Eglises d'Asie

Trois ans après, le voyage du pape François au Bangladesh continue d’inspirer la minorité chrétienne

Publié le 03/12/2020




Il y a trois ans, du 30 novembre au 2 décembre 2017, le pape François a passé quelques jours au Bangladesh après son voyage en Birmanie. Aujourd’hui, les catholiques bangladais, qui sont environ 400 000 dans le pays sur plus de 160 millions d’habitants, restent marqués et inspirés par la visite du pape auprès de la minorité chrétienne locale. Il s’agissait de la troisième visite d’un pape au Bangladesh, après celle de Paul VI en 1970, et celle de saint Jean-Paul II en 1986. « Sa compassion continue de nous inspirer et de nous encourager dans notre foi au quotidien », assure Maria, une catholique de Rajshahi, dans le nord du pays.

Le 30 novembre 2017 à Dacca, le premier jour du voyage du pape François au Bangladesh (du 30 novembre au 2 décembre 2017).

Maria, âgée de 34 ans, mère de trois enfants et paroissienne de la cathédrale du Bon-Pasteur de Rajshahi, dans le nord du pays, évoque avec joie la visite du pape François au Bangladesh il y a trois ans. Le 1er décembre 2017, avec son mari et ses enfants, elle a fait partie des quelque 50 000 personnes, majoritairement catholiques, qui ont pu participer à la messe célébrée par le pape François à Dacca, la capitale. Le couple a également pu participer à une rencontre interreligieuse organisée à l’archevêché de Dacca, où le pape a rencontré des représentants des réfugiés Rohingya. « Nous sommes une famille de la classe moyenne et nous n’avons pas les moyens d’aller à Rome pour voir le pape. Mais cela a été possible puisqu’il est venu jusqu’à nous, alors que nous ne sommes qu’une petite minorité dans le pays. Sa compassion continue de nous inspirer et de nous encourager dans notre foi au quotidien », assure-t-elle. Le pape François est resté à Dacca du 30 novembre au 2 décembre 2017 après son voyage en Birmanie.

Il s’agissait de la troisième visite d’un pape au Bangladesh. Après un cyclone dévastateur, le 26 novembre 1970, le pape Paul VI s’est rendu brièvement dans ce qui était encore le Pakistan oriental, pour exprimer sa sympathie pour les victimes, alors qu’il se rendait à Manille, aux Philippines. Le 19 novembre 1986, saint Jean-Paul II est également venu au Bangladesh. Durant sa visite, le pape François a rendu hommage aux victimes de la guerre de l’indépendance de 1971 contre le Pakistan. Le 30 novembre 2017, il a également rencontré le président Abdul Hamid, ainsi que des représentants de la société civile et du corps diplomatique. Le 1er décembre, il a célébré la messe à Dacca au parc Suhrawardy Udayn, en ordonnant 16 diacres en vue du sacerdoce. Il a également rencontré les évêques bangladais et participé à une rencontre interreligieuse aux côtés de plusieurs centaines de représentants des diverses confessions présentes dans le pays. Avant de quitter le pays, il a également rencontré le clergé et les religieux bangladais, et visité un foyer pour les sans-abri géré par la paroisse du Saint-Rosaire de Dacca.

« Un grand soutien pour leur vie de foi »

James Gomes, directeur des programmes de la Caritas bangladaise, qui était alors directeur régional de Caritas Chittagong, dans le sud-est du pays, a participé aux programmes d’intervention dans les camps de réfugiés Rohingya. Il a également organisé la rencontre du pape avec des réfugiés. Il évoque une expérience mémorable : « Sur le plan de la sécurité, il fallait éviter que les réfugiés s’approchent du pape, mais lui-même ne s’en est pas soucié. Il a avancé, leur a parlé et n’a pas hésité à les toucher. Quand des membres de la sécurité ont demandé aux réfugiés de se dépêcher, le pape leur a demandé de rester respectueux. » James Gomes ajoute que pour la minorité chrétienne bangladaise, cette visite était une grande bénédiction. « En 1986, quand le pape Jean-Paul II est venu dans le pays, cela a été un grand soutien pour leur vie de foi. De même, le pape François a soutenu la communauté. Nous devons entretenir cette nourriture spirituelle durant les jours à venir », confie-t-il. Mgr James Romen Boiragi, évêque de Khulna, estime que la visite papale a été un soutien à long terme pour les communautés chrétiennes locales, pour les initiatives envers les plus démunis et pour la place des chrétiens dans le pays.

« Il nous a encouragés à la fraternité entre la communauté et les autres groupes religieux, pour l’harmonie et la paix. Il a invité à la compassion envers les opprimés et les marginalisés, et ces paroles ont été vitales pour la communion et pour la solidarité », souligne Mgr Boiragi, président de la Commission pour les communications sociales de la Conférence épiscopale bangladaise. L’évêque ajoute que le pape a également salué les efforts de l’Église locale en faveur du dialogue interreligieux, en soulignant l’importance de l’harmonie interreligieuse pour une société et une nation paisible. « Si nous voulons vraiment servir les plus pauvres, nous devons le faire quelle que soit la caste, la religion ou l’origine ethnique. C’est ce qu’a rappelé le pape François », poursuit Mgr Boiragi. L’islam est largement majoritaire au Bangladesh, où près de 90 % de la population, sur plus de 160 millions d’habitants adhère à une forme modérée de l’islam sunnite. Les hindous représentent près de 8 % de la population. Outre les chrétiens, on compte également une petite minorité de bouddhistes. Les chrétiens, majoritairement catholiques, représentent moins d’1 % de la population. Les catholiques sont estimés à environ 400 000 fidèles pour 8 diocèses.

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Joe Torres / Ucanews