Eglises d'Asie

Sihanoukville : 35 organisations demandent au Cambodge d’agir contre le travail forcé

Publié le 12/03/2022




Près de 35 organisations comme IJM (International Justice Mission) et Transparency International ont appelé le gouvernement cambodgien à réagir face aux situations de travail forcé, d’esclavage et de torture dans le pays. Elles demandent une action coordonnée avec les gouvernements étrangers et les organisations internationales, dont les Nations unies, face à des opérations criminelles ciblant majoritairement les étrangers, en particulier dans la ville portuaire de Sihanoukville.

Plusieurs ONG ont demandé au gouvernement cambodgien de réagir face à la crise « du travail forcé, de l’esclavage et de la torture », alors qu’au moins cinq ambassades asiatiques dans le pays ont mis en garde leurs citoyens contre « de telles situations » au Cambodge. Selon les organisations, qui ont publié une déclaration conjointe, des rapports récents indiquent que plusieurs milliers d’habitants, dont une majorité d’étrangers, ont été enlevés, vendus, victimes de traite ou forcés d’accepter des emplois au Cambodge, pour se retrouver détenus dans de vastes exploitations où ils sont forcés de travailler.

Cela comprend des opérations d’escroquerie en ligne ciblant des étrangers vivant dans le pays, en particulier dans la ville portuaire de Sihanoukville dans le sud du pays. Des abus similaires ont été signalés à Phnom Penh, Pursat, Koh Kong et dans d’autres provinces. « Les ouvriers qui parviennent à s’échapper évoquent des menaces et des violences physiques et psychologiques perpétrées par leurs ravisseurs », souligne les groupes, qui ajoutent que les ambassades d’Indonésie, du Vietnam, de Thaïlande, du Pakistan et de Chine s’inquiètent de la situation.

Parmi les signataires de la déclaration, on compte 35 groupes dont Adhoc (la plus ancienne ONG de défense des droits de l’Homme du Cambodge), Licadho (Ligue cambodgienne de défense des droits de l’Homme), IJM (International Justice Mission), le Centre cambodgien pour les droits de l’homme et Transparency International. « Le fait que de telles opérations existent toujours est une tragédie, et nous sommes horrifiés que le Cambodge soit utilisé comme base principale pour de telles inhumanités. Tous les acteurs concernés doivent garantir immédiatement que personne ne soit victime d’esclavage ou de torture au Cambodge », demandent-elles dans leur communiqué.

Un problème qui s’est aggravé durant les années 2010

Celui-ci a été publié le lendemain d’une intervention de Sar Kheng, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, qui a menacé les criminels en affirmant qu’il mettrait fin à leurs activités à Sihanoukville avant les élections communales semestrielles. « Quand les images de ces crimes qui surviennent au Cambodge sont répandues à travers le monde, les gens se demandent pourquoi les choses sont aussi graves au Cambodge. C’est pourquoi le problème doit être résolu avant les élections », a-t-il déclaré selon le journal pro-gouvernement Khmer Times.

Sar Kheng a aussi affirmé avoir rejeté une requête chinoise demandant des droits supplémentaires sur les arrestations des citoyens chinois impliqués dans des activités criminelles. « Cette proposition venant de la Chine n’est pas acceptable. D’un autre côté, une telle proposition est aussi liée à la souveraineté du Cambodge. Si nous accordons cela à la Chine, cela sera aussi accordé aux autres pays présents au Cambodge, et il y en a un certain nombre. »

Durant plusieurs décennies, Sihanoukville a été tristement célèbre pour les activités criminelles qui s’y poursuivent en toute impunité. Mais le problème s’est aggravé durant les années 2010 quand les investisseurs chinois ont dépensé plusieurs millions de dollars afin de transformer la cité portuaire en une métropole centrée sur les jeux d’argent. Le groupe de 35 ONG a reconnu que les autorités cambodgiennes ont répondu à certaines plaintes individuelles, toute en ajoutant que « cette crise ne sera pas résolue au cas par cas ».

Ils appellent donc à une action coordonnée entre le Cambodge, les gouvernements étrangers et les organisations internationales, y compris avec les Nations unies. « Le gouvernement doit lancer des enquêtes approfondies et abolir toutes les exploitations liées à des activités illégales et frauduleuses et à des situations de travail forcé, d’esclavage ou de torture », insistent-ils. « L’État doit aussi faire toute la lumière sur les accusations de complicité entre certains membres du gouvernement et des activités criminelles. »

(Avec Ucanews)