Eglises d'Asie

Un dramaturge afghan donne une voix aux réfugiés à Kuala Lumpur avec une troupe de théâtre

Publié le 17/02/2023




En 2017, après avoir fui l’Afghanistan à cause de la menace des Talibans, l’auteur de théâtre Saleh Sepas a fondé le théâtre « Parastoo » dans la capitale malaisienne en s’inspirant d’une méthodologie dite du « Théâtre des Opprimés » – destinée à sensibiliser le public tout en donnant une voix aux comédiens. Le dramaturge explique ainsi que sa prochaine production, « La terre rouge de Kaboul », a pour but de raconter « la véritable histoire des événements qui ont suivi la chute du gouvernement afghan le 15 août 2021 ».

Après avoir fui son pays en 2016 à cause de la menace des Talibans, Saleh Sepas a lancé une troupe de théâtre à Kuala Lumpur afin de donner une voix aux réfugiés.

Saleh Sepas, auteur de théâtre, a quitté son pays natal, l’Afghanistan, après avoir reçu des menaces des Talibans. Il a trouvé refuge à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne, où il a fondé le théâtre Parastoo en 2017. En utilisant la méthodologie du « Théâtre des Opprimés » (TO), il cherche à éduquer le public sur le sort des réfugiés, en donnant une voix à ces derniers pour que les autres puissent l’entendre, ainsi qu’un moyen thérapeutique pour alléger leurs souffrances.

Avant la fermeture des théâtres en Malaisie durant la pandémie, le Parastoo organisait des pièces sur différents sujets liés aux réfugiés afghans comme les violences domestiques et le chômage. Des œuvres qui ont attiré des milliers de spectateurs avec un fort impact sur les médias locaux.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Kuala Lumpur a reconnu le théâtre Parastoo, dans un pays qui n’est pas signataire de la Convention de Genève de 1951 (relative au statut des réfugiés).

Diplômé de Faculté des Beaux-Arts de l’université de Kaboul en 2004, Saleh Sepas a commencé à travailler dans un média afghan, pour un programme radio soutenu par l’Union européenne et destiné à lutter contre les violences domestiques et à émanciper les Afghans ordinaires. Après un bref passage à la télévision, il a rejoint la BBC en 2008 afin de travailler pour un feuilleton radiophonique intitulé « Nouvelle maison, nouvelle vie » (New Home, New Life), qui compte toujours près d’un demi-million d’auditeurs réguliers.

Pour Saleh Sepas, cette expérience était « authentique ». Non seulement il connaissait personnellement les acteurs, mais il a écrit pour le programme et l’a régulièrement mis en scène. Pour lui, c’était une façon de lutter contre la « culture de la violence » dans son pays natal, tout en apprenant aux Afghans à travailler pour la paix.

« Notre but est d’être la voix des sans-voix, de raconter les histoires non dites »

À cause du succès de ce programme, les Talibans ont cherché à le tuer, lui et sa famille ; en 2016, il a donc fui en Malaisie avec sa femme et leurs trois enfants, laissant tout ce qu’il avait construit en Afghanistan. À Kuala Lumpur, il n’avait pas d’argent, ni amis, ni travail, et il a commencé à désespérer avant de contacter la dramaturge Kayhan Irani, irano-américaine et lauréate d’un Emmy Award, qui lui avait enseigné la méthodologie « TO » en 2010. Quand Saleh Sepas lui a parlé de son idée du théâtre Parastoo, Kayhan Irani a apporté son soutien et lancé une collecte de fonds.

Conçue par l’auteur brésilien Augusto Boal, cette méthodologie a pour objectif d’éduquer l’auditoire et d’aider les comédiens à s’exprimer avec leurs propres voix. Selon Saleh Sepas, alors que les réfugiés sont généralement silencieux et passifs, ses acteurs ont pu trouver un moyen d’expression à travers ce théâtre.

« Parastoo » est un mot farsi (perse) signifiant « hirondelle », un oiseau migrateur symbole de l’arrivée du printemps ; c’est aussi un nom féminin, puisque le théâtre Parastoo aborde de nombreuses questions liées à la condition des femmes réfugiées, comme les violences domestiques et les mariages précoces.

La prochaine production de Saleh Sepas, intitulée « La terre rouge de Kaboul » (The red soil of Kabul), est destinée à « sensibiliser le public sur les violations des droits de l’homme et sur la protection de l’enfance en circonstance de guerre ». L’auteur afghan précise qu’il s’agit de « la véritable histoire des événements qui ont eu lieu quand le gouvernement afghan est tombé le 15 août 2021 ».

Ainsi, sa troupe s’efforce tous les jours de travailler pour « l’émancipation et l’éducation de la communauté des réfugiés », ainsi que pour « leur soutien moral et pour la protection de l’enfance et des droits de l’homme ». Il précise que c’est aussi une belle occasion de « créer des liens » entre les réfugiés et les communautés malaisiennes. En d’autres termes, il ajoute que « notre but est d’être la voix des sans-voix, de raconter les histoires non dites, de divertir et éduquer les spectateurs ».

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Asianews