Eglises d'Asie – Chine
Shanghai renforce ses mesures sanitaires malgré une forte baisse du nombre de cas de Covid-19
Publié le 14/05/2022
Au cours des dernières 24 heures, Shanghai a enregistré une forte baisse du nombre de cas quotidien de Covid-19, qui est passé de près de 25 000 mi-avril à environ 1 500 au 12 mai. Malgré ces nouveaux chiffres, les autorités ont renforcé les restrictions et réimposé des confinements dans plusieurs quartiers de la ville, qui se relevait pourtant peu à peu de la crise sanitaire. Toutefois, à de nombreuses reprises, des habitants épuisés par les interdictions sont sortis de chez eux ; le président Xi Jinping a donc réitéré sa politique de zéro-Covid la semaine dernière, et de nombreuses villes chinoises ont renforcé leurs mesures répressives contre le coronavirus.
Pékin est en partie confinée, bien que non-officiellement, avec les habitants qui sont forcés de se soumettre à des tests réguliers. Les services de bus ont été supprimés dans plusieurs quartiers de la capitale, et certaines stations de métro ont été fermées. Beaucoup d’habitants ont reçu l’ordre de travailler depuis chez eux, et de nombreux étudiants doivent suivre les cours à distance. Shanghai reste cependant la ville la plus affectée par la situation. À cause de cela, les autorités locales ont décalé les examens d’entrée à l’université à juillet prochain – un événement important pour les étudiants et leur famille.
De leur côté, quelques juristes ont remis en question la légitimité des mesures d’isolement strict. Dans une lettre ouverte, Tong Zhiwei, un professeur de droit constitutionnel qui enseigne à l’East China University of Political Science and Law (Shanghai), a appelé les autorités à cesser de forcer les gens en quarantaine dans des hôpitaux temporaires. Il a souligné que les mesures sanitaires extrêmes en vigueur ont eu de graves conséquences et qu’elles affectent l’État de droit. Il a précisé avoir consulté plus de 20 chercheurs de diverses universités afin d’appuyer son point de vue ; toutefois, ses commentaires ont rapidement été retirés des réseaux sociaux chinois. Liu Dali, un avocat qui a également mis en doute la légalité des mesures de quarantaine du gouvernement, a lui aussi vu ses publications en ligne supprimées.
Préoccupation des compagnies européennes et américaines
La censure intervient de différentes manières dans ce contexte. Les censeurs ont retiré des vidéos en ligne montrant la police de Shanghai en train de forcer des portes afin d’emmener des habitants refusant de se rendre dans les centres de quarantaine qui leur étaient attribués. Avant d’être expulsés de force de chez eux, les personnes concernées ont dû remettre les clés de chez eux pour que les autorités puissent désinfecter les lieux.
Dans une situation de plus en plus politisée par les autorités chinoises, Xi Jinping a été clair en précisant que « notre politique de prévention est déterminée par la nature et la finalité du Parti ». Le président chinois a appelé les cadres du Parti communiste à suivre le Comité central et à « lutter résolument contre toutes les remarques et tous les actes perturbateurs, qui sèment le doute ou qui remettent question les mesures et politiques de prévention épidémique de mon pays ».
À Shanghai, les responsables locaux ont réagi aux instructions de Xi Jinping en promettant d’éradiquer les cas d’infection dès que possible. Mais il y a une Chine en dehors des grandes villes, avec des confinements qui ne font pas la une des médias, des villes frontalières qui dépendent du commerce extérieur et qui sont gravement impactées par les fermetures prolongées, des lieux comme Ruili sur la frontière birmane, Dongxing près du Vietnam, ou encore Suifenhe près de la Russie. Pour de nombreux experts, la politique zéro-Covid du gouvernement chinois affecte gravement la chaîne logistique mondiale et l’économie chinoise elle-même.
En avril, les exportations chinoises n’ont augmenté que de 3,9 % par rapport au même mois un an plus tôt. Les entreprises étrangères perdent également confiance. Une enquête a constaté qu’une société européenne sur quatre présentes en Chine (soit 23 %) envisage de déplacer ses opérations dans d’autres pays. Les entreprises américaines sont également préoccupées. Selon la Chambre de commerce américaine de la République populaire de Chine (AmCham, une organisation comptant près de 4 000 membres de 900 entreprises présentes dans le pays), 51 % des compagnies américaines prévoient de réduire ou retarder leurs investissements en Chine, et 58 % d’entre elles s’attendent à une chute de leurs revenus annuels. « Nous nous préparons à un exode massif de talents étrangers cet été, avec de moins en moins d’étrangers acceptant des postes ici en Chine », estime Colm Rafferty, porte-parole de l’organisation.
(Avec Asianews)