Eglises d'Asie

Témoignage d’un prêtre étudiant accueilli par les MEP, originaire de la campagne thaïlandaise

Publié le 17/03/2020




Originaire de Yasothon, une province de 500 000 habitants dans le nord-est de la Thaïlande, le père Pattawi Wongsikaew est arrivé à Paris le 10 mars pour y poursuivre des études de théologie. Sa formation est destinée au service de son diocèse d’Ubon, qui garde un lien historique profond avec les Missions Étrangères de Paris. Deux pères MEP, le père Constant Prodhomme et le père Xavier Guégo, ont consacré leur vie pour la proclamation de l’Évangile dans le nord-est du Siam dès la fin du 19ème siècle. Le père Wongsikaew va consacrer une année à l’apprentissage du français à l’Institut catholique de Paris à partir de la rentrée scolaire 2020, avant d’entreprendre une licence canonique en théologie.

Le père Pattawi Wongsikaew en Thaïlande avec les sœurs Amantes de la Croix.

Père Pattawi Wongsikaew, pourquoi avez-vous choisi la France pour vos études, et non Rome comme beaucoup d’autres prêtres ?

Père Wongsikaew : Tout d’abord, en raison de la relation historique entre mon diocèse et les MEP. Les pères MEP étaient effectivement les premiers qui ont semé de petites graines d’Évangile dans le pays. Le père Prodhomme et le père Guégo ont joué un rôle très important dans la création des premières communautés chrétiennes à Isaan (dans le nord-est de la Thaïlande). Leur mission ne se limitait pas à évangéliser, mais consistait aussi à lutter contre le trafic d’esclaves, déjà illégal au 19ème siècle. De plus, à cette époque, plusieurs missionnaires ont été envoyés afin d’assurer le bon déroulement de la vie de la communauté chrétienne du nord-est du pays dans son ensemble. Bien que le choix du lieu de formation ne dépende que de mon supérieur, je crois que le fait que je doive poursuivre des études en France me permet de mieux comprendre et connaître, à travers des écrits ou des archives, les premiers pères missionnaires à Isaan. Voilà une belle occasion de découvrir le pays où vivaient ces pères missionnaires, le lieu où ont germé leur zèle apostolique et le feu de la mission qui a continué de brûler dans leur cœur jusqu’à leur dernier souffle dans la vie ici-bas.

Avant de venir en France, vous avez logé aux Missions Étrangères de Paris à Bangkok pour apprendre la langue française. Qu’avez-vous découvert chez eux ?

Pendant que j’étais chez les MEP à Silom [ndlr : un quartier situé au sud de Bangkok], bien des choses m’ont beaucoup marqué, en particulier l’hospitalité envers les plus pauvres et la vie paroissiale dans la communauté catholique francophone. Par ailleurs, les prêtres MEP s’occupent de la paroisse francophone où j’ai pu participer aux discussions avec les catholiques français. L’échange entre les prêtres et les paroissiens à la fin de la célébration dominicale fut pour moi une nouveauté. Je me demande toujours ce que je dois faire pour que les croyants thaïlandais se rencontrent à la fin de la messe comme à la paroisse francophone. De plus, le père MEP est l’exemple par excellence de tous ceux qui sont en apprentissage linguistique. Il faut beaucoup de courage, de persévérance et d’amour pour apprendre une langue qui n’a aucun lien avec sa langue maternelle, ce que montrent déjà les pères MEP à Silom. Malgré tout, je vous avoue que je ne comprends pas grand chose des discussions à table !

À votre avis, quels sont les vrais enjeux pour l’Église thaïlandaise, notamment dans votre diocèse ? Comment vos études en France pourraient-elles vous aider ?

Je pense à un manque de cœur pour la mission et le désir d’annoncer la Bonne Nouvelle. Aujourd’hui, les communautés chrétiennes dans mon diocèse sont les héritages des missionnaires français. Nous voyons peu de nouvelles communautés, alors que la communication et les transports ne sont plus des difficultés pour l’évangélisation comme c’était le cas autrefois. Je crois que les pratiques et les principes que je vais acquérir dans le cadre de mes études me permettront d’entrer davantage dans le cœur et dans l’esprit du peuple contemporain.

(EDA / Tanya Leekamnerdthai)


CRÉDITS

Tanya Leekamnerdthai