Eglises d'Asie – Birmanie
Un évêque birman se montre optimiste pour la paix en Birmanie en 2020
Publié le 10/01/2020
« Je pense que l’accélération du processus dépendra principalement de notre voisin, la superpuissance chinoise », estime Mgr Raymond Sumlut Gam, évêque du diocèse de Banmaw, dans l’État Kachin, où la région montagneuse du nord birman continue d’être frappée par les conflits armés entre les militaires et l’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA). Selon l’évêque, la Birmanie ne peut nier le rôle de Pékin dans le processus de paix, alors que la Chine continue d’exercer son influence sur les groupes ethniques armés basés sur les territoires frontaliers. Cependant, pour lui, la motivation de la Chine est surtout de pouvoir faire des affaires et lancer des projets. « Ils ne s’intéressent qu’à la stabilité de la région, mais ce que tous les nôtres désirent, c’est une paix permanente basée sur la justice », ajoute l’évêque. C’est pourquoi Mgr Gam a appelé tous les acteurs du conflit à poursuivre le processus de paix en vue d’un cessez-le-feu national.
Stabilité et investissements
L’État Kachin est une zone de conflit, et la guerre civile menace les montagnes du nord du pays depuis que la Birmanie a acquis son indépendance de la Grande Bretagne en 1948. Les conflits armés ont repris en 2011 entre la KIA et l’armée birmane, forçant plus de cent mille personnes à s’installer dans les camps pour les personnes déplacées internes, situés dans les États Kachin et Shan. Face à cette situation, Pékin presse le gouvernement birman, l’armée et les groupes ethniques armés situés le long de la frontière à mettre fin aux combats. Pour la Chine, la stabilité doit permettre de poursuivre ses investissements dans la région, notamment ses vastes projets d’infrastructures dans le cadre des Nouvelles routes de la soie et du Corridor économique Chine-Birmanie. L’Institut des États-Unis pour la Paix, basé à Washington, a publié un rapport en septembre 2018, affirmant que « la Chine prétend mériter une présence et une influence prédominantes dans ces régions, si ce n’est dans le reste du pays, quels que soient les désirs et les intérêts de la Birmanie ou des autres pays ». La Chine a pourtant protégé la Birmanie de la pression internationale et des actions punitives du Conseil de sécurité de l’ONU, suite aux accusations d’atrocités commises par l’armée birmane contre les Rohingyas.
Le 8 janvier, le gouvernement, l’armée et les groupes ethniques armés qui ont signé un Accord national de cessez-le-feu (NCA) ont organisé des pourparlers afin de relancer le processus de paix, et accepté d’organiser cette année la conférence de paix de Panglong, qui avait été reportée. Le processus de paix s’est retrouvé dans l’impasse l’an dernier après le retrait de deux groupes ethniques armés – l’Union nationale Karen et le Conseil de la restauration de l’État Shan – du NCA (Nationwide ceasefire agreement). Face aux perspectives que la relance du processus de paix permet d’envisager pour 2020, Mgr Gam se montre optimiste : « Le silence des armes dans le nord de la Birmanie peut ouvrir la voie à la poursuite des négociations en vue de la fin du conflit. » La conseillère d’État Aung San Suu Kyi, de son côté, a lancé une nouvelle version de la conférence historique pour la paix de Panglong, en rassemblant tous les groupes ethniques armés autour de la table des négociations. À ce jour, la paix reste pourtant hors d’attente alors que les combats continuent dans les États d’Arakan (Rakhine) et Shan, en entravant les tentatives de réconciliation.
(Avec Ucanews, Mandalay)
Crédit : juls78 (CC BY-SA 2.0)