Eglises d'Asie – Thaïlande
Surpopulation d’un centre de détention pour migrants de Bangkok
Publié le 31/01/2020
Le Centre de détention pour migrants de Bangkok (IDC) est connu depuis longtemps pour les conditions misérables dans lesquelles sont entassés des centaines de demandeurs d’asile, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées, qui peuvent être maintenus en détention indéfiniment. Récemment, des photos des cellules en question ont pu être prises discrètement, révélant une image encore plus sordide du sort réservé aux détenus du centre. Plus de mille d’entre eux sont serrés dans des cellules bondées, sans intimité et avec pratiquement aucun espace individuel où s’asseoir, dormir et se reposer, alors qu’ils attendent d’être fixés sur leur sort. À l’origine, le centre IDC (Bangkok’s Immigration detention center) était destiné à accueillir 500 détenus au maximum, mais en général, on peut y trouver jusqu’à 1 200 détenus. Ils n’ont que quelques heures de répit par jour, quand ils peuvent sortir de leurs cellules trop étroites pour respirer un peu d’air frais et faire un peu d’exercice dans un espace extérieur. Ils y trouvent une cantine, où les plus chanceux qui reçoivent de l’argent de l’extérieur peuvent acheter de la nourriture, pour compléter les maigres rations quotidiennes. Les services d’immigration thaïlandais ne permettent qu’à quelques personnes extérieures d’accéder au centre.
C’est pourquoi les informations obtenues sur les conditions de détention viennent des témoignages des détenus, actuels ou anciens. Les appareils photos et caméras sont interdits, et si un appareil est trouvé, il est immédiatement confisqué et la mémoire effacée. L’an dernier, une seule photo de l’intérieur du centre a pu être prise, et publiée sur les réseaux sociaux, jusqu’à apparaître dans un grand quotidien thaïlandais. Toutes les photos publiées au fil des années montrent la réalité de la vie des détenues du centre IDC, dont le seul « crime » est d’avoir dépassé la date de validité de leur visa. Nombre d’entre eux sont des demandeurs d’asile, comme des catholiques pakistanais dont le statut de réfugiés a été nié par les autorités thaïlandaises. Parmi les autres détenus, on trouve des touristes au passeport invalide ou au visa expiré, ainsi que des travailleurs migrants sans permis de travail ou sans papiers, et des réfugiés fuyant la persécution dans leur pays d’origine. En fait, les conditions du centre ne sont pas différentes de celles de n’importe quelle prison thaïlandaise, où la réalité est tout aussi misérable.
Un plan annoncé pour le désengorgement des prisons
Mercredi 29 janvier, les autorités ont annoncé un plan prévoyant d’investir 178 millions de bahts (5,19 millions d’euros) pour remédier à l’engorgement des 93 prisons du pays. Selon le plan du gouvernement, une mezzanine doit être installée dans les cellules existantes afin que les détenus aient davantage d’espaces de couchage. Actuellement, beaucoup de cellules sont tellement surpeuplées que les détenus doivent dormir à tour de rôle par rangées étroites, tandis que les autres restent debout le long des murs. Le plan annoncé n’indique pas si l’investissement en question concerne également le centre IDC. De temps en temps, les autorités thaïlandaises s’inquiètent de l’image du pays à l’étranger à propos de la situation actuelle des centres de détention pour migrants, et décident d’agir pour améliorer les conditions d’au moins quelques détenus. Ainsi, l’an dernier, les autorités ont permis enfants et à leurs mères, détenus dans les centres pour migrants, d’être libérés sous caution. Cette décision est intervenue suite à un décret du Premier ministre Prayut Chan-o-cha, interdisant l’incarcération des enfants dans les centres de détention de l’immigration. Pourtant, le 19 décembre dernier, malgré cette décision du gouvernement, plusieurs enfants de parents chrétiens pakistanais ont été détenus et enfermés avec leurs parents, après un raid de la police de l’immigration contre les demandeurs d’asile – trois d’entre eux ont moins de six ans. Une fois à l’intérieur du centre, les familles sont séparées, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre – une pratique qui peu peser fortement sur le moral des détenus.
(Avec Ucanews)
Crédit : Paul Sullivan (CC BY-ND 2.0)