Eglises d'Asie

Selon le département de la Santé mentale, la crise économique aggrave le taux de suicide en Thaïlande

Publié le 24/11/2021




En 2020, selon le département thaïlandais de la Santé mentale, le taux de suicide s’est élevé à 7,37 pour 100 000 habitants, contre 6,64 l’année précédente. Une augmentation liée par les experts thaïlandais aux graves problèmes économiques provoqués par la crise sanitaire dans le pays. « Il faut reconnaître que les facteurs économiques sont devenus une problématique sérieuse cette année », souligne le Dr Nattakorn Jampathong, directeur du Centre national de prévention du suicide. En comparaison, les Philippines ont un taux de suicide de 2,2 pour 100 000 habitants.

Le taux de suicide en Thaïlande, en particulier parmi les adolescents, est en hausse selon les experts, qui attribuent cette tendance à l’augmentation des problèmes de stress et de dépression, aggravés par la pandémie de coronavirus et ses conséquences économiques. Selon des chiffres publiés l’an dernier, à l’échelle nationale, le taux de suicide s’est élevé à 7,37 pour 100 000 habitants l’an dernier, contre 6,64 l’année précédente.

Concernant les jeunes âgés de 10 à 19 ans, le taux est de 5 pour 100 000 habitants – un chiffre particulièrement inquiétant pour le département de la Santé mentale. Pour ce dernier, ce sont souvent des problèmes de dépression provoqués par une situation scolaire ou familiale difficile qui provoquent les suicides chez les jeunes. Le recours excessif aux réseaux sociaux et autres ressources en ligne peut aussi conduire à divers problèmes pour beaucoup de jeunes thaïlandais, qui peuvent passer jusqu’à dix heures par jour sur Internet.

Par ailleurs, une grave crise économique, due à la pandémie de Covid-19, a également affecté la santé mentale de plusieurs millions d’habitants au cours de l’année dernière. Selon les statistiques, la proportion d’hommes thaïlandais susceptibles de commettre un suicide est de 4,5 fois supérieure à celle des femmes thaïlandaises. Le taux actuel de suicides en Thaïlande, qui représente entre 4 000 et 4 500 décès par an pour 70 millions d’habitants, est considéré particulièrement élevé selon les normes régionales.

« Les facteurs économiques sont devenus problématiques en 2021 »

En comparaison, les Philippines ont un taux de suicide de 2,2 pour 100 000 habitants, soit trois fois plus faible que celui de la Thaïlande. Avant même la nouvelle hausse du taux de suicide enregistrée dans le pays, la Thaïlande comptait déjà le taux le plus élevé au sein des pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), selon des données publiées par l’OMS en 2019. « Il faut reconnaître que les facteurs économiques sont devenus une problématique sérieuse [en 2021] », souligne le Dr Nattakorn Jampathong, directeur du Centre national de prévention du suicide, qui gère un service d’assistance téléphonique permanent au service des personnes se sentant suicidaires.

Le 15 novembre, dans une affaire fortement médiatisée en Thaïlande, une femme de 34 ans est sortie de sa voiture sur un pont autoroutier, en pleine nuit près de Bangkok, en laissant sa fille de trois ans dans le véhicule avant de sauter dans un canal. Selon sa famille, cette femme, qui était une mère célibataire, souffrait de problèmes psychologiques et financiers avant sa mort. Certains experts reconnus dans le pays ont souligné que beaucoup de Thaïlandais, en particulier les plus jeunes, sont exposés à des risques de tendances suicidaires, et que beaucoup d’entre eux manquent d’un accès adapté à des services de conseil et de santé mentale.

« Les problèmes de chômage, de sous-emploi, de dette, de misère, de dépression et de suicide sont des réalités invisibles au-delà de l’iceberg des chiffres du Covid-19 rapportés quotidiennement », signalait Pravit Rojanaphruk, un journaliste et chroniqueur populaire thaïlandais, en juillet dernier. « Tous les suicides ne sont pas enregistrés comme étant liés au Covid-19, à moins d’une situation exceptionnelle », avait-il ajouté. Pour le Dr Nattakorn Jampathong, il faut une holistique pour la prévention au suicide, afin d’éviter de voir le taux national d’habitants qui se donnent la mort augmenter encore davantage. « Il ne faut pas se contenter de voir le problème des suicides que comme un problème de santé mentale, mais aussi comme un problème social et économique. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Andrea Rodriguez / Pixabay