechapat et Charksmitthanont ne se sont rendus qu’à deux reprises sur le chantier. Avant le chantier pour répartir les tâches, et une seconde fois, une fois le projet achevé. Le reste du temps, les deux architectes ont suivi les travaux à distance depuis Bangkok.
La communication est donc au cœur de tous les défis qu’ils ont rencontrés durant la construction de la chapelle. « La difficulté, c’est qu’il y a peu de réseau mobile et de connexion Internet. De plus, les ouvriers sont des locaux qui travaillent dans le secteur », explique un des architectes. « Nous avons changé d’approche de communication en nous adressant directement aux ouvriers. Pour cela, il nous a fallu passer par des images isométriques et des diagrammes de flux. »
« Quand nous sommes entrés dans la chapelle pour la première fois, le premier sentiment qui est venu à notre esprit, c’est comme si nous avions trouvé une lumière à la sortie d’une grotte, un soulagement », ajoutent les deux architectes. Aujourd’hui, la chapelle Saint-Marc devient un véritable monument pour les visiteurs venus des autres villages, et un symbole de fierté pour tous les villageois de Sohelou, quelles que soient leurs convictions religieuses.
(EDA / Tanya Leekamnerdthai)
CRÉDITS
Acki / Chaiyo Kitkrailard