Eglises d'Asie

Rangoun : dix nouveaux détenus dont sept étudiants condamnés à mort par la junte

Publié le 10/12/2022




La semaine dernière, dix détenus birmans, dont sept étudiants de l’université Dagon de Rangoun, ont été condamnés à mort par la junte birmane pour leur participation aux manifestations et au mouvement de résistance contre le coup d’État militaire du 1er février 2021. Avec ces dix condamnations, on compte aujourd’hui 139 personnes dans le couloir de la mort en Birmanie. L’été dernier, de nombreuses organisations avaient dénoncé la fin d’un moratoire non-officiel avec les premières exécutions depuis plusieurs décennies.

Une vue aérienne de la prison d’Insein (mai 2015). Le nombre de détenus dans le couloir de la mort s’élève aujourd’hui à 139 en Birmanie selon l’ONU.

Dix détenus, dont sept étudiants de l’université Dagon de Rangoun qui auraient participé aux manifestations et au mouvement de résistance contre le coup d’État de la junte, ont été condamnés à mort la semaine dernière après avoir été jugés à huis clos de manière particulièrement injuste. La communauté internationale a réagi en appelant une nouvelle fois le régime militaire à mettre fin à la peine capitale dans le pays. Avec cette nouvelle sentence, le nombre de détenus dans le couloir de la mort depuis le coup d’État du 1er février 2021 s’élève à 139 selon les Nations unies.

En juillet dernier, en ignorant les appels des dirigeants internationaux, la junte a exécuté quatre prisonniers politiques dont le parlementaire Phyo Zayar Thaw, membre de la NLD (la Ligue nationale pour la démocratie fondée par Aung San Suu Kyi) et Ko Jimmy, écrivain et membre du groupe d’étudiants pro-démocratie Génération 88. Selon les ONG, la peine capitale, qui a fait son retour dans le pays en crise après plus de trois décennies, est utilisée par la junte au pouvoir afin de susciter la peur parmi les groupes de résistance.

L’avocat Volker Turk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, s’est indigné alors que plus de 130 personnes qui ont été condamnées à mort par des tribunaux militaires à huis clos. En réagissant aux décisions des tribunaux birmans, il a demandé la suspension de toutes les exécutions et le retour du moratoire sur la peine de mort.

Au moins 16 000 personnes arrêtées depuis le coup d’État de février 2021

Les organisations de défense des droits de l’homme ont appelé la junte à commuer immédiatement les peines de mort prononcées récemment contre les dix détenus, et à imposer un moratoire sur la peine capitale dans le but de l’abolir définitivement en Birmanie. « C’est une condamnation cruelle que la plupart des pays du monde rejettent », a souligné Manny Maung, chercheuse birmane pour l’organisation Human Rights Watch. « Pour les gouvernements qui ont hésité à imposer des sanctions ciblées contre la junte en raison de ses nombreuses violations des droits de l’homme, ces nouvelles condamnations à mort devraient être un appel clair à agir maintenant », a-t-elle ajouté.

« Les menaces de la junte birmane vont de pair avec des tribunaux militaires qui ont continuellement refusé de défendre toute idée de procès équitable ou de jugement impartial et indépendant », signale Ko Bo Kyi, cofondateur du groupe militant AAAP (Association d’assistance aux prisonniers politiques). Selon l’organisation, au moins 16 000 personnes ont été arrêtées depuis le coup d’État de février 2021, dont plus de 13 000 sont toujours en détention, et au moins 2 500 civils ont été tués.

La junte a été accusée par l’ONU de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, avec des atrocités qui comprennent des tueries de masse, des actes de torture, des arrestations arbitraires et des attaques aveugles contre des civils. Soutenue par les Nations unies, les États unies et l’Union européenne, l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) a tenté des efforts diplomatiques pour résoudre la crise politique birmane, sans réussir à imposer une pression efficace contre le régime militaire.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Phyo WP (CC BY-SA 4.0)