Eglises d'Asie – Bangladesh
Sœur Maria Nibedita, religieuse et infirmière au service des pauvres et des malades
Publié le 08/10/2020
Sœur Maria Nibedita, une religieuse à la voix douce, sourit à tous ceux qu’elle rencontre. « Si vous souriez aux gens, vous pouvez facilement gagner leurs cœurs », affirme sœur Maria, âgée de 74 ans et membre de la congrégation des Associées de Marie Reine des Apôtres (SMRA), le plus grand ordre religieux féminin au Bangladesh. Dans un petit parloir de Mary House, la maison principale de la congrégation à Tejgaon, dans le centre de Dacca, sœur Maria évoque l’histoire passionnante de ses 52 années de vie religieuse, en servant comme enseignante et catéchiste, puis comme infirmière et formatrice d’infirmières durant presque quarante ans. « Dans ma vie, quand je pense à ce que j’ai réalisé et à ce que je suis devenue, je n’aurais jamais imaginé cela ; mais j’ai tout accepté comme la volonté de Dieu pour moi. J’ai essayé d’aimer et de servir les gens sincèrement, et en retour, j’ai reçu les bénédictions de Dieu et tout l’amour des gens », confie-t-elle. Depuis son entrée comme novice en 1966, elle a connu plusieurs situations difficiles, mais elle les a toujours dépassées avec le sourire et avec dévouement.
Sœur Maria Nibedita, dont le nom de naissance est Fulkumari Rebecca Rebeiro, est la sixième d’une famille de sept enfants. Elle est née le 2 avril 1946 au village de Chorakhola, dépendant de la paroisse Saint-Jean-le-Baptiste de Gazipur, au Bengale oriental (devenu le Pakistan oriental en 1947, puis le Bangladesh en 1971). Son père, Minu Rebeiro, était cuisinier dans un hôtel de Calcutta, la capitale de l’État indien du Bengale occidental, où il a emmené son épouse et trois enfants, dont sœur Maria, qui a vécu le début de sa scolarité à Calcutta. La famille est retournée au village natal en 1953 pour des vacances, quand la mère de la future religieuse est décédée soudainement. Sœur Maria avait alors sept ans, et son frère Henry, qui est devenu prêtre au sein de la congrégation des Oblats de Marie Immaculée (OMI), avait seulement deux ans. Après la mort de sa mère, elle a étudié au sein d’une école dirigée par des religieuses SMRA. « Nous avions toutes sortes d’instruments de musique à la maison. Nous jouions dans des pièces de théâtre et des comédies musicales régulièrement. Nous savions jouer de plusieurs instruments. J’ai aussi regardé beaucoup de films avec mes frères », confie-t-elle. Sœur Maria est entrée au noviciat en 1966, à l’âge de 20 ans, avant de prononcer ses vœux temporaires en 1968, puis ses vœux perpétuels en 1974.
Enseignante et infirmière
En 1968, elle a reçu une première mission d’enseignante dans une école catholique de Baniarchor, à Gopalganj, dont elle est devenue directrice par la suite. En plus de l’enseignement, elle aidait aussi sœur Imelda au dispensaire, et le père Anton Alberton, un missionnaire italien qui était également médecin et qui travaillait dans la clinique locale. « Nous faisions aussi des visites pastorales dans les villages, dont beaucoup d’habitants étaient des pêcheurs qui vivaient dans la misère », raconte-t-elle. Durant la Guerre de libération du Bangladesh, en 1971, elle s’est jointe au père Marino Rigon, un missionnaire italien xavérien, afin d’apporter de la nourriture aux réfugiés. Avec le père Alberton et sœur Imelda, elle venait également en aide aux villageois blessés. Face aux souffrances des gens, elle a appris des soins médicaux élémentaires. « Pour la première fois, j’ai senti que si je devenais infirmière, je pouvais les aider encore davantage », explique-t-elle. Après la guerre, elle est passée par trois autres écoles comme enseignantes, dans le centre et le nord du pays. Puis en 1980, elle a reçu son diplôme d’infirmière après quatre années d’études à l’hôpital universitaire de Mymensingh, où elle a été infirmière jusqu’en 1983. « En plus des connaissances médicales, nous avons appris à utiliser non seulement nos mains, mais aussi nos têtes et nos cœurs, afin d’aider les gens en détresse à guérir complètement. Dès que c’est possible, nous devons sourire aux patients, pour les aider à garder espoir », confie la religieuse.
« Un service à l’humanité »
De 1983 à 2004, elle a été infirmière en chef à l’hôpital pour enfants de Dacca. De 2004 à 2014, elle a été responsable des infirmières au sein de la Child Health Foundation, une association fondée par le Dr M. R. Khan dédiée à la santé infantile. Depuis 2014, elle travaille à l’hôpital universitaire de Dacca. Sœur Maria Nibedita a encouragé plusieurs centaines de jeunes chrétiens à devenir infirmiers, et elle a aidé de nombreuses personnes démunies à obtenir des traitements gratuits ou à prix réduits. « Les hôpitaux reconnaissent que les infirmières chrétiennes sont consciencieuses et travailleuses, donc elles sont demandées. Après leur formation, elles trouvent rapidement un bon travail et contribuent à améliorer les conditions de vie de leur famille. » Pendant 27 ans, sœur Maria a également soigné Mgr Michael Rozario, alors archevêque de Dacca, jusqu’à la mort de ce dernier en 2005. En 1990, elle a reçu un prix des mains du président H. M. Ershad, afin de récompenser son travail. « Je ne me sens jamais fatiguée, parce qu’il y a sans cesse des gens ou des instituts qui demandent de l’aide. Je ne peux pas refuser mon aide à des gens qui en ont besoin », souligne-t-elle. « Même pendant la pandémie, j’ai continué de travailler, et j’ai encouragé les médecins et les infirmières à ne pas avoir peur. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour sauver des vies. » Sœur Maria appelle également les infirmières actuelles à dénoncer un « esprit commercial » qui les incite à travailler pour les prix, les titres et l’argent. Elle souligne que leur profession doit être vue comme « un service à l’humanité ». Sœur Maria assure qu’elle a été bénie et heureuse durant sa vie, et elle s’engage à continuer de servir jusqu’à la mort. « Jésus est mon modèle. Même si certaines grandes décisions de ma vie sont survenues de manière inattendue et soudaine, j’ai tout accepté pour servir Dieu et son peuple. »
(Avec Ucanews, Dacca)
CRÉDITS
Rock Ronald Rozario / Ucanews