Eglises d'Asie

Rencontre avec la chrétienne pakistanaise Asia Bibi, libérée en 2018 après neuf ans de détention pour blasphème

Publié le 28/02/2020




La chrétienne pakistanaise Asia Bibi répond aux questions d’Eglises d’Asie (EDA), à la sortie de son livre « Enfin libre ! » coécrit avec la journaliste Anne-Isabelle Tollet. Dans ce nouveau livre, elle revient sur son accusation de blasphème en 2009, sa condamnation à mort en 2010 et sur ses neuf ans de détention. Acquittée et libérée en novembre 2018, elle a enfin pu s’envoler au Canada en mai 2019 pour retrouver son mari et ses filles, sans avoir pu revoir son père. De passage en France cette semaine, elle a rencontré la maire de Paris Anne-Hidalgo le 26 février, qui l’a proclamée citoyenne d’honneur de la ville, et elle doit être reçue par le président Emmanuel Macron ce vendredi 28 février à qui elle devrait demander officiellement l’asile politique.

Eglises d’Asie : Asia Bibi, vous venez de publier « Enfin libre ! » avec Anne-Isabelle Tollet. Qu’avez-vous voulu exprimer dans votre nouveau livre ?

Asia Bibi : Aujourd’hui, je me sens bien mais en lisant ce livre, les gens vont découvrir combien j’ai souffert, et ce qu’est la vie de ceux qui sont punis pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.

Vous avez beaucoup prié en prison. Aujourd’hui, quel est le rôle de la prière dans votre vie ?

Je prie toujours depuis que j’ai retrouvé la liberté, au moins deux fois par jour. Mais en prison, comme j’étais seule et qu’il n’y avait personne avec moi, je passais beaucoup de temps en prière. Aujourd’hui, je prie toujours et je lis la Bible, même si je suis plus âgée et qu’il y a beaucoup de choses à faire dans la maison. La prière est une partie essentielle de ma vie.

Comment vous adaptez-vous à votre nouvelle vie ?

Quand je suis sortie de prison et que j’ai quitté le Pakistan pour venir au Canada, je pouvais enfin profiter de l’air frais et de la liberté. Mais cette nouvelle vie n’était pas adaptée : au Canada, je restais dans la maison en permanence à cause du froid, et je n’ai pas vraiment pu recommencer une nouvelle vie là-bas. Je n’ai pas pu commencer d’études ou quoi que ce soit d’autre qui peut permettre de mener une vie meilleure. Nous n’avons fait que rester à la maison.

Quels sont vos projets, comment voyez-vous l’avenir aujourd’hui ?

Mon principal objectif aujourd’hui, c’est que mes filles puissent recevoir une bonne éducation. J’aimerais moi aussi faire des études, notamment afin de pouvoir venir en aide aux autres personnes encore en prison, surtout celles qui vivent ce que j’ai vécu. Maintenant, je vais aussi avoir beaucoup de temps pour prier. Et je voudrais aussi faire quelque chose avec les journalistes et avec tous ceux qui peuvent venir en aide aux prisonniers.

Comment s’est passé votre rencontre avec Mme Anne Hidalgo, ce mercredi 26 février ?

J’ai été très heureuse de rencontrer Mme le Maire et tous ceux qui travaillent à la mairie de Paris, et aussi tous les français que j’ai vus cette semaine. J’ai vu et reçu beaucoup d’amour et je suis heureuse d’avoir pu visiter la France. Je suis aussi vraiment reconnaissante envers tous ceux qui nous accueillis et qui nous ont aidés durant notre séjour. J’ai été très heureuse de pouvoir prier ici et j’ai ressenti beaucoup de choses. Je pense du fond du cœur à tous ceux qui nous ont aidés ici.

(EDA)

Le livre Enfin libre !, coécrit avec Anne-Isabelle Tollet, est sorti en février 2020 aux éd. du Rocher, (205 pages, 17,90 €).


CRÉDITS

Eglises d’Asie (EDA)