Eglises d'Asie – Thaïlande
Un groupe de 63 réfugiés chrétiens chinois arrêté par l’immigration thaïlandaise
Publié le 04/04/2023
Un groupe de chrétiens chinois ayant fui les persécutions demande actuellement la protection de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), alors que la justice thaïlandaise les accuse d’avoir dépassé la durée de leur visa. Le procès de ces membres de la Shenzhen Holy Reformed Church (SHRC, également appelée Église « Mayflower »), a eu lieu le 31 mars, deux jours après leur arrestation par l’immigration thaïlandaise, selon Benar News.
Plusieurs organisations ont signalé que si le procès se poursuit et que les accusés sont renvoyés dans leur pays, ils y seront exposés à des arrestations, tortures et autres formes de persécutions.
Le colonel Tawee Kutthalaeng, chef du commissariat de Nong Prue dans la province de Chon Buri, dans l’est de la Thaïlandaise, a déclaré qu’un total de 63 chrétiens chinois, dont 35 enfants, ont été détenus mardi dernier, mais qu’ils ne devraient probablement pas être reconduits en Chine. « Non, cela n’arrivera pas », a-t-il assuré.
La Thaïlande n’est pas signataire de la Convention de Genève (Convention de 1951 relative au statut des réfugiés), mais selon le principe de non-refoulement prévu par le droit international, des réfugiés ne peuvent être renvoyés dans un pays où ils seront vraisemblablement persécutés, torturés, maltraités ou privés de leurs droits.
Les chrétiens accusés auraient fui la Chine en 2019 pour rejoindre l’île de Jeju, en Corée du Sud. Après le rejet de leur demande d’asile en Corée, ils sont arrivés en Thaïlande l’an dernier dans le but de s’enregistrer officiellement comme réfugiés auprès de l’UNHCR. Le 30 mars, sur Tweeter, Nury Turkel, président de la Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde (USCIRF), a également fait part de ses inquiétudes à propos des 63 chrétiens chinois arrêtés.
« Nous savions que personne ne pourrait obtenir de visa »
L’Église « Mayflower » a été fondée en 2012 à Shenzhen, dans le sud-est de la Chine. La communauté est particulièrement sous la pression des autorités depuis le renforcement des règles sur les affaires religieuses en Chine en 2018. Une des nouvelles mesures a été d’imposer à tous les groupes religieux de s’enregistrer auprès des institutions désignées par l’État et de respecter les nouvelles règles dans l’esprit des idéologies socialistes du Parti communiste chinois (PCC).
La répression contre la communauté s’est intensifiée quand le pasteur Pan Yongguang a cosigné une lettre protestant contre les nouvelles règles sur les religions, en dénonçant notamment une politique éducative répressive et une propagande antireligieuse. Il risquerait de multiples accusations s’il était renvoyé en Chine.
Deana Brown, une militante américaine du groupe Freedom Seekers International, arrêtée brièvement en même temps que les réfugiés chinois, explique que le renouvellement des visas n’est pas aisé pour les réfugiés chinois. Son organisation affirme que les exilés ont tenté de renouveler leur visa en Thaïlande, mais qu’on leur a demandé de se rendre à leur ambassade en premier lieu. « Nous savions alors que personne ne pourrait obtenir de visa », affirme Deana Brown. « S’ils s’étaient rendus à l’ambassade chinoise, on ne les aurait plus revus. Ils se sont cachés après cela. »
Bob Fu, un chrétien chinois exilé aux États-Unis et responsable du groupe China Aid, estime qu’il faut intervenir avant que le gouvernement chinois demande le rapatriement des réfugiés. « La communauté internationale peut contribuer à empêcher cela », a-t-il insisté, interrogé le 30 mars.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Radio Free Asia / Ucanews