Eglises d'Asie

Rohingyas : le cardinal Tagle rend visite aux réfugiés de Cox’s bazar

Publié le 06/12/2018




Mgr Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille et président de Caritas Internationalis, a rendu visite aux réfugiés Rohingyas des camps bangladais de Cox’s Bazar les 3 et 4 décembre (photo). Il a également rencontré les volontaires intervenant auprès des familles réfugiées, dont le personnel du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCF) et les membres de Caritas Bangladesh, ainsi que Muhammad Abul Kalam, responsable de la commission nationale de rapatriement et d’aide aux réfugiés.

Le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines) et président de Caritas Internationalis, a rendu visite aux réfugiés Rohingyas des camps bangladais, les 3 et 4 décembre à Cox’s Bazar. Pour le cardinal, la crise des Rohingyas est une crise internationale. Pour la résoudre, il a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir la minorité musulmane déplacée et éprouvée. Le cardinal Tagle, 61 ans, a entamé sa visite de deux jours au Bangladesh en rendant visite aux réfugiés. Il a également rencontré les membres des ONG intervenant sur place, dont le personnel de Caritas Bangladesh, et les autorités locales du district. Cox’s Bazar, dans le sud-est du pays, héberge plus d’un million de musulmans Rohingyas, dont la plus grande partie ont fui les persécutions dans l’État birman de Rakhine en 2016 et 2017. Le cardinal Tagle a rencontré plusieurs familles du camp de Kutupalong, le plus grand des 30 camps de réfugiés à Cox’s Bazar. Il a également visité plusieurs points de distribution et des espaces dédiés aux enfants. Il a ensuite rencontré des travailleurs sociaux et volontaires de diverses ONG dont le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCF), ainsi que Muhammad Abul Kalam, responsable de la commission de rapatriement et d’aide aux réfugiés, l’agence officielle bangladaise dirigeant les opérations liées aux réfugiés dans le pays.

Le cardinal Tagle s’est dit à la fois réjoui et attristé par sa visite, alors qu’il a pu « voir des images du déplacement de centaines de milliers de personnes », confiant qu’il « partage leurs souffrances ». « Aujourd’hui, en venant au camp, je me réjouis des soins et de l’attention qui leur sont consacrés, et pour la dignité qui leur est rendue et qu’ils méritent. Mais en même temps, je continue d’être attristé, parce que je me demande si pour eux, cet état de vie est temporaire ou s’il risque d’être permanent », a-t-il déclaré. « Je ne peux imaginer ce que peuvent répondre les parents aux enfants qui leur demandent ce que sera leur avenir. Si j’avais un enfant ici, je ne saurais pas quoi répondre. » Zahid Hossian, 34 ans, et sa femme Rahana Begum, 28 ans, ainsi que leurs quatre enfants, font partie des réfugiés qui ont pu rencontrer le cardinal. Leur famille a fui la Birmanie au début des violences. Ils refusent de retourner chez eux, « parce que la Birmanie n’est pas un lieu sûr », affirme Zahid. « Les persécutions contre les Rohingyas continuent ». Ils se réjouissent de leur rencontre avec le cardinal Tagle. « Nous lui avons parlé de nos peines et de nos souffrances, et nous lui avons demandé de l’aide pour que nous puissions rentrer chez nous un jour en tant que citoyens birmans. »

« Nous pouvons changer les choses »

Le cardinal Tagle a entendu de nombreux témoignages de réfugiés. Il a également pu saluer le travail de la Caritas bangladaise depuis le début de la crise. « Caritas est une mission, et non une organisation », a-t-il souligné. « À travers votre travail dévoué et désintéressé, les réfugiés voient en vous le visage de Jésus Christ », a-t-il confié aux volontaires. « Je suis très heureux de constater l’excellence du travail de Caritas Bangladesh. C’est vraiment à l’image de ce qu’est Caritas. Mais je suis également heureux de voir que la Caritas du Bangladesh, qui est très modeste, est capable de remplir sa mission grâce à la collaboration du réseau Caritas. Cela me donne vraiment l’espoir que si nous travaillons ensemble, nous pouvons changer les choses. » Caritas Bangladesh, qui intervient au camp de Kutupalong depuis la dernière fuite de réfugiés dans le pays, en août 2017, a dépensé environ 750 millions de takas (8,92 millions de dollars), grâce à des appels aux dons auprès des membres du réseau Caritas à travers le monde. Elle a également reçu 8 millions de takas de l’UNHCR. Le programme d’aide commun de Caritas Internationalis s’est concentré sur une aide globale aux Rohingyas, confie James Gomes, directeur régional de Caritas Chittagong. Près de 40 000 foyers, soit 240 000 réfugiés, ont reçu l’aide de Caritas et 10 000 familles ont reçu des aides non alimentaires, sans compter la construction de plus de 1 000 logements provisoires. Caritas a également distribué des bonbonnes de gaz et des fours à 20 000 familles, ainsi que des pousses d’arbres et de plantes à plus de 26 000 familles réfugiées. « En 2019, nous nous consacrerons à l’aménagement et à l’amélioration du site et de la chaussée, et à la construction de ponts et de logements plus durables. »

Suite aux violences survenues en août 2017 entre l’armée birmane et l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (Arsa), plus de 700 000 musulmans Rohingyas ont fui le pays vers le Bangladesh. Le rapatriement volontaire d’un premier groupe de 2 260 réfugiés vers la Birmanie, qui était prévu à partir du 15 novembre, n’a pas pu avoir lieu alors que les réfugiés refusent de partir, du moins tant que les autorités birmanes ne garantissent pas leur sécurité et leur citoyenneté. Même si le gouvernement birman a affirmé être prêt à accueillir les réfugiés, Dhaka a décidé de reporter le rapatriement jusqu’à fin décembre.

(Avec Ucanews et Asianews, Dhaka)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews