Eglises d'Asie

Un diplomate birman appelle les Nations unies à protéger les enfants contre la junte militaire

Publié le 14/10/2022




Cette semaine, Kyaw Moe Tun, représentant permanent de la Birmanie auprès de l’ONU, a appelé la communauté internationale à agir pour la protection des enfants dans son pays. Le diplomate, qui s’oppose ouvertement à la junte et qui soutient le Gouvernement d’unité nationale en exil, a notamment dénoncé une attaque aérienne survenue le 16 septembre dernier contre une école d’un village de la région de Sagaing. Selon l’ONG Save The Children, on compte près de 37 % d’enfants parmi les déplacés internes en Birmanie.

L’eau potable est précieuse dans les camps de réfugiés Rohingyas de l’autre côté de la frontière birmane, en particulier durant la saison sèche de novembre à mai.

Le représentant permanent actuel de la Birmanie auprès des Nations unies, Kyaw Moe Tun, a lancé un appel à l’aide pour les enfants toujours visés par la junte militaire dans le pays en crise en Asie du Sud-Est. Le diplomate est intervenu durant la troisième commission (qui traite des questions sociales, liées aux affaires humanitaires ou aux droits de l’homme) de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU 77, qui s’est ouverte le 13 septembre dernier au siège de l’organisation, à New York).

À cette occasion, il a appelé la communauté internationale à agir rapidement et de manière décisive face à la situation dans son pays, en particulier concernant la protection de la vie et des droits des enfants. « Il est temps que la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies, prenne la responsabilité de protéger le peuple birman », a-t-il demandé.

Kyaw Moe Tun, qui soutient le Gouvernement d’unité nationale en exil, est toujours représentant permanent auprès de l’organisation internationale contre la volonté de la junte, qui a proposé de nommer son propre ambassadeur. Il a été démis de ses fonctions par la junte, mais son remplacement n’a pas été acté aux Nations unies. Il a déclaré que le coup d’État de l’an dernier continue de mettre les enfants birmans en danger, et que leurs libertés et leurs droits sont réprimés.

Le diplomate birman a notamment évoqué une attaque militaire contre une école dans le village de Let Yet Kone, dans la région de Sagaing dans le nord-ouest de la Birmanie, survenue le 16 septembre dernier. L’attaque a tué au moins 11 enfants, suscitant l’indignation alors que la junte a ignoré le droit international humanitaire protégeant les enfants en période de conflit. Il a ajouté que la junte n’a pas rendu les corps des victimes à leurs parents. « Puis-je demander ce qu’ont fait ces élèves pour mériter cette tragédie et cette mort absurde ? » a-t-il insisté. Selon les enquêteurs de l’ONU, le bombardement du village de Let Ke Kone « peut être considéré comme un crime de guerre ».

Appel des évêques birmans au respect de la vie humaine

Les évêques birmans ont appelé maintes fois au respect de la vie humaine et rappelé le caractère sacré des lieux de culte, des hôpitaux et des écoles. En juin, un rapport des Nations unies a affirmé que la junte militaire a attaqué brutalement et tué de nombreux enfants pris entre deux feux dans les zones de conflits, et que certains ont même été pris pour cible.

Tom Andrews, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, explique qu’au cours des seize derniers mois, l’armée birmane a causé la mort d’au moins 142 enfants, et le déplacement forcé de plus de 250 000 enfants en raison des attaques militaires, sans compter plus de 1 400 autres qui ont été détenus arbitrairement. Au moins 61 enfants, dont plusieurs âgés de moins de trois ans, seraient actuellement retenus en otage.

Plus d’1,3 million d’habitants sont toujours déplacés à travers le pays, dont plus d’1 million depuis le 1er février 2021 selon un rapport publié le 1er octobre par Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU. Par ailleurs, selon l’organisation Save the Children dans un rapport publié en janvier, sur le nombre total de déplacés en Birmanie, on compte environ 37 % d’enfants, dont beaucoup vivent dans la jungle dans des abris improvisés, et donc particulièrement exposés à la faim et à la maladie. On compte plus de 2 300 personnes tuées et 15 700 personnes détenues par la junte depuis le coup d’État selon les ONG.

(Avec Ucanews)