Eglises d'Asie

Un demi-million de migrants menacés par la baisse des exportations d’huile de palme

Publié le 04/03/2023




Alors que l’Union européenne a trouvé un accord en décembre dernier sur l’interdiction de l’importation de produits issus de la déforestation, les emplois de plusieurs centaines de milliers de travailleurs originaires du Bangladesh, de l’Inde, du Népal et de l’Indonésie sont menacés en Malaisie. Le pays est en effet un des principaux producteurs d’huile de palme au monde (44 % de la production mondiale) avec près de 74 millions tonnes exportées chaque année. La Malaisie compte en tout près de 2 millions de travailleurs étrangers.

Une plantation d’huile de palme dans le district de Kunak, dans l’État de Sabah (Bornéo, Malaisie).

Sur un demi-million d’employés du secteur de l’huile de palme en Malaisie, près de 80 % sont des migrants originaires du Bangladesh, de l’Inde, du Népal et de l’Indonésie, dont les droits ne sont pas garantis et qui sont les premiers à ressentir l’impact de la crise.

Un rapport intitulé Le coût de l’espoir : histoires de travailleurs migrants dans les plantations d’huile de palme en Malaisie, publié par l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), explique que « dans le secteur de l’huile de palme, les employeurs saisissent et détiennent régulièrement les passeports des travailleurs migrants, et utilisent cette méthode pour les empêcher de s’échapper ». Cette pratique est interdite par la loi malaisienne et le droit international.

« Des entreprises auraient également demandé à leurs employés de laisser leurs passeports dans des casiers situés dans un bureau sur le site de la plantation. Bien qu’ils aient la clé de leur casier, il leur faut la permission de la direction pour y accéder. Dans la plantation où travaille Panji [un ouvrier cité par le rapport], la salle où se trouvent les casiers est située directement en face du bureau de la direction », précise le rapport.

Près de 2 millions de travailleurs étrangers en Malaisie

La Malaisie est un des principaux producteurs d’huile de palme au monde (44 % de la production mondiale) avec près de 74 millions tonnes exportées chaque année. Les principaux destinataires sont l’Inde et la Chine, bien qu’une partie soit également destinée à l’Indonésie. Toutefois, en raison des nouvelles règles environnementales adoptées par l’Union européenne en décembre, les exportations vers le marché européen sont menacées.

Par conséquent, la Malaisie, ainsi que l’Indonésie, semble devoir faire face à une interdiction des exportations vers l’Union européenne, même si cette dernière a nié vouloir interdire toute importation. En 2022, l’Union européenne était le troisième importateur d’huile de palme malaisienne, soit 9,4 % de la production du pays. Ainsi, les restrictions et des mesures similaires prises par d’autres importateurs auraient un impact important sur l’industrie dans le pays, qui couvre plus de 70 % des terres arables (environ 2,3 millions d’hectares rien que dans la péninsule malaisienne).

C’est en premier lieu la déforestation massive causée par la production d’huile de palme qui a poussé l’Union européenne à décider ces restrictions, alors que plusieurs espèces animales sont menacées d’extinction à cause de la disparition de leur habitat naturel. En Malaisie, si les restrictions étaient entièrement mises en œuvre, celles-ci auraient un impact dévastateur sur les emplois, en particulier pour les travailleurs migrants.

Beaucoup d’entre eux seraient forcés de rentrer dans leur pays d’origine ou de rejoindre l’économie souterraine – qui fait déjà beaucoup de victimes d’abus et d’exploitation. Au total, les travailleurs migrants, qui jouent déjà un rôle majeur dans de nombreux secteurs de l’économie malaisienne, sont près de 2 millions sur une population active d’environ 16 millions.

(Avec Asianews)