Eglises d'Asie – Birmanie
Rangoun : le cardinal Charles Maung Bo appelle la junte birmane à s’ouvrir au dialogue avec l’opposition
Publié le 07/12/2022
Le 23 novembre, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a confié à Radio Free Asia sa tristesse après une attaque de la junte contre son village natal de Mon Hla, dans la municipalité de Khin-U (dans la région centrale de Sagaing), qui a tué plusieurs civils dont un garçon de 7 ans. En réagissant au drame, il a appelé une nouvelle fois à trouver une solution pacifique aux conflits internes en Birmanie.
Six membres des Forces de défense populaires, la branche armée du Gouvernement d’unité national (en exil, composé d’anciens députés de la Ligue nationale pour la démocratie, chassés du pouvoir après le coup d’État de février 2021) sont également décédés le même jour à Mon Hla. Des troupes militaires ont pratiquement rasé au sol 200 bâtiments, dont une école et une église qui avaient été construites grâce à des dons collectés par le cardinal Bo.
Attaques contre les villages « Bayingyis »
Les chrétiens qui vivent à Mon Hla et dans les villages voisins de Chaung Yoe et de Chan Thar sont appelés « Bayingyis » et sont d’origine portugaise : ils ont vécu le long des rivières Chindwin et Mu dès le début du XVIIe siècle.
Les attaques contre la municipalité de Khin-U ont commencé mi-novembre, quand trois colonnes militaires sont entrées par l’ouest avant de bombarder et d’incendier plusieurs centaines de maisons. Après les frappes aériennes du 23 novembre, les militaires ont continué leur marche vers le sud, en occupant un village après l’autre.
Au village de Myin Daung, occupé par des soldats durant trois jours, les restes calcinés de plusieurs civils ont été découverts à l’intérieur d’une boutique après le départ des troupes. Selon les habitants les militaires les ont brûlés vifs, car les corps ont été trouvés avec les mains attachées derrière le dos.
Une trêve négociée par une ONG japonaise dans l’État de Rakhine
Par ailleurs, dans l’État de Rakhine, dans l’ouest du pays, les généraux ont signé une trêve avec la principale milice ethnique, l’Armée d’Arakan, au cours des dernières semaines. Les milices ethniques armées, qui sont opposées à l’État birman depuis l’indépendance du pays en 1948 (après la fin des Indes britanniques en 1947), sont alliées aux Forces de défense populaires contre la junte.
Le cessez-le-feu a été signé afin de permettre l’envoi d’aides et de médicaments aux populations locales. L’accord a été négocié par le président de l’ONG japonaise Nippon Foundation, Yohei Sasakawa, un diplomate qui a des contacts avec le chef de la junte (le général Min Aung Hlaing) et qui avait déjà facilité un cessez-le-feu entre l’Armée d’Arakan et l’armée en novembre 2020, avant les dernières élections. Toutefois, selon certains représentants de la résistance, cette trêve pourrait aider les troupes de la junte à se repositionner dans l’État Chin et dans les régions de Magwe et de Sagaing, où les combats n’ont pas cessé.
La semaine dernière, le chef du gouvernement NUG en exil, le président Duwa Lashi La, a pris la parole durant une conférence du forum global Reuters NEXT organisée à New-York. En comparant la situation en Birmanie à celle de l’Ukraine, il a déclaré que des armes antiaériennes étaient nécessaires afin de forcer l’armée birmane à s’asseoir à la table des négociations. À ce jour, le régime birman a refusé d’entrer en dialogue avec le NUG et les Forces de défense populaires, qu’il considère comme des organisations terroristes.
(Avec Ucanews)