Eglises d'Asie – Birmanie
Région de Sagaing : malgré les conflits, des paroissiens fêtent saint Michel au village de Mon Hla
Publié le 01/10/2022
Le 29 septembre, plusieurs centaines d’habitants du village de Mon Hla (dans le district de Shwebo, dans la région de Sagaing), dans le nord-ouest de la Birmanie toujours en proie aux combats, ont participé à une célébration en l’honneur de la fête des saints archanges Michel, Raphaël et Gabriel. La messe était présidée dans l’église Saint-Michel du village par le curé de la paroisse de Mon Hla. Des membres du clergé local et des paroissiens des villages alentour n’ont pas pu marquer les célébrations à cause des conflits internes entre l’armée birmane et les groupes rebelles armés.
Seulement trois jours après la fête, les villageois ont failli fuir le village quand des tirs d’artillerie ont endommagé plusieurs maisons, bien qu’aucune victime n’ait été signalée. Un villageois raconte également que des obus ont frappé trois maisons le 26 septembre, mais les habitants ignoraient d’où venaient les tirs. Une catholique, hébergée actuellement par des proches vivant hors du village, a regretté de ne pouvoir se joindre à la neuvaine et à la fête cette année. « Quand nous avons voulu partir pour participer à la fête au village, nous avons appris que les militaires avaient attaqué un autre village à proximité, donc nous avons eu trop peur de rentrer », a-t-elle raconté.
Le cardinal Bo et Mgr Tin Win ont vécu au village de Mon Hla
Selon des sources de l’Église locale, des villageois ont déjà quitté Mon Hla depuis fin juillet, pour se réfugier chez des proches ou dans des églises, après une attaque des militaires dans un autre village. Les communautés bouddhistes et catholiques ont vécu harmonieusement durant des décennies au village de Mon Hla, où ont vécu le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, et Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay.
La junte a renforcé sa répression dans la région – qui compte une forte résistance contre l’armée, responsable du coup d’État contre le gouvernement civil en février 2021 – avec des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et des maisons incendiées dans plusieurs villages, ce qui a provoqué le déplacement forcé de plusieurs milliers d’habitants. Par ailleurs, le 16 septembre dernier, une tragédie a frappé une école catholique dans un village de la région, avec au moins onze enfants tués par un bombardement.
Selon l’ONU, cette attaque survenue au village de Let Ye Kone, dans la région de Sagaing, pourrait être considérée comme un crime de guerre. Les évêques catholiques birmans ont maintes fois répété leur appel au respect de la vie humaine et au caractère sacré des lieux de culte, des hôpitaux et des écoles dans le pays en crise. « Je suis profondément écœuré d’apprendre la souffrance de plusieurs milliers de personnes, en particulier dans les villages où vivent des catholiques dont les maisons sont brûlées et dont les biens sont pillés, et qui deviennent sans abri, déplacés et qui se retrouvent dans le besoin », a déclaré Mgr Tin Win récemment dans un message vidéo.
(Avec Ucanews)